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Billet de blog 2 juin 2014

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REPONSE A PIERRE KHALFA

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Réponse à Pierre Khalfa

Dans son blog , Pierre Khalfa écrit :

« Il aurait donc été logique et politiquement nécessaire que le FdG se mette en situation d’accueillir toutes celles et tous ceux qui s’étaient engagés dans la campagne présidentielle. En permettant aux non encartés d’adhérer directement au FdG, sans passer par l’une de ses composantes politiques, le FdG aurait changé de nature. De cartel électoral, il serait devenu un mouvement politique nouveau qui aurait transcendé ses composantes d’origine. »

Tout ce qu’il écrit dans son Blog n’est pas de la même aune, j’y reviendrais, mais ce paragraphe à lui seul a une signification qu’il voudra bien m’excuser de ne pas partager.

Logique et politiquement nécessaire ? Que Pierre Khalfa  veuille bien expliquer comment il trouve logique que ceux et celles qui sont comme il dit « non encartés » adhérent directement au  FDG. Mais Pierre Khalfa est trop fin connaisseur pour ignorer la conséquence de cette hypothèse qui est une contradiction dans les termes et de plus, c’est là l’important, tord à sa façon une vraie question et un problème intéressant

Pierre Khalfa croit  s’en tirer en disant : «De cartel électoral, il serait devenu un mouvement politique nouveau qui aurait transcendé ses composantes d’origine ».

Transcendé ………. Tout est là justement. Comme on le verra, on ne transcende rien du tout de cette façon ; mais avant de le voir, commençons par rappeler  que ce que dit Pierre Khalfa s’est trouvé posé dès le départ, dès l’origine du Front de Gauche qui fut, je le souligne,  une offre politique du PCF laquelle fut saisie par d’autres. Rassemblement  ample et souple, rassemblement  politiquement pluraliste, décidé à impulser des batailles fondamentales relatives à la reconstruction d’une politique de gauche oui, c’était là l’une des premières missions affectées au Front de Gauche mais pas la seule on y reviendra. Dès sa création, l’idée avancée par Pierre Khalfa se trouva posée ; le PCF n’était pas favorable à l’idée de la transformation du Front de Gauche  en "  mouvement politique" « transcendant ses composantes d’origines » .Les raisons d’un tel choix peuvent déplaire notamment à Pierre Khalfa, l’expérience accumulée ne fait qu’en renforcer la validité au moins pour ce qui concerne la composante PCF appelée à être « transcendée ».Le PCF ne veut pas « être transcendé ».  Il s’élève aujourd’hui des voix en son sein qui sont respectables, non des moindres,  et qui disent l’inverse, c’est leur droit absolu. Un tel choix ne peut procéder que d’un Congrès. Pour le moment, il n’en est pas question. Je ne vais pas passer du temps à tenter de montrer à Pierre Khalfa que le choix de poursuivre le PCF ne doit rien à l’esprit de boutique. Mais parler comme il le fait, de choix « politiquement nécessaire » est rien moins qu’évident. Je ne fais pas Pierre Khalfa juge de la « nécessité politique », qu’il veuille bien m’en excuser.

En revanche, on peut et en effet on DOIT prêter attention à celles et ceux qui ne sont aujourd’hui pas « encartés » et qui selon Pierre Khalfa trépigneraient d’impatience à l’idée de s’encarter au Front de Gauche.

