TOUT VA BIEN !( PARTIE I )
On n’en a pas fini avec Juillet 2014, ce mois où il a plu ; Médiapart publie une Tribune de Dominique de Villepin ; on la lit. Qu’en dire ? On serait tenté de l’applaudir.
Toutefois………… cela vient bien tard. On dira que cette remarque est petite, après tout, mieux vaut tard que jamais ; il n’y qu’un minuscule problème avec cette prise de position.
Dominique de Villepin peut se croire à Londres en 1940 mais … je peux lui assurer qu’il fait erreur ; je n’ai rien à reprendre à ce qu’il dit, sauf que, dans son camp, la droite française, il est seul. Et il n’y a aucune chance que cela change rapidement. Que Dominique de Villepin veuille redorer le blason de son camp, on le conçoit ; il a devant lui une tâche herculéenne ; mais choisir le conflit du Proche Orient en ce moment pour faire ça et après un mois d’atrocités israéliennes ça sent le fagot, excusez- moi.
Parlons sérieusement ; par sa voix comme Ministre des Affaires Étrangères, la France fit entendre dans l’enceinte de l’ONU une voix courageuse contre la Guerre Nord - Américaine en Irak ; ce qu’il fit jurait déjà par rapport à son propre camp qui ne lui en fut pas reconnaissant ; aujourd’hui, cette situation est derrière nous ; Dominique de Villepin est SEUL dans son camp.
Tout va donc très bien.
Un palestinien déclare à un journaliste du Haaretz :
«“We became numbers,” said his granddaughter, Yafa. “Write that we are not numbers. We have dreams, too. »
« Nous sommes devenus des NOMBRES » dit sa petite fille Yafa : « Écrivez que nous ne sommes PAS DES NOMBRES ; NOUS AVONS AUSSI DES RÊVES. »
Tout va très bien.
Le sous –Lieutenant Hadar Goldin est kidnappé dans les opérations terrestres de Gaza : ceci permet à Israël de détruire une École de l’ONU, 50 victimes essentiellement des gosses, au total 150 morts palestiniens , la plupart civils ( j’en ai MARRE des NOMBRES).
Il ne faut pas 48 heures pour apprendre que le sous-lieutenant Hadar Goldin a été tué en opération ;
RENDEZ LA VIE A CES GOSSES !
Ah ! et il faut dire que le sous-lieutenant en question est de la famille de Moshe Ya’alon, actuel Ministre de la défense israélien : 1=150.
Tout va très bien.
La France était hier encore à l’écart de « ces lointaines disputes » (François Hollande)
Soudain, on apprend que Laurent Fabius déclare « le droit à la sécurité d’Israël ne justifie pas le fait de tuer des enfants et le massacre de civils « ; il ajoute qu’un cessez –le feu, suivi d’une solution à deux États est nécessaire, imposée par la communauté internationale car après de nombreuse tentatives, la preuve est faite que les deux parties sont incapables de conclure des négociations. »
La raison revient-elle du côté du gouvernement ou Laurent Fabius a-t-il lu Dominique de Villepin ?
Il s’en faut que ces propos après tant d’esquives et de paroles hypocrites ne règlent quoi que ce soit mais cela montre que l’indignation est trop forte pour être ignorée.
Pendant ce temps, David Cameron considère que la solution à deux États devient de moins en moins crédible ; et alors ? A quelle « solution » pense-t-il ? En attendant, il met l’embargo sur les ventes d’armes à Israël ; ça ne fera ni chaud ni froid à Netanyahou mais quand même, c’est le début de quelque chose qui se passe.
Décidément, ça ne tourne plus très rond ; l’un émet des signaux qu’on attend depuis des semaines mais pas d’embargo sur les ventes d’armes à Israël, l’autre met l’embargo mais envoie par le travers la solution à deux états.
Mais je n’avais pas été patient ; à Liège, François Hollande déclara que l’ »on ne pouvait pas rester neutre » , et de longues secondes s’écoulèrent , de longues secondes où l’affaire- non élucidée – de l’avion civil abattu en Ukraine vint en premier de façon martiale, puis la voix devint plus faible et s’évanouit en parlant de Gaza, le jeu de rôle était au point .
Tout va donc très bien.
Et pendant ce temps, à Tel-Aviv, les comptes ont commencé.
Début de la débâcle politique, les observateurs froids se demandent ce qui a été « obtenu » ……..
