CREVONS L’ABCES !
(Tout ce qui suit est de la responsabilité exclusive du rédacteur) .
Bob Injey a raison : il est grand temps de ne pas rester dans l’équivoque.
Je commence par répéter un principe auquel toute personne sensée ne peut que souscrire : on ne peut pas critiquer une partie d’échecs à partir des règles du jeu de go ; il est absurde de critiquer ou ce qui revient au même de baptiser « erreur d’appréciation » une analyse qui suppose une stratégie qui n’est pas celle que le PCF s’est donné. Non que celle qui sous tend les propos de Bob soit sans rapport mais en effet, ne nous enlisons pas dans les non-dits. L’analyse présentée par Bob est sous tendue par une stratégie qui n’est pas celle du PCF, en tout cas pas au moment historique dont il s’empare en détail dans son blog.
Je condense une fois encore ce qui m’apparaît comme étant la stratégie du PCF ; elle tient en fait à mon sens en deux questions ; ces deux questions sont discriminantes. Elles peuvent admettre des réponses en demi-teinte, mais c’est alors une sérieuse indication ; ces deux questions sont à la base de toute décision politique pour le PCF à cette époque- le Congrès peut en changer – et la plupart du temps admettent, on le verra ,des réponses sans appel :
1) La décision est -elle de nature à favoriser ou permettre même de façon millimétrique un progrès pour l’immense majorité de nos compatriotes ?
2) Favorise t-elle ou complique t-elle le rassemblement populaire majoritaire qui seul permet de vaincre ?
La première question vise le contenu politique de la décision, le programme, les mesures à prendre etc….. dans lesquelles indépendamment de sa position sociale ( sauf à faire partie de la caste ) chacune et chacun de nos compatriotes peut identifier que pour elle ou lui , le choix impliquera un progrès .
La seconde question se passe d’être explicitée : c’est le périmètre du rassemblement populaire à réaliser, périmètre ET construction.
Répondre à la seconde question ne vaut rien sans la première et vice versa.
Dès les Municipales, et Bob Injey ne peut ni l’ignorer ni le nier , le PCF est devant un problème . Les observateurs les plus fins feront une autre datation, antérieure ; dès la seconde partie de la campagne de 2012, c’est-à-dire APRES le discours de Marseille, la ligne de pente de JLM prend une direction complétement nouvelle que le PCF n’approuve pas : la seconde question va avoir une réponse négative ; JLM fixe l’objectif politique de dépasser le PS . C’est évidemment une CONSEQUENCE possible d’une campagne dont la ligne politique va en s’approfondissant ;
Ce ne peut pas être un objectif politique en soi, encore moins à ce moment. La réponse à la seconde question s’y joue. Avec un programme politique auquel le PCF a largement contribué , soudain , les conditions qui doivent présider au rassemblement populaire le plus large s’évanouissent .
Clairement, déjà JLM a choisi ; son choix politique va s’accentuer de façon irréversible ensuite. Il le révélera bien plus tard « Mon objectif n’est pas de dépasser le PS mais de le remplacer ». Mélenchon c’est Mélenchon et le PCF, le PCF ; rien n’oblige ce dernier à s’aligner mais un problème considérable vient de naître et il ne s’amoindrira pas. C’est l’une des omissions « mineures » de l’analyse de Bob Injey. Entre temps une Tribune de André Tosel fera des ravages ; elle théorisera pour de très nombreux communistes leurs ressentiments vis-à-vis d’un PS qui va de plus en plus dans le Triangle des Bermudes. Le rassemblement oui , le PS non. Et l’expression, l’idée , la notion de gauche doit disparaître des radars : le PS s’y est identifié : puisque le PS c’est non , « la gauche » doit devenir une antiquité . Une telle représentation, on l’a dit , se nourrit d’elle-même ; le PS et son gouvernement font vraiment tout ce qui est possible pour l’accréditer .