Depuis longtemps, l’adhésion à un parti politique à gauche en tout cas ne fait plus recette même s’il y a du côté du PCF justement de timides frémissements. Il y a là de quoi songer sérieusement  Mais le problème n’est pas là. Celles et ceux qui aujourd’hui ne sont membres d’aucun parti et n’aspirent pas à le devenir veulent en même temps pouvoir participer, contribuer, et éventuellement décider. Et pour nombre d’entre elles et eux c’est a priori vers le Front de gauche qu’elles et ils  se tournent ; on peut répondre positivement à cette attente sans violer précisément la contradiction dans laquelle ces concitoyennes et concitoyens se mettent eux –mêmes ; cette contradiction est chez eux. Ils ne veulent pas adhérer à un parti. C’est leur droit absolu ; quelle étrange réponse que d’en créer un nouveau auquel ils adhéreraient cette fois en masse ‼ ‼ ‼ ‼ ‼

Mais si le Front de Gauche  veut bien entendre ce qu’il y a derrière cette contradiction, il y a, je l’ai dit, en approfondissant sérieusement la démarche du Front de Gauche beaucoup de formes possibles pour répondre  à des aspirations légitimes de millions de nos concitoyennes et concitoyens  qui CEPENDANT  n’entendent pas être membre d’un parti quel qu’il soit. Leur présenter l’adhésion directe comme « solution », est l’antipode absolu de ce qui est indispensable.    

Pour cela il faut revenir aux missions fondamentales assignées au Front de Gauche ; l’une d’elles a été rappelée plus haut ; mais il en est une autre, qui est d’être le CREUSET DE DEBAT ET D’INITIATIVES  sur toutes les questions qui taraudent nos concitoyennes concitoyens ; le Front de Gauche a fait – à mon  sens à juste titre – de la « révolution citoyenne » une question centrale et il se trouve que c’est aussi la préoccupation déterminante du PCF.

Faisons- nous de cette question un slogan creux ? Croyons- nous qu’il suffit, comme il arrive à Jean-Luc Mélenchon de le dire, de convoquer une Constituante ?   

Sans aucun doute le cadre institutionnel de notre république craque de toutes parts ; sans aucun doute il faudra lui en substituer un autre. Mais partir de là c’est étouffer dans l’œuf la révolution citoyenne en question, c’est lui tourner en fait le dos .La révolution française commença par des États généraux et une Constituante mais  jamais elle n’aurait suivi le cours que l’on sait en s’y bornant. L’initiative populaire des clubs, tout ce qui conduisit à une fermentation sans cesse plus aiguisée dans les plus larges couches du peuple quant aux transformations nécessaires et aux décisions pratiques correspondantes décida du cours des quelques années qui mirent sans retour possible à bas l’Ancien Régime  fut  des milliers de fois plus centrale et plus décisive que la Constituante ……..

Dans des termes renouvelés de fond en comble, c’est pourtant la même question qui se pose ici ; ou le Front de Gauche sera  capable d’être le catalyseur permanent des exigences populaires et celles- ci, à leur rythme, dont personne ne décide, seront invincibles, ou bien le Front de gauche rejoindra les tentatives avortées parce que portées par des idées pusillanimes.

Par suite, et on verra là que je rejoins Pierre Khalfa , non sur les formules qu’il retient mais sur l’essence de certaines de ses propositions .Pour associer des citoyennes et des citoyens tant au plan national que local à la démarche du Front de Gauche, il peut être décidé d’en solliciter au nom du Collectif national ou ses déclinaisons locales ; il n’y pas de génération spontanée on le sait ; ne voulant pas être « organisés », il faut respecter ce choix, mais ce choix a des conséquences pour elles et eux  que la transparence exige de faire connaître.  L’aide du FDG (cela signifie dans mon esprit le collectif national et ses déclinaisons locales et je ne  répèterais pas cela ad infinitum dans la suite) leur est acquise pour :

  • Produire des appels à intervention et réunions publiques

  • Tirage de matériel sans que les frais en reposent exclusivement sur les composantes du FDG,

  • Aider à disséminer la démarche du FDG  par toute initiative adéquate, ce qui peut passer par une rencontre avec DES membres des collectifs FDG mandatés à cet effet,  mais n’est pas une obligation.