Au chapitre d’ »en finir avec le Hamas », n’en parlons même pas.
Il fallait détruire la capacité offensive du Hamas à Gaza ; au bilan, même cet objectif n’est pas atteint.
Il fallait riposter aux enlèvements. Pour cela un déluge de feu, de bombes et de massacres sur Gaza ; c’était « disproportionné ».
On peut continuer : il y a des rats qui quittent le navire mais pas tous les rats … pas encore.
Et il y a le pire qui commence à se faire jour : la destruction morale de la société israélienne.
On y revient plus loin : mais pendant ce temps tout ce qui appartient à l’establishment israélien se frotte les mains et s’auto- félicite ; ça n’aura qu’un temps.
Un véritable tsunami d’opinions divergentes se lève en Israël ; évidemment le gouvernement veut savoir si la population le soutient ; cela donne 86% pour « arrêter ça » à la condition de l’arrêt total des tirs de roquettes ; 85% pour dire que « pas avant que toutes les structures du Hamas n’aient été démantelées et mises hors d’état «, 51% pour estimer « que le régime instauré par le Hamas à Gaza doit être renversé ».
Laissons les supputations relatives aux calculs éventuels de Netanyahou ; ces chiffres indiquent sans équivoque que le problème en Israël n’est pas « le Hamas » mais l’assurance de pouvoir vivre paisiblement, en sécurité ; pour une opinion chauffée à blanc, dans un contexte où les forces pacifistes se heurtent à une répression sans merci dans les médias, où la propagande belliciste a atteint un degré inégalé, c’est le sentiment que c’est la paix qui doit être l’objectif. Autrement dit, si l’apocalypse qu’a déclenchée Israël ne conduit pas à la paix, la politique des ultras de Tel-Aviv est un échec absolu. C’est sans appel.
Quelle paix, comment, avec qui, dans quelles conditions, toutes ces questions ne sont pas du ressort de ces chiffres mais, en tout cas, la paix.
Il y a plus : les questions relatives aux crimes de guerre affleurent maintenant publiquement ; certains discutent savamment sur les défaillances gravissimes de la stratégie mise en œuvre par les Forces Armée Israéliennes ; voilà un an que les rapports de sécurité s’accumulent sur les capacités offensives du Hamas , un an d’inaction ; on va jusqu’à écrire qu’il est nécessaire que la mauvaise graisse soit éliminée des hautes sphères stratégiques , pour ne rien dire de l’incurie du gouvernement . Sans même parler du fait qu’une armée suréquipée déversant des tonnes de bombes se montre incapable au bout d’un mois de mettre hors d’état une force artisanale de militants rompus à la guérilla ………
Ces commentaires restent évidement prisonniers de la logique de guerre mais ils indiquent que le temps des comptes arrive.
A cela s’ajoute encore des articles sur un mode dépassionné qui font la démonstration que la stratégie militaire israélienne fait voler en éclat toutes les lois internationales sur la guerre ; on peut évidemment être très sceptique et préoccupé de l’existence de »lois de la guerre » ; il demeure qu’ici la politique israélienne est d’ores et déjà sur le banc des accusés.
Comme on l’a dit plus haut, la destruction morale de la société israélienne est le produit de ces choix infernaux ; que faut-il entendre par là ?
D’abord que des barrières ont sauté ; qu’un palestinien puisse être brûlé vif en plein jour sans que personne ne lève un doigt pour l’empêcher est un symbole ; mais c’est loin d’être le seul ; tout indique comme le fait un éditorial de « Haaretz » que la société israélienne est devenue « insensible » ; la haine brûlante vis-à-vis des « Arabes » est maintenant monnaie courante ; tout cela porte en germe de très profondes remises en cause au sein de la « plus grande démocratie du Proche –Orient » ; se vérifie ainsi qu’une société travaillée par des courants fascistes dont des représentants sont au sommet de l’État ne peut pas se libérer par elle –même de ce cancer .
Un article posté par un Bloggeur dans le TIMES d’Israël et que la direction du Journal a fait retirer écrit ceci :
« . Nothing, then, can be considered disproportionate
when we are fighting for our very right to live.”
RIEN NE PEUT ETRE CONSIDERE DISPROPORTIONNE LORSQUE NOUS LUTTONS POUR LE DROIT DE VIVRE” et il poursuit :
« Hamas has stated forthrightly that it idealizes death as much as Israel celebrates life. What other way then is there to deal with an enemy of this nature other than obliterate them completely?”
