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Billet de blog 9 mars 2015

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REPONSE A XIPETOTEC II

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

REPONSE A XIPETOTEC II

Xipetotec m’assaille sur mon soutien sans faille pour le moment au gouvernement Grec actuel dirigé par G Tsipras ; il me renvoie au « vrai » parti communiste selon lui , à savoir le KKE ; mais comme j’ai déjà répondu amplement sur ce point, je développe ici un autre aspect ; en fait Xipetotec voudrait voir le PCF adopter une position de sortie de l’Euro , une position anti UE qui selon lui serait l’une ( on peut espérer que ce n’est pas la seule dans son esprit) des marques d’un parti révolutionnaire , communiste , de notre temps .

Allons-y. Mais je préviens tout de suite ; certains aspects notamment économiques ne seront pas ou peu traités ; Staline étant mort, je ne prétends pas ici avoir l’ensemble des connaissances nécessaires pour traiter au fond, de façon ACCESSIBLE certaines questions qui sont d’apparence technique mais qui sont hautement politiques ; par contre, le peu que je possède sera mis au service de l’exploration de certaines dimensions, elles aussi, hautement politiques, dans cette discussion.

  1. Le Besoin d’Europe :

    Xipetotec qui lit furtivement mes réponses, s’agace de tout ce qui ne va pas dans son sens et  croit que mon souci est de réhabiliter les politiques social-démocrates, est à côté de la plaque ; mes rappels visant la haute marche manquée par le PCF il  y a plusieurs décennies n’avaient qu’un seul objectif : mieux comprendre, si faire se peut, comment se crée l’opinion populaire en Europe , comment les forces politiques qui comptent sur la scène européenne agissent sur ,  en même temps qu’elles participent de la création de cette opinion.

    Il n’y a pas de démarche révolutionnaire hors de cet examen préalable ; ce qui s’y substitue est ce qu’on nomme à juste titre la « mauvaise abstraction » et c’est à quoi se heurte Xipetotec.

    L’Union Européenne ( pas l’Europe ) est-elle actuellement une construction du capital faite exclusivement pour lui ?  Ne raffinons pas : la réponse est globalement positive.

    Avant d’aller plus loin , je me permets de souligner que SEUL comme parti politique le PCF engagea le fer contre le Traité de Maastricht avec un NON DE GAUCHE ; le NON l’emporta et on sait ce qu’il advint mais la bataille fut menée spectaculairement ; ce seul rappel devrait inciter à un peu de réserve relativement aux jugements à la hache sur une éventuelle «  social – démocratisation du  PCF » ; à partir du moment où le NON au référendum fut piétiné , et ne fut pas suivi d’autres referendums dans le même sens en Europe mis à part l’Irlande et l’Islande , je crois me souvenir , exemples très importants sur la symbolique mais pesant trop peu , à partir de ce moment dis-je , se pose une autre question. Continuer la bataille du « CONTRE » » ou essayer de comprendre les freins objectifs d’une bataille de masse à l’échelle européenne ; les comprendre ne signifie pas s’y soumettre mais prendre la mesure exacte de l’étendue de la question.

Il est notoire que pendant toute une période , en Espagne , avant le grand retournement qui ne fait aujourd’hui que s’esquisser , la grande majorité du peuple espagnol qui venait à peine de sortir de la nuit franquiste était PRO- EUROPENNE et pas pro-européenne avec des si et des mais ; le peuple espagnol jugea de cette question à partir d’une idée simple : pour lui , rejoindre l’UE c’était devenir une démocratie normale, c’était sortir de l’isolement ; à peu de choses près , la même réaction se manifesta au Portugal et on trouve là l’explication de la suite étonnante de la Révolution des œillets ; l’héroïque parti d’Alvaro Cunhal ne sut pas prendre le train et lui aussi rata la marche ; hier c’était hier ; le peuple portugais rêvait à demain . Demain était incarné par le ………. PS   de Mario Soares qui se fit une virginité en promettant qu’avec l’Union Européenne, couleraient au Portugal des fleuves de lait et de miel et ……..il en coula un certain temps, pas autant que promis, mais ce n’était en tout cas pas, hier, dont le peuple portugais ne voulait pas. L’Union  Européenne, « construction par et pour le capital européen » fut un  temps bénéfique pour le Portugal, c’est-à-dire, vaille que vaille, source de progrès. Elle le fut pour l’Espagne dont les dirigeants s’appliquèrent à être les meilleurs élèves de la classe ; elle le fut à divers titres pour l’Italie avant que ne s’y produise les effets de la crise systémique qui emporta des pans entiers de l’État italien d’après- guerre, sans même parler de l’effondrement du PCI lequel parvint au seuil du pouvoir et…….. disparut en une nuit.