    En sens inverse , ces citoyennes et citoyens explicitement inorganisés , peuvent, s’ils le souhaitent ,  créer des collectifs s’inscrivant dans la démarche du Front de Gauche   qu’ils ont pour devoir de propager explicitement ; leur activité doit comporter des rencontres publiques grandes et petites et des compte rendus qui mettent l’accent sur les QUESTIONNEMENTS de l’assistance, leurs propositions éventuelles ; ces compte-rendus ne sont pas de simples notes rédigées au fil de l’eau ; elles doivent contribuer à éclairer le FDG sur les signes de difficulté , difficultés liées à la formulation de propositions cohérentes , voire à expliciter ce qui dans les formulations retenues ne crée pas adhésion , et possiblement expression de points de vue différents peut-être contradictoires .Le FDG rassemble  ces « compte –rendus » et y répond en donnant à l’échange la plus grande publicité . 

    C’est évidemment le cas  pour des  collectifs intellectuels déjà  constitués ou à créer. Mais cela évite la confusion des genres et ne donne à quiconque, collectifs ou individus un pouvoir de peser sur l’orientation du FDG. Celle – ci n’est PAS du ressort du collectif national d’animation ; l’orientation du FDG résulte de travaux directs entre ses composantes ; ce ne peut en aucun cas être la prérogative de collectifs désignés.

     Diverses associations qui plus ou moins ont déjà une orientation politique de cette nature mais ne sont pas partie prenante du Front de Gauche  et ne le seront pas demain, pourraient décider sous la forme qui leur convient d’être associées à la démarche, notamment par le biais de certains de leurs membres actifs qui seraient disponibles pour cela.

    Ceci ne prétend pas épuiser le sujet mais donne des idées sur ce qui est possible ……..

    Les collectifs envisagés – hors de la petite structure opérationnelle du FDG proprement dite – peuvent  être « associés » au FDG , « partenaires » du FDG ou toute appellation qui , en mentionnant le FDG , n’en fait pas pour autant des « membres » ou des « satellites » ; leur INDEPENDANCE EST RESPECTEE non pas formellement mais sur le fond en même temps que cela répond à leur souci premier : participer mais sans s’engager . Cette « association » ne préjuge pas de l’opinion politique des citoyennes et citoyens ainsi rassemblés, ne demande aucun abandon préalable de leurs préférences idéologiques ou politiques. 

    Il faut ajouter à ce qui précède d’autres considérants :

    Les assemblées citoyennes virent le jour ici et là mais furent abandonnées sans suite ; or il ne s’agissait pas de CONVOQUER la population pour entendre les « représentantes et représentants qualifiés du FDG » ,ce n’est pas là , aller à la RENCONTRE des populations .

    Si celles et ceux qui nous intéressent sont sollicités, sur leur lieu de travail, dans leurs cités , et en d’autres lieux dont il faut creuser les possibles , elles et ils  prendront une autre habitude mentale et petit à petit viendront aux réunions que nous convoquons pour faire le point ; encore faut-il savoir comment les interpeler , comment et à partir de quel questionnement les solliciter ; en établir une sorte de grille possible est  une mission du FDG ;et il ne s’agit pas ici de faire des relevés notariaux, on a précisé plus haut comment il était possible de penser le processus interactif  entre le Front de Gauche et les populations.

    Cette dimension élaborative  est, de mon point de vue, essentielle ; elle seule peut donner l’idée que le Front de Gauche est un RASSEMBLEMENT UTILE à toute la gauche pour transformer.  Elle seule peut conduire des centaines voire des milliers de nos concitoyennes et concitoyens à s’impliquer de plus en plus, et à ne pas considérer que la politique se fait en dehors d’eux.