Toutefois, cette représentation est meurtrière ; pour ne pas rendre l’exposé illisible , on en renvoie l’argumentaire détaillé en Note à l’issue de ce papier . Beaucoup de communistes pressentent néanmoins le risque ; c’est contraire à toute la tradition historique ; mais celle -ci est profondément attaquée par le comportement même du PS qui , non seulement se vautre dans les canons du libéralisme français et européen , mais continue dans une posture hégémonique aux limites du supportable ; et surtout , les communistes influencés par ces coups de boutoir à prétention théorique tournent l’obstacle : ils et elles se persuaderont que le PS va lui-même se désintégrer , que chercher une alliance politique avec lui n’a plus de sens , corde sur laquelle JLM va appuyer jusqu’à la rupture . Qu’on soit alors à des années-lumière de la stratégie du PCF n’a plus aucune portée. On veut en découdre et on va en découdre .
Telle n’est pas la vision d’une part significative de la direction nationale du PCF ; le débat a lieu au CEN. Pierre Laurent et d’autres avec lui, poursuivent : cette vision, outre qu’elle est fausse , porte en elle un danger majeur .
Des mois durant, Pierre Laurent attire l’attention : les forces qui veulent rompre avec le libéralisme – on n’en est pas du tout à la question de s’extraire du capitalisme même si les deux aspects ne sont pas disjoints – ne se déploient pas dans un univers d’où tout adversaire a disparu. La droite politique aussi fait mouvement et fait entendre des cliquetis de guerre civile ; avant tout le Front National monte de façon très dangereuse ; sondage après sondage il est à un étiage considérable et la droite politique en a conscience en même temps qu’elle le cultive. Cet aspect des choses sera une autre omission « mineure » de l’exposé de Bob Injey. Mais de très nombreux.ses communistes sont dans le même état d’esprit : ces avertissements ne comptent pas ; le FN est un épouvantail à moineaux, un tigre en papier. Pour celles et ceux qui observent la montée des idées du FN dans l’opinion, et il ne faut pas être extralucide pour le voir, le danger existe mais ils et elles voient là « une colére qui se trompe » ; les gens qu’ils croisent sur les marchés sont avant tout des « frères et des sœurs de classe ». Leur égarement supposé se réglera après. Une forme de populisme à la Mouffe , Laclau fait dorénavant son chemin , cultivé par JLM qui ne le dissimule pas . La droite et l’extrême droite coalisées même si les séparent encore politiquement divers aspects ne comptent pas pour lui. C’est le PS qu’il vise, c’est lui qu’il faut viser et tout ce qui entrave cette marche à l’abîme doit être dénoncée avec des expressions qui passent ce que l’Internationale Communiste a produit de pire. Qu’importe à Bob Injey. Rassemblons d’abord, on verra ensuite ; le mouvement est tout.
JLM se déclare candidat ; notons au passage que Bob Injey qui invoque le Front de Gauche, fait dans l’incantation ; c’est « mineur » mais mérite une mention. Le Front de Gauche a été détruit partiellement par JLM lui -même ; ce qui ne l’empêche pas de prétendre « interdire au PCF » de s’en réclamer alors même qu’il en est à l’origine. Au moment où JLM lance son opération politique et son offensive stratégique, le Front de Gauche par lui-même n’a plus de sève . Il faut ici ajouter pour la vérité que les attaques permanentes de JLM visant ce mouvement, comme n’étant que l’expression d’un « cartel » n’ont pas eu le sens qu’elles méritaient aux yeux du rédacteur ; il n’y vit pas qu’en fait ce qui était en cause n’était rien d’autre que les partis politiques de gauche dont JLM voulait se débarrasser une fois pour toutes. On le vit plus tard mais cela ne pouvait pas échapper à la Direction du PCF, en tout cas à la partie de cette direction qui considérait comme un devoir d’examiner tout le champ politique en permanence. Qu’eût-il fallu faire si on suit le plaidoyer de Bob Injey ? Prévenir la marche solitaire de JLM était -il possible et comment ? A supposer que ce soit un objectif ? Là-dessus Bob Injey est muet. Il le sera moins ensuite ; quiconque observe un peu le champ politique voit que JLM ne se prête à aucune discussion au niveau nécessaire. Mais, nouvelle omission « mineure » de Bob Injey Pierre Laurent et d’autres ne manquent pas une occasion d’en appeler à la raison ; le porte-parole du PCF le dit et le répète sur tous les tons : si JLM veut bien en discuter , il peut être désigné comme candidat par un large éventail de forces qui veulent le changement à gauche ; si Bob Injey considère que c’est là ce qu’il appelle une « posture » , les mots n’ont plus de sens .