Le Hamas a déclaré directement qu’il sanctifie la mort autant qu’Israël sanctifie la vie. Quel autre moyen existe-t-il alors pour faire face à un semblable ennemi que de l’annihiler complétement ?
LE TITRE DE L’ARTICLE DU BLOG EST :
« LORSQUE LE GENOCIDE EST PERMIS » et sa conclusion est la suivante :
« We have already established that it is the responsibility of every government to ensure the safety and security of its people. If political leaders and military experts determine that the only way to achieve its goal of sustaining quiet is through genocide is it then permissible to achieve those responsible goals?”
NOUS AVONS DEJA ETABLI QU’IL EST DE LA RESPONSABILITE DE TOUT GOUVERNEMENT D’ASSURER LA SECURITE ET LA SAUVEGARDE DE SON PEUPLE ( en Anglais , »safety » et » security » sont quasi synonymes ).SI LES DIRIGEANTS POLITIQUES ET LES EXPERTS MILITAIRES DETERMINENT QUE LE SEUL MOYEN DE PARVENIR A l’OBJECTIF D’UN CALME SOUTENU EST D’AVOIR RECOURS AU GENOCIDE , EST-IL PERMIS D’ACHEVER CES OBJECTIFS RESPONSABLES ?
C’est pourquoi, MAINTENANT, la question est posée des SANCTIONS INTERNATIONALES à infliger au gouvernement israélien.
Certaines d’entre elles, prises à temps auraient pu empêcher le désastre ; il s’agit par exemple de la suspension sine die de l’accord de coopération entre L’Union Européenne et Israël ; il s’agit par exemple de l’embargo TOTAL sur les livraisons d’armes à Israël et de la dénonciation de tout contrat de ventes d’armement à l’État hébreu jusqu’à temps qu’il s’engage formellement à respecter les résolutions de l’ONU et notamment celle qui fut à la base de la création de deux États sur le territoire de Palestine
Mais il est évident qu’on ne saurait s’arrêter là : Les crimes de guerre ont un Tribunal Pénal International et il est URGENT d’y traduire les principaux dirigeants israéliens et les Responsables de haut rang des Forces Armées Israéliennes.
Cette idée commence à se répandre ; elle véhicule aussi des scories qui affectent absurdement la justesse de cette exigence .Une pétition lancée en Italie réclame un tribunal de Nuremberg non seulement pour juger les responsables mais aussi pour juger l’État d’Israël comme tel ; on se demande si cette pétition n’a pas pour objectif l’exact inverse de ce qu’elle demande. Il ne s’agit pas ici de discuter la question de savoir si le texte contiendrait ou non une forme d’antisémitisme ; la question est tout autre : les sanctions n’ont pas pour objectif de détruire un État, de rétablir ou d'établir une forme de responsabilité collective mais de faire en sorte que soit mis un terme définitif à une politique qui est un scandale permanent à la face de l’Humanité. Le seul regard sur les forces qui ont soutenu même de façon implicite comme c’est le cas pendant un temps trop long du gouvernement français, les complicités manifestes dont la politique israélienne a disposé et dispose encore , montre que la mise en mouvement du Tribunal International sur des objectifs indiscutables sera une bataille sans précédent ; c’est aussi une immense différence avec le cas de la fin de la Seconde Guerre Mondiale où le poids de l’URSS, l’évidence de l’ampleur des crimes et de leur monstruosité absolue , jamais ni égalée ni dépassée , et l’accord des puissances alliées ont permis que se mette en place rapidement et efficacement le Tribunal juge des crimes nazis.
Au-delà, la question se pose du boycott et de son périmètre ; la question du boycott relatif aux produits israéliens provenant des colonies et des Territoires Occupés de Palestine va de soi.
La campagne BDS, en France au moins ne fait pas dans le détail ; elle envisage le boycott général de toute l’économie israélienne ; et elle étend le boycott envisagé à toutes les activités intellectuelles, culturelles et académiques.
Il serait très malséant de considérer que cette idée doit être rejetée d’un revers de main et si elle doit l’être comme je le pense, ce n’est surement pas pour des raisons de sympathie tacite ou cachée avec la politique israélienne envers et contre tout.
Ce rejet doit être argumenté autrement que au travers de sa faisabilité d’ailleurs douteuse.
Ce sera l’objet du prochain BILLET .