    Toutefois, il faut s’entendre :

  1. Le Front de Gauche n’est pas un parti, pas un mouvement organisé, ; ses missions notamment celle de concourir à un rassemblement d’idées, d’individus et de formations concourant à la définition d’une  politique de gauche constituent la base de ce rassemblement ; le corpus d’idées cristallisé dans l’Humain d’Abord «  est à ce jour une base à partir de laquelle les initiatives peuvent et doivent se déployer ;il engage toutes les parties prenantes qui la développent , chacune à sa manière sans que quelque composante puisse le lui reprocher, dès lors que l’activité qu’elles déploient dans CE cadre  s’inscrivent dans la mise en débat et l’appropriation collective au sein du FDG est leur règle de conduite ; les composantes notamment politiques s’interdisent toute ingérence réciproque dans les questions débattues au sein d’une autre

    b) Par ailleurs toute composante est libre de décliner toute forme d’analyse et de proposition de son choix indépendamment. On n’adhère pas au Front de Gauche ; la participation de chacune et chacun à telle ou telle  de ses initiatives est libre, elle n’est pas contraignante. Mais elle ne confère  aucun droit particulier, si ce n’est celui de contribuer par ses écrits ou ses prises de position.

    c)  Le Front de Gauche n’est pas un enjeu de pouvoir ; dès lors, si un collectif national peut être chargé de son animation – et il faut s’entendre sur ce qu’on entend par là – et que celui-ci peut et en fait devrait être constitué à tout niveau jugé nécessaire, en premier lieu les Régions, il est constitué à égalité de droits et devoirs  par celles et ceux qui se reconnaissent dans la démarche ; c’est la démarche qui fonde la légitimité beaucoup plus que le programme.

    On peut évidemment reconduire l’idée que pour ce qui concerne les composantes politiques, celles-ci délèguent les représentants de leur choix ; mais si cela répond aussi à l’éventualité de représentation des organisations autres que politiques, cela ne répond pas à la question de celles et de ceux qui, étant inorganisés , ne représentent qu’eux-mêmes ; mais s’il doit y avoir comme je le pense égalité de droits et devoirs, cela signifie que le Collectif national et ses déclinaisons possibles ne peuvent avoir qu’un rôle d’aide à la dissémination de la démarche. Au demeurant, la procédure qui confie aux formations politiques le soin de déterminer ses représentantes et représentants  exclue qu’ils aient un quelconque pouvoir hors celui d’être en conformité avec l’organisation  qui les choisit. Et en toute logique les dits représentant(es) devraient changer fréquemment ( 6 mois , un an…… )

     

    Les solutions envisagées par Pierre Khalfa trouvent ici un écho direct sans qu’il soit besoin de créer une nouvelle formation politique identifiable et sans transcender quoi que ce soit.

    La constitution du FDG en formation politique identifiable fait de lui ipso facto un enjeu de pouvoir et c’est l’antipode de la démarche d’éveil à l’initiative politique qui est au cœur de la révolution citoyenne laquelle doit être expérimentée et mise en œuvre AVANT sa sanction par le suffrage universel.

    Pierre Khalfa écrit en conclusion : » Le FdG doit d’autre part renouveler sa façon de faire de la politique, tant dans ses rapports aux citoyen-nes qu’aux mouvements sociaux, et doit être capable de porter clairement des propositions alternatives. »

    Comment le FDG peut-il être capable de « porter clairement des propositions alternatives » sans le processus décrit antérieurement ? On ne voit pas, sauf à croire que par la « transcendance » on parviendrait  à des formulations satisfaisantes pour toutes celles et ceux qui participent du Front de Gauche et qui miraculeusement seraient en phase avec les exigences populaires les plus diverses.  

    Il est à noter que Pierre Khalfa a semble- t-il oublié le processus qui conduisit à l’adoption du programme « l’Humain d’Abord » .Sans doute peut-il être revisité et actualisé mais d’une part il contient nombre de propositions concrètes essentielles à LA REUSSITE D’UNE POLITIQUE DE GAUCHE,  d’autre part il est notoire que dans les détails, il y a de quoi discuter. Or cette « discussion »  n’a aucun sens si elle se déroule en circuit clos, c’est une raison supplémentaire pour ne pas faire du FDG une formation politique identifiable.