Le PCF ne ferme la porte à rien qui s’inscrive dans sa stratégie. Et quoi que dise et fasse JLM, le PCF ne manque pas une occasion de rappeler de grandes batailles communes au nom desquelles un rassemblement demeure possible .
A ce point , Le CN du PCF se doit non pas de déclarer une position pour la Présidentielle ce qui est totalement prématuré mais de définir son ordre de marche pour la séquence électorale ; Pierre Laurent souligne que cette séquence est à pas multiples : la représentation parlementaire est première à ses yeux ce qui est une fois de plus conforme à la stratégie du PCF ; c’est peine perdue , y compris aux yeux du rédacteur : la présidentielle envahit tout .Mais même dans ce cas , les choses ne se présentent pas du tout comme le décrit Bob Injey . Dans la présidentielle il y a deux tours ; l’objectif ne peut pas être de parvenir au second tour même si cette marche doit être franchie. Si, contre toute conception démocratique, la présidentielle est l’élection majeure, l’objectif est évidemment de la gagner et non d’être une opposition certes combative mais sans pouvoir réel autre que de bloquer les aspects les plus régressifs . On en revient aux deux questions mentionnées dès l’introduction de cet exposé. Seul cet objectif( Gagner au second tour ) donne une réponse positive aux deux questions. Or , la gauche dans sa diversité est menacée d’être purement et simplement éliminée . C’est une omission « mineure » de Bob Injey .
Cette menace n’est pas un épouvantail conduisant à une politique de Gribouille ; tous les signaux sont au rouge ; une grande partie du PCF ne les prend pas au sérieux ; toutefois le paysage politique bouge considérablement. Côté JLM il y a la naissance de « son » mouvement lequel adopte une Charte, aspect « mineur » totalement absent du texte de Bob Injey . Le PCF en tout cas, cette fois très majoritairement ne peut pas signer un tel texte . Il y a un PCF avant la séquence électorale et il y en aura quoi qu’il advienne après . On y reviendra .
Pendant ce temps, d’autres initiatives se font jour à gauche ; il y a la Primaire A GAUCHE et la Primaire DE GAUCHE .La première est une supercherie sans lendemain ; elle vise à mettre F Hollande en selle , à défaut M Valls mais plus sûrement F Hollande qui prend tout son temps et ne veut prendre aucun risque . La primaire DE GAUCHE par contre …..Pourquoi ne pas s’y prêter ? C’est d’autant plus absurde que JLM pourrait, s’il se montrait raisonnable , l’emporter et être désigné comme candidat commun par un tout autre processus que la désignation issue de tel ou tel parti . Le PCF gronde. Primaire ? Hors de question ; les partisans de « pour moi c’est Jean-Luc Mélenchon » comme ceux et celles qui spéculent sur une candidature communiste pur sucre se liguent pour l’occasion. Pas de primaire de gauche. Bob Injey rappelle les Lundis de gauche organisés par le PCF ; il les affuble d’adjectifs peu sympathiques ; c’est sans importance ; ce qui en a par contre est la démarche : si on veut gagner et à ce moment tout est possible, tout est ouvert, il faut se parler. C’est pour Bob Injey de la perte de temps ou pire.