Ne parlons pas des pays scandinaves ;  là, les populations voyaient une prospérité que les inégalités sociales croissantes ne masquaient pas ; les affaires prospéraient ; et avec elles un taux de chômage très bas et temporairement un système de protection sociale qui, sans être équivalent au système français n’en était pas loin ; tout changea brutalement, mais pas partout au même rythme.

Le PCF commença alors , notamment, mais pas exclusivement sous l’impulsion de Francis Wurtz , dont la clarté politique n’est pas à démontrer , à réaliser que poursuivre la bataille du « CONTRE »   laissait le champ libre à des forces politiques qui savaient s’emparer des opinions populaires , avaient à cet égard d’immenses moyens financiers et INTELLECTUELS , et pour une petite part, savaient aussi TRAVAILLER la question de l’avenir ; l’URSS s’était effondrée ; si tel n’avait pas été le cas , le problème serait resté quasi identique : au point où nous en étions , plus personne de sensé ne pouvait soutenir que ce qu’on appelait le « modèle soviétique », avait quoi que ce soit d’attractif et avant même de parler de sa faible attractivité en tant que modèle social, même revu et corrigé  , il était devenu évident pour toute personne normalement constituée que le système soviétique , « ça  ne marchait pas » ; et que Xipetotec qui guette chacune de mes phrases hors de leur contexte ne vienne pas susurrer que j’approuve ou légitime ce que fit Gorbatchev en son temps . Mais en tout cas, même à la serpe, prolonger sans rien y changer la bataille du « CONTRE » se heurtait à forte partie. Était-ce une raison suffisante pour l’abandonner ? Après tout, même très minoritaire, en France comme dans le reste de  l’UE, la bataille du « NON DE GAUCHE à MAASTRICHT «  avait in fine été victorieuse ; pourquoi ne pas poursuivre ?

Là intervinrent des éléments totalement nouveaux.

On l’a dit, sur la scène européenne les forces politiques influentes savaient quelque peu parler d’avenir ; le PCF, avec une bataille en « CONTRE » apparaissait muet sur cet aspect de la question. Ce n’était pas rien. Mais à cela s’ajouta la crise systémique qui déferla sur l’UE de façon épouvantable mais DIFFERENCIEE. Tout le monde ne comprit pas immédiatement de quoi il était question au juste ; ce qui fait que pendant plusieurs années les opinions populaires coururent sur leur erre, et le firent d’autant plus que les partis sociaux-démocrates ici et libéraux, là, les gorgèrent de promesses et de certitudes.

Le PCF qui, très longtemps s’était focalisé sur une solution qui, sans être exclusivement nationale l’était néanmoins principalement, fut CONTRAINT, par la force même des choses, de changer radicalement de point de vue : changer en France était impensable sans changer la construction européenne.   