     Pierre Khalfa considère plus haut le programme « L’Humain d’Abord » comme d’actualité  Il fait la critique que le FDG n’a pas su décliner des mesures « d’urgence à visibilité politique forte » ; admettons et supposons que nous comprenions la même chose sous cette expression. A quelle occasion Pierre Khalfa voit-il que le FDG pouvait en présenter ? Aux élections Municipales ? A ma connaissance, et DANS CE CADRE, ce fut fait PARTOUT où des listes FDG se présentèrent et sans vouloir appuyer là où ça fait mal, CE FUT FAIT A PARIS avec semble- t-il un certain succès mais avec un FDG peu uni ….

    En revanche, aux élections européennes, je ne vois pas qu’il y ait eu moyen de faire ce que demande Pierre Khalfa et le résultat de ces élections a mis le doigt sur les faiblesses de la construction actuelle du FDG, faiblesses identifiées pour une part par Pierre Khalfa, où je le rejoins, et d’autres que je développe ici dont Pierre Khalfa ne dit mot, la transcendance étant sa principale préoccupation. 

    Pierre Khalfa conclut ainsi « Au-delà, le FdG ne peut en rester à sa forme actuelle. Il doit impulser la formation d’une large alliance de tous ceux qui à gauche, et plus largement dans les mouvements sociaux, sont opposés à la politique gouvernementale, que ce soit au PS, à EE-LV, au NPA, à Nouvelle Donne. L’heure est plus que jamais à la construction de convergences qui dépassent les chapelles actuelles. »

    Je ne reprocherais pas ici sa sensibilité à Pierre Khalfa ; plutôt que de rassembler toutes celles et ceux qui « sont opposés à », je préfère de beaucoup viser à rassembler celles et ceux qui veulent une gauche de gauche, une politique de gauche qui réussisse, une politique qui renoue avec l’espérance après tant d’années d’échecs et de désillusions.

    Ce n’est pas qu’une question de vocabulaire : 

    Pierre Khalfa écrit « Tend alors à s’y substituer une orientation totalement incantatoire qui consiste à prôner le rassemblement de toute la gauche alors même que le PS soutient un gouvernement, issu de ses rangs, qui mène une politique de droite »

    On ne voit pas où ni chez qui il trouve cette orientation incantatoire en effet ; personne, aucune formation du FDG, y compris le PCF, ne préconise un « rassemblement de toute la gauche ». Mais que le FDG ait pour ambition de « révolutionner toute la gauche » comme le déclara Marie-Gorge Buffet à l’initiative du Front de gauche me semble moins que jamais « incantatoire » et plus que jamais nécessaire ; de plus possible, si nous faisons ce qu’il faut.

    Il ne doit cependant pas nous échapper que nous faisons face à un vrai problème politique ; un dirigeant de EE-LV vient de prévenir : «  il est hors de question d’envisager une alternative de gauche sans le PS » . Je considère qu’il pose une vraie question et que le FDG serait bien inspiré de l’affronter ; « révolutionner toute la gauche «  ne fait l’impasse sur personne et n’insulte personne ; le PS n’est pas pour moi la référence autour de laquelle tout devrait s’organiser ; au demeurant qui peut bien le penser aujourd’hui, sauf peut-être Jean Christophe Cambadélis   ? Par contre, spéculer sur ses dissensions internes , choisir les uns contre les autres , vomir Solférino et donner au FDG la vocation de dépasser le PS aux élections nous aliène non seulement des milliers de concitoyennes et concitoyens qui , tout en ne se reconnaissant pas dans la politique actuelle , n’entendent pas renoncer à leurs convictions politiques , à leurs préférences idéologiques mais est dans l’esprit même contraire à l’esprit du Front de Gauche qui n’est PAS une machine de guerre anti PS  ; celles –ci et ceux-là, qui le plus souvent votent pour le PS ou se mettent temporairement en réserve de la République se sentent de gauche ,peuvent y prétendre autant que quelque militant du FDG  . Le débat politique le plus aiguisé oui, le ring non. Et force est de dire que trop souvent le FDG présenta une figure dans laquelle le ring était central.  On trouve mieux comme image politique.