Primaires de la droite : la « victoire inéluctable » se fracasse ; personne ne pouvait le prévoir. Mais cela change évidemment la donne ; la possibilité d’une éclatante victoire de gauche est maintenant tout autre chose qu’une hypothèse d’école ; toutefois, pour que cela devienne réalité il faut une immense détermination politique ; en attendant , comme seul le PCF fait montre de cette détermination , il faut à un moment décider . Puisqu’il n’y a pas de primaire de gauche et que le PS a organisé ses propres primaires où F Hollande a toutes chances de figurer , le PCF ne peut plus différer ; attendre le résultat d’ailleurs imprévisible de la Primaire du PS le mettrait à la remorque de ce parti et c’est tout sauf conforme à sa stratégie . Le PCF décide en deux temps ; une Conférence nationale se prononce pour une candidature du PCF prête à se retirer si les conditions en sont réunies ; pour la suite et la saveur , on ne peut manquer de rappeler cette exclamation historique de Frédéric Genevée , (lequel salue le blog de Bob Injey aujourd’hui) :« Pour la première fois le PCF peut être dans le camp des vainqueurs , le Vote JLM est LE vote utile » . ;
Pierre Laurent donne son point de vue ; on lui fait crime de l’avoir donné la veille de la Conférence Nationale ; cet épisode peu glorieux ne sera pas commenté ici.
Le Vote du PCF en vraie grandeur se prononce pour cette solution à une courte majorité. Epiloguer sur ce résultat n’a aucun sens ; la situation politique est d’une telle complexité que chacune et chacun pèse et soupèse à l’infini sans pouvoir y voir clair ; mais en définitive ce vote qui n’est pas massif mais majoritaire a un sens ; l’autre possibilité n’est pas vue comme prometteuse, n’est pas envisagée par la majorité des communistes comme tenable. Il est à peine besoin de souligner qu’elle conduit à donner une réponse négative aux deux questions fondamentales.
Qu’en est -il à cet égard de la décision adoptée ? Il y a des points communs importants entre le programme du PCF et celui de la FI ( France Insoumise laquelle apparaît maintenant dans le champ politique comme un OPNI ) ; la réponse à la première question peut être avec mesure et sans enthousiasme excessif considérée comme positive . C’est loin d’être le cas pour la seconde au moment de la décision ; tout est à faire, tout reste à construire. Du jour où le PCF prend sa décision, le score des sondages fait passer JLM à deux chiffres …. Omission « mineure » de Bob Injey.Là-dessus, primaires du PS : nouveau séisme . A nouveau une fenêtre de tir victorieuse à gauche se présente. La possibilité d’une victoire aux primaires du PS par A Montebourg était envisageable ; c’est B Hamon ; mais dans les deux cas et avant le résultat personne ne peut concevoir qu’on puisse comme le fait Bob Injey considérer cette possibilité comme un non-événement. Le vote émis par 2 Millions d’électrices et d’électeurs proches du PS est-il possiblement un « non- événement » ? Il pèse plus lourd à lui seul que le vote des communistes …. Cela mérite examen, pas pour Bob Injey. Ce vote des électrices et électeurs proches du PS est sans appel ; ils demandent un positionnement clairement de gauche ; c’est complétement inattendu ; F Hollande a déclaré forfait et M Valls est battu. Un non- événement ?