Mais en outre , une réalité nouvelle s’imposa ; je parlerais de l’euro plus loin ; la réalité à laquelle je pense est celle –ci : les échanges intra européens au sein de l’UE prirent une extension sans précédent ; pour les élites intellectuelles c’était le cas depuis un moment et celles-ci , y compris dans le domaine des sciences dites dures poussaient fermement vers davantage d’intégration européenne ; une partie importante de la jeunesse « classe moyenne » - quel que soit le vague du concept , s’y mit aussi ; c’était « chic » d’être européen ; mais avant tout , ce qui fut déterminant , ce fut l’intégration croissante , puissante, irréversible des échanges économiques, brassant des millions de salarié(e)s sur l’ensemble du continent ;  l’intensité des transferts technologiques au sein de l’Union Européenne, bien avant les vagues migratoires des pays dévastés par la misère et la guerre civile, connut une expansion jamais vue auparavant ; « Produire français «  devenait idiot ; « acheter français » un slogan d’Outre-Tombe ; G Marchais qui sentait les choses comme rarement un dirigeant politique se cassa le nez sur son slogan que certains reprennent aujourd’hui sans vergogne et sans y croire, bien avant les évidences massives . Mais ce serait de l’économisme pur que de croire que l’intensité de ces échanges – dans le cadre d’un capitalisme dont la sphère d’influence semblait s’étendre sans limite, n’avait pas d’influence idéologique sur les populations et particulièrement celles qui étaient jusque- là la cible privilégiée du PCF. Le « modèle national » avait fait son temps dans les esprits bien avant que le PCF ne prit la mesure de ce qu’il avait dorénavant à affronter ; qu’il le veuille ou non, il y avait dorénavant un « rêve européen » ; ce « rêve » n’allait pas tarder à se fracasser sous l’effet  de tempêtes sinistres et de vents d’une violence inouïe ; mais, même fracassé par la crise systémique,  le rêve  avait eu raison du « modèle national ». Reprendre l’initiative, ne pas baisser les bras en pleurant sur l’impuissance, fut dès ce moment une tâche politique concrète même si tout sauf simple à réaliser .Car même si l’opinion générale avait été amenée à faire son deuil du « modèle national » , le corps militant du PCF , lui , restait attaché aux idées d’hier . Et la difficulté n’était pas que pendant ce temps, il n’existait pas de « théorie alternative » mais qu’elle était IMPOSSIBLE à concevoir. En tout cas comme « théorie achevée ».  

Rien qu’avec ces petites considérations sans prétention, l’idée d’une posture politique « anti- Union européenne »  se révéla pour le PCF une voie sans issue, la voie de l’isolement politique.

Et des phénomènes similaires, voisins, se développèrent en Grèce ; la Grèce sortait à peine de la période des colonels c’est-à-dire du fascisme ; vu sur une période de décennies, le KKE fut théoriquement et politiquement STERILE ; il se cantonna dans une animation de luttes sociales légitimes mais sans issue politique ; pendant ce temps une formation nécrosée comme le PASOK se présenta comme « le gouvernement du possible » et , plus gravement encore  que les partis sociaux-démocrates  d’autres pays du Sud européen,  s’enfonça jusqu’au cou dans toutes les compromissions et les mœurs politiques les plus détestables ; Syriza naquit d’un double sursaut . Du refus d’un dogmatisme devenu si insupportable et du rejet catégorique de mœurs politiques indignes. L’esprit du drapeau de la Résistance sur l’Acropole se remit à souffler aux yeux et à la barbe des misérables gnomes de Bruxelles, de Juncker à Merkel, en passant par Moscovici, Hollande et quelques      autres,   même si Manolis Glézos n’y retrouve pas ses petits.   Comment Xipetotec veut-il qu’on suppute sur les débats internes de Syriza plutôt que de s’interroger sur la façon de l’aider ? C’est un mystère.