    Il est enfin à noter qu’aucune des tribunes publiées à ce jour n’interroge l’état de l’opinion et en particulier ne se demande comment la CFDT a pu dès le lendemain des Présidentielles prendre les positions qu’on lui connaît , personne non plus n’interroge ni la CGT ni la FSU dont les absences sont tonitruantes dans toute la période qui a suivi l’élection présidentielle ; en disant cela je ne confonds nullement syndicalisme et politique mais en revanche que certaines formes de liaison « organique » depuis très longtemps dépassées brûlent encore les doigts de nombreux responsables peut se comprendre, mais n’explique ni ne légitime les silences dans la période écoulée ce qui évidemment ne signifie pas absence des luttes revendicatives – c’est bien le moins- ; la frigidité du mouvement syndical par rapport au politique est un chantier en soi pour le Front de Gauche d’une nature bien plus féconde et nécessaire politiquement que l’adhésion directe et la constitution d’une « force politique identifiable » .

    Parlons maintenant « Chapelles » .

    Comme parti politique , le PCF est le seul , je dis bien le seul, parti de gauche dont le réseau militant soit dense et populaire , le seul qui au travers de tourments et de tourmentes politiques soit imprégné de part en part de la volonté de libérer la société française l’Europe et le monde de l’étreinte du capital et de le faire jusqu’au bout , le seul qui ait gardé intacte l’espérance communiste , le seul enfin dont les élu(e)s dans leur masse soient proches de ceux qui les élisent , et ne trahissent pas leurs mandats sitôt les élections passées ; que l’on m’entende , il ne s’agit pas de prétendre qu’il n’y a de militants irréprochables qu’au PCF , je parle du parti pas de tel ou tel ; je maintiens ce que j’ai dit du PCF en tant que tel ; nombre de militants de gauche ont pris l’habitude  détestable de regarder le PCF avec une sorte de compassion miséricordieuse pour une sorte de résidu dont la trajectoire historique aurait vécu et cela se conjugue parfois avec un anticommunisme violent et irréductible ; on trouve aussi cela au Front de Gauche ; mais on ne sache pas que hors de ses rangs et dans quelqu ’autre formation politique française on ait vu poindre le commencement du début de quelque chose qui corresponde à la visée que prétend poursuivre le PCF ; on n’a pas vu le moindre commencement de début d’élaboration d’une stratégie visant à sortir la France l’Europe et le monde du capitalisme ; on a entendu des sons de ce genre , on a vu des groupes plus ou moins radicaux dans l’expression mais de réflexion organisée et à visée cohérente et complète du point de vue des objectifs et du chemin à suivre , point .

    Cela ne fait pas du PCF un objet politique aux raisons duquel on devrait se ranger sans examen, ne fait pas du PCF l’alpha et l’oméga de la réflexion politique et sociale ; bien des choses prennent naissance en dehors de lui heureusement. Il ne s’agit donc pas  de penser que « hors du PCF point de salut » et que en quelque sorte, seul le compagnonnage politique ou l’esprit satellite serait concevable ; c’est pourquoi le Front de Gauche, oui, sans hésitation.  L’alchimie politique commence à gauche avec le Front de gauche, le salmigondis lui porterait un coup fatal. Je prie Pierre Khalfa de bien vouloir m’excuser : le PCF est un grand parti politique, pas une chapelle. Ses heures de gloire permettent de regarder tranquillement ses points aveugles et ses tragédies.

     

    J’observe qu’au moment où ces lignes sont écrites un appel signé de Pierre Khalfa répond de façon nouvelle aux objections que je viens de soulever et d’autre part prépare des évolutions qui à leur façon rejoignent ce que j’écris moi-même ; je m’en félicite ; le débat ne fait que commencer et clairement n’évolue pas dans le sens de la transcendance .OLIVIER GEBUHRER

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