Pierre Laurent n’attend pas une seconde : il est urgent de se parler ; le dégagement du PCF hors d’une candidature à la présidentielle le rend peu suspect de vouloir mettre la main sur ce qui devient possible et lui confère au contraire un rôle politique considérable ; « le PCF est le parti qui tient la gauche debout » ; son appel est relayé mais trop faiblement. Il y aura rencontre entre JLM et B Hamon mais sans que le PCF y soit convié ; de quoi vont discuter les deux compères ? Qui peut penser qu’ils passeront des heures à se raconter leurs divergences sur la question européenne, divergences qu’ils connaissent par cœur ? Bien évidemment la discussion porte sur une unique question : « que faire du PCF ?» ; Cette question centrale , on la tranche : ce sera sans lui . Qu’importe si les motifs des deux candidats sont différents ? JLM est assuré du vote du PCF et assuré qu’il fera campagne pour lui ; B Hamon pense encore qu’il peut faire cavalier seul ; le PS lui montrera quelque jours plus tard ce qu’il en est. En tout cas jamais au cours de ce siècle , on aura vu une occasion politique aussi magistralement ratée par des calculs politiques sans égard pour le sort des populations . Fin de partie. La suite est connue ; pour la gauche c’est le désastre. Les derniers jours seront marqués par des appels éplorés et ridicules visant à tout faire pour que JLM franchisse le seuil du second tour . Il n’y parviendra pas ; de cela Bob Injey ne parle pas.
Il est absurde de gloser sur 600000 voix manquantes. La gauche, une candidature de gauche ne peut l’emporter que dans les conditions d’un mouvement irrésistible ; rien n’a été fait pour cela au contraire . Et quand bien même JLM aurait passé la barre du premier tour ? Qui l’assurait qu’il affronterait alors Marine le Pen ? Et même dans ce cas, qui l’assurait qu’il l’emporterait. ? Plutôt Hitler que le Front Populaire, ce n’est pas une billevesée sauf pour JLM apparemment qui n’a rien compris et rien appris . Le risque était immense et nos compatriotes y coupèrent court avant de se retrouver devant un danger au résultat imprévisible.
La Direction du PCF , en tout cas celle qui entoure Pierre Laurent aura par vents et marées tenu le seul cap dont elle soit comptable : la stratégie décidée par 94% des communistes .
Epilogue : Il nous semble avoir montré que Bob Injey est inspiré par une toute autre stratégie politique que celle que le PCF s’est donné jusque là. Mais il y a plus : l’insistance mise sur l’ »erreur d’appréciation » attire évidemment l’attention ; cette insistance témoigne de l’influence directe d’un concept emprunté à Chantal Mouffe : à savoir « la construction du peuple à partir de ses affects » ; n’étant guère savant en ces matières nous nous contenterons de remarques superficielles ; personne ne niera l’importance des affects dans les représentations politiques populaires ; mais fonder une stratégie à partir d’eux ne peut que déclencher une puissante pompe aspirante vers une figure de chef qui les syncrétise ; c’est le propre de tout démagogue et ce n’est pas par hasard qu’au cours du temps , JLM fera davantage de Marine le Pen un concurrent qu’un adversaire irréductible ; cela culminera avec le silence assourdissant au lendemain du premier tour ; le FN est le prototype du mouvement politique qui « construit un peuple à partir de ses affects « ; s’ajoute à cela encore une autre dimension : une telle conception est vouée à exercer une violence extrême sur les citoyenn.es qu’elle influence et en premier lieu sur les adhérent.es éventuel.les (nous ne parlons pas ici de violence physique ) ; en effet les « affects » changent vite et le chef qui en est seul dépositaire peut être amené à changer soudainement et il est le seul habilité à le faire ( un exemple frappant est donné par les avatars de « la tambouille » : hier c’est hier , demain est un autre jour ; idem avec le positionnement du M5S en Italie )….. Une question se pose : une stratégie politique peut -elle changer ? Peut-elle changer au cours même de la bataille ? Usuellement la réponse est négative ; discuter ce point en détail serait utile mais nous emmènerait trop loin ; un parti politique comme le PCF peut être amené à tourner ses canons à 180° ; on le vit évidemment à plusieurs reprises pendant le processus d’Octobre 17 ; mais à aucun moment, il ne s’agit d’un changement stratégique. Un autre exemple est donné ici même avec les initiatives prises par le PCF après la primaire du PS ; il est aisé de voir que ces initiatives s’inscrivent dans la même stratégie (les deux questions fondamentales ont une réponse inchangée) et que par contre changer soudain de candidat aurait été au contraire un changement stratégique majeur. La décision du PCF était déjà prise mais ce n’est pas la question : changer de candidat eut des conséquences sur les réponses aux questions fondamentales. C’était là un mouvement impossible pour la direction du PCF à supposer qu’elle en ait caressé l’idée, ce qui est pure spéculation. Bob Injey recherche ainsi un compromis implicite avec une autre stratégie, un compromis impossible ; s’il veut en finir avec les non-dits, il serait bon qu’il le reconnaisse. Il est temps d’évoquer brièvement la Charte à propos de laquelle Bob Injey écrivit : « pour la Charte évidemment ce sera moins simple « ; le reste fait partie du paysage politique du PCF maralpin et nous n’en dirons rien ici. On voudra bien noter que ce qui précède ne procède ni d’anathèmes ni d’insultes mais appartient à une discussion que Bob Injey a constamment fui.
