Pour une surprise, c'est une surprise ! Bernard Arnault serait le premier actionnaire de L'Opinion, feuille de chou numérico-libérale fondée et dirigée par le non moins libéral Nicolas Beytout... Une révélation Mediapart qui montre une fois de plus les liens malsains entre médias et pouvoirs d'argent.
Bernard Arnault aurait investi, via une filiale de son groupe de luxe LVMH, pas moins de 6 millions d'euros dans le journal payant en ligne qui se veut un croisement hybride entre Les Echos (déjà détenus par le Sieur Arnault) et Le Figaro... Ou l'union de la carpe et du lapin entre la droite libérale et la droite nationale.
Une union qui rappelle quelques souvenirs. Souvenez-vous de la stratégie de communication de Nicolas Sarkozy, dès 2007 et surtout en 2012. Faire venir à lui l'électorat du Front national et la bourgeoisie d'argent, chasse gardée traditionnelle de la droite parlementaire.
Une coïncidence ? Peut-être, mais il se trouve justement que Bernard Arnault est un très cher (sic) ami de Nicolas Sarkozy et qu'il ne semble pas déraisonable d'imaginer que les deux hommes puissent affiner ensemble leurs stratégies médiatico-politiques.
Dans ce contexte, L'Opinion ne serait qu'un rouage d'une stratégie plus globale qui consisterait, comme certains à l'UMP l'ont déjà réclamé, de "droitiser" les médias et de se débarrasser une fois pour toute de ces journalistes gauchistes qui fourrent leur nez là où ça ne les regarde pas.
Mais force est de constater également que le rachat par l'oligarchie d'argent des principaux titres de presse, n'est pas qu'affaire de droite. Les trois principaux quotidiens de France appartiennent tous les trois à des milliardaires : Serge Dassault pour Le Figaro, Rotschild pour Libération (même si l'actionnariat est plus éclaté et plus mouvant), et le trio Xavier Niels, Mathieu Pigasse et Pierre Bergé pour Le Monde.
Faut-il leur accorder le bénéfice du doute et croire qu'ils ont tous décidé de racheter des entreprises bénéficiaires pour défendre la liberté de la presse ? Ou peut-on se demander ce qu'ils ont à gagner à posséder des journaux prestigieux ?