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Billet de blog 6 juillet 2015

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Le 05/07 /2015 : Une date pour l'Histoire

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Le 5 /07/ 2015 : Une date qui en  effacera beaucoup d’autres !

A 50,…% c’était une victoire, à 61,….%  c’est historique.

Nous pouvons à nouveau ici laisser la parole à P Krugman :

« But the campaign of bullying — the attempt to terrify Greeks by cutting off bank financing and threatening general chaos, all with the almost open goal of pushing the current leftist government out of office — was a shameful moment in a Europe that claims to believe in democratic principles. It would have set a terrible precedent if that campaign had succeeded, even if the creditors were making sense.”

« La campagne d’intimidation – la tentative de terrifier les Grecs en fermant le financement des banques et en menaçant d’un chaos général- le tout avec l’objectif presque  avoué de faire tomber l’actuel gouvernement de gauche – fut un MOMENT HONTEUX dans une Europe qui prétend croire aux principes démocratiques . C’eût été un précédent terrible si cette campagne avait réussi, et cela même si les créanciers avaient des arguments sérieux ».

P Krugman s’était sans équivoque prononcé pour le « NON » mais son billet d’aujourd’hui est plus net que les précédents ; saluons cet « observateur «  lucide de l’économie mondiale qui depuis des années tonne contre les politique austéritaires . Un autre « lucide », étonnamment est François Lenglet dont nous reparlerons.

Hier encore sur Europe N°1 on pouvait entendre le petit maquignon des assurances, Xavier Bertrand, éructer. Dans l’odieux, dans le mensonge éhonté, il ne fut pas le seul, mais on peut dire qu’il a surpassé tous ses prédécesseurs.

Et maintenant Messieurs- Dames, il va vous falloir parler autrement ;  le vent s’est levé dans l’union Européenne. Ce vent-là ne va pas s’arrêter de souffler ; englués dans vos dogmes et dans votre arrogance, votre mépris des peuples, vous n’aurez pour les jours qui viennent pas d’autre choix que de faire le dos rond, c’est-à-dire de rouvrir le financement bancaire grec , et de signer un accord sur la dette grecque , dont vous ne vouliez pas entendre parler jusque là .

Petit citoyen parmi d’autres je ne peux pas deviner les clauses de l’accord que vous allez devoir conclure à la face du monde après avoir juré que vous n’en feriez rien. Mais vous allez devoir vous y faire : vous n’avez pas d’autre choix. 

Le gouvernement français, et Hollande en tout premier lieu, qui ne savent plus ce qu’est une politique de gauche, savent par contre ce que signifie 61% de « Non » dans une situation où toutes les forces se sont coalisées jusqu’au dernier moment pour le « Oui » et  ils savent sauter dans un train ; ne pas le faire serait  suicidaire pour eux, suicidaire de leur point de vue pour 2017.

Je me flatte d’avoir prévu un scénario de ce type dans un précédent billet mais ce que je ne pouvais pas prévoir, c’était la puissance  majestueuse du vote populaire grec, ni les propos sibyllins  de l’hôte de l’Élysée jusqu’à Samedi . Aujourd’hui, c’est une autre affaire : on peut compter sur lui et son entourage pour se servir du vote grec en courant sans risque à sa rescousse( c’est ce que dit EXACTEMENT l’ineffable Président de l’Assemblée Nationale, Claude Bartolone, lequel est littéralement pris de panique- il a raison on ne le chicanera pas sur ce point, et d’autre part, plus inattendu le Sieur E Macron   ) -     ; ce soir à l’Élysée dans un remake du « Souper » (entre Talleyrand et Fouché), il va expliquer les choses à Mme Merkel.

Celle –ci non plus n’a pas le choix ; elle devra quoi qu’il lui en coûte faire voter son Parlement pour un accord dont elle ne voulait à aucun prix ; mais le prix à payer si elle devait s’obstiner est d’une autre ampleur : le vote grec est le signal de la mise à bas de l’édifice construit pour le capital financier européen ; le Grexit est un luxe que personne dans les hautes sphères ne peut payer ; donc négocier est impératif ; quand on est devant une défaite de ce type , se cramponner c’est ouvrir la voie de la déroute , de la débâcle ; F Hollande va lui expliquer ça . 

