Haro sur Duflot ! Le message, soufflé au coin de l'oreille par Manuel Valls à ses ministres et à la majorité socialiste, n'a eu aucun mal à passer. Et c'est un torrent d'invectives qui s'abat aujourd'hui sur la tête de l'ancienne ministre écologiste. Son mal ? Dire tout haut ce que l'ensemble de la gauche pense tout bas : à coup de compromis François Hollande va dans le mur et son premier ministre Manuel Valls mène la même politique que son faux-jumeau Nicolas Sarkozy.
On peut se poser beaucoup de questions sur Cécile Duflot, loin d'être l'idéaliste immergée en politique pour laquelle elle voudrait se faire passer. Elle a accepté en connaissance de cause son maroquin ministériel (tout comme l'investiture aux législatives dans une circonscription promise aux socialistes). Elle a peu ou prou joué le jeu de la social-démocratie tant qu'elle était en poste... Mais si l'ancienne patronne des Verts n'est pas un ange, la chasse à la femme politique dont elle est aujourd'hui victime est assez lamentable.
Certes la politique n'est pas une mare aux canards, mais bien plutôt un marigot bourré d'alligators aux dents acérées. Certes, elle a brisé la loi du silence en s'exprimant publiquement sur sa désillusion après deux années de présidence Hollande. Mais là où ses camarades roses et verts voient un crime, ils devraient plutôt se demander si le livre de Cécile Duflot n'est pas plutôt un message salutaire à l'approche d'échéances électorale qu'on annonce très difficiles pour la gauche.
Qu'on s'explique. La désillusion de l'ancienne ministre fait écho à la désillusion que ressent dans son ensemble le peuple de gauche, déboussolé par les errements de François Hollande et le cynisme de Manuel Valls. Et c'est bien parce que le livre de Cécile Duflot tape là où ça fait mal pour la majorité, que la riposte est si violente... et si généralisée.