Note finale : Revenons sur le PS et par la même occasion sur la gauche ; l’histoire du PS montre que chercher la « nature » du PS en tant qu’objet politique n’a aucun sens ; le PS a lui aussi une stratégie et n’est pas une coque de noix ballottée au gré des vents électoraux même si ceux-ci ont une influence qui doit être compatible avec sa stratégie ; c’est elle qui est première. Mais se focaliser sur lui, c’est simplement omettre deux dimensions « mineures » . D’abord et avant tout c’est perdre de vue que des millions de nos compatriotes en sont proches ; parfois, majoritairement parmi celles et ceux qui en sont proches , ils et elles en sont électeurs.trices mais ce n’est pas obligatoire . Que faisons nous d’elles et d’eux ? Les renvoyer à leurs ténèbres ? Leur demander d’expier ? C’est là une absurdité manifeste et pourtant elle se présenta dans ces termes . Cela amène à penser à une autre question : quand donc dans son histoire la gauche a-t-elle été REELLEMENT confrontée à la question de s’extraire du capitalisme ? Jamais auparavant. Ce système est en crise et d’aucuns qui en sont des supports actifs disent même que la crise est le mode d’existence du capitalisme ; mais quoi qu’il en soit, la crise systémique est devenue une banalité aujourd’hui ; elle opère dorénavant dans un contexte mondial . Nouvel obstacle de taille. Sans même parler des désastres provoqués par les expériences de l’Est Européen. Ces obstacles sont dans l’esprit de millions de nos compatriotes et en premier lieu vivent au sein même du mouvement syndical et associatif ; leur désigner le PS comme l’homme à abattre contribue seulement à les éloigner de toute construction commune d’alternative. Il n’est pas davantage productif de laisser l’idée de gauche à un parti dont toute l’histoire démontre l’usage qu’il en fait. Tout au contraire indique la nécessité absolue de donner à l’idée de gauche un contenu nouveau, offensif , créateur : faute de cela le refuge c’est l’abstention ou pire l’attraction par l’extrême droite . C’est d’autant plus absurde que aujourd’hui – fait nouveau noté plus haut – il n’existe pas de mesure de gauche qui ne s’en prenne à la logique du capital ; ce fait nouveau crédite la possibilité d’un rassemblement populaire majoritaire ; C’est pourquoi l’adresse à toutes les forces disponibles est essentielle. Toutes ; sans exclusive à l’égard d’aucune. D’autres contributions que la mienne ont déjà insisté sur la nécessaire dissociation entre les alliances électorales et la construction à viser. Un immense espace politique est dorénavant ouvert à la construction en commun d’une politique de progrès pour l’immense majorité de nos compatriotes ; elle devra respecter toutes les sensibilités ou n’être rien . C’est là usuellement ce qu’on appelle définir une politique de gauche.
Le PCF par ses contributions et son investissement y trouvera le rôle conforme à sa visée, à son histoire , et il contribuera de façon déterminante à ouvrir de nouvelles pages d’histoire dans notre pays , en Europe et dans le Monde .