Comme il s’agit d’un remake du « Souper », les deux acolytes finiront par s’entendre : céder aujourd’hui est incontournable mais on peut céder POUR POUVOIR GAGNER ENSUITE SUR LES BONNETS ROUGES –lesquels on s’en doute n’ont rien à voir avec la farce bretonne  qui s’est appropriée ce nom à contre-emploi.

F Hollande ne manquera pas d’expliquer à Mme Merkel que, certes, et c’est bien regrettable, elle sera conduite à des difficultés politiques en Allemagne, mais les intérêts supérieurs sont ce qu’ils sont et pour les décrire et les estimer F Hollande est particulièrement bien placé. Mme Merkel veut-t-elle ouvrir un boulevard aux forces anti austérité en France ? Avec F Hollande au pouvoir c’est la continuité assurée et ces forces sont temporairement sans danger ; mais s’obstiner, si d’aventure Mme Merkel était dans cette disposition d’esprit, c’est à terme bref, la liquidation de tout l’édifice, la remise aux calendes d’une Europe fédérale imposant à tous ses peuples une austérité sans fin, etc. etc….. Mme Merkel veut-t-elle réanimer le sentiment antigermanique qu’il a fallu des décennies de palinodies et de compromissions pour étouffer ?

Le scénario  catastrophe et absurde auquel des plumes françaises, telles que E Cohen et G Grunberg  continuent sans désemparer de prêter la main reste du domaine du possible mais pas du plus probable ; on a ainsi entendu JP Chevènement ce matin sur Europe N°1 pérorer ; « On aura » dit-il « un mauvais accord » ; en quel sens mauvais ? Et mauvais pour qui ? Cet homme –là est autant de gauche que Alain Juppé pour qui il faut préparer « un Grexit sans drame » ; bref : tout sauf le respect du vote du peuple Grec.  

François Lenglet est,  je l’ai signalé – en tout cas hier – le seul à sauver de ce marécage et pas par sympathie ; c’est un libéral assumé : mais il voit bien les conséquences qui seraient celles de l’intransigeance d’un Schäuble ; il est simplement lucide.  Pas de quoi lui tirer le chapeau mais la mine de Pujadas en disait long.  

Alors un compromis. « Mais », dira in fine à F Hollande la « femme la plus puissante d’Europe », « Tu sais, François que ça peut me conduire à une crise politique en Allemagne, à me séparer de W Schäuble , et ça c’est quand même énorme « ; « Bah, » dira François , « Varoufakis fait moins de bruit , en voilà une question !  Varoufakis est parti de lui-même, et ton Ministre des Finances est tout sauf un politique, tu le sais comme moi, à nous obstiner,  toi et moi, mettons tout en cause ; s’obstiner, c’est tout perdre à terme bref. Nous serons toi comme moi sur le banc des accusés au lieu de faire figure de magnanimes. Tu veux prendre le risque ? »

Pendant ce temps, hors de l’Humanité, et un peu de Médiapart, quoique très différemment, à gauche on évalue et on suppute……. C’est l’occasion comme jamais de conforter le vote grec, de signer des textes exigeant de la Troïka qu’elle négocie enfin sérieusement avec le gouvernement – et en particulier le Premier Ministre  grec. C’est l’occasion de faire la preuve de ce que serait un gouvernement de gauche et de ce qu’il ferait ; pensez –vous ! L’un estime avoir un devoir particulier vis – à vis du peuple français ……….pour 2017 mais rien avant, l’autre est scandalisée devant une candidature communiste en Ile de France qu’elle n’avait « pas prévue » …….

Si nous, à gauche, continuons comme ça, je le dis sans ambages, nous mériterons d’être renvoyés à nos chères études pour longtemps, très longtemps ; que valent alors nos protestations si nous sommes à ce degré INUTILES ?  

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