II La montée  des périls

Le déferlement de la crise systémique, ignorée des partis sociaux – démocrates qui s’évertuent à la couper en morceaux sans lien entre eux, eut comme conséquence la montée de nouvelles forces politiques d’extrême droite. Il y a maintenant le feu au lac ; je ne le dis ni pour faire peur, ni pour demander je ne sais quelle indulgence par rapport à une pensée politique dénuée d’envol, je le dis parce que quiconque à gauche se sert de ce que je dis comme d’un colifichet de tribune est à côté de la question[i] ; je connais nombre de militantes et de militants très engagés à gauche, qui exècrent l’extrême droite mais qui ne prennent pour autant pas la menace au sérieux. Il  y a un nouveau fascisme en gestation ; nouveau, car il ne prend pas les formes d’hier et cela demande qu’on examine sérieusement, mais fascisme en ce sens que tout ce qui a fait la matrice d’hier est présent aujourd’hui, mais pas seulement à l’extrême droite, à droite on a un « nouveau fascisme » en gants blancs.  Le « vous devez payer » en est l’une des expressions ; le « vous pouvez changer de gouvernement mais pas de politique » en est une autre. Que dit Mr Sarkozy dans une interview fleuve trop peu lue à gauche ou considérée par l’ineffable Cambadélis comme un « non évènement »   ? ; « La LOI ET L’ORDRE » guide ses pas ; au passage il n’hésite pas à commettre un meurtre politique : «  J’observe que Mr Tsipras a mangé son chapeau » dit-il goulument ; voilà de quoi donner à réfléchir à Xipetotec, je pense.  Mr Sarkozy prend ses rêves pour des réalités. Mais oui, il y a le  feu au lac.

Reprenons le cas de la Grèce ; si, le gouvernement Tsipras devait en définitive échouer (mais heureusement il n’en prend pas le chemin, ces gens –là ont de l’étoffe)  – on a vu plus haut que sa tentative ne DOIT PAS RESTER ISOLEE sous peine de mort- alors il ne s’agirait pas en Grèce de fascisme en gants blancs, « Aube Dorée » est là pour ça.

Prendre une posture anti Union Européenne faciliterait-il les choses ?

Comment se représenter ça ? Transformer la Grèce en camp retranché, recourir à l’autarcie économique, renationaliser toute l’économie, exproprier les détenteurs de capitaux AVANT qu’ils aient fui et sans indemnisation, proclamer l’état d’urgence,  voyons un peu, soyez concret Xipetotec ; si ce n’est pas ça, c’est quoi au  juste, une attitude anti Union Européenne ?  Même le KKE n’ose pas proférer des choses pareilles ! De pareilles mesures – si même envisageables – c’est la guerre civile assurée.

Et comme il y a le feu au lac et que la situation n’est quand même pas identique à celle de 1938, bien qu’on ne puisse pas exclure de nouveaux soubresauts très graves, chercher à construire en France et dans le même temps dans l’Union Européenne, tout ce qui peut permettre   le début d’une issue de gauche est vital. Et on ne fera pas ça en prenant une attitude « Anti Union Européenne » ; je ne ferais pas l’injure à Xipetotec, de rapprocher ce qu’il préconise sans dire à quoi il pense, du discours Front National. Sur le plan purement POLITIQUE, le seul examiné ici ou peu s’en faut comme on le verra, l’attitude Anti Union Européenne outre son caractère parfaitement nébuleux écarte de la pensée les vraies questions, celle auxquelles un parti révolutionnaire se DOIT de penser.

Last not least, sur cet aspect, Xipetotec ignore superbement que depuis quelques années et justement avec en vue la montée des périls, est né sur la scène de l’Union Européenne un nouveau parti politique le PGE  dont fait partie Syriza. Le PGE ne se donne pas pour ce qu’il n’est pas, à savoir une forme de parti communiste européen. Ce n’est pas pour autant un parti social-démocrate à l’ancienne et ce n’est sans doute pas par hasard que Pierre Laurent en a été choisi comme Président. Il n’existe pas de voie transformatrice au niveau de l’Union Européenne sans tisser diverses alliances et que celles-ci aillent le plus loin possible. On s’allie avec des forces différentes de soi en général. Le but de cette alliance politique d’un genre nouveau au niveau de l’Union Européenne est justement de disputer aux forces de la droite européenne et de la social- démocratie européenne l’initiative politique ; Syriza l’a parfaitement compris ;aussi , loin de bouder comme le font certaines forces de gauche en France sous les prétextes les plus vains ou comme le fait actuellement Podemos en Espagne  qui croit à tort  son heure arrivée,  Syriza participe de sa réflexion , l’entretient et en utilise le potentiel autant que faire se peut ,mais aussi importante que soit ce nouveau type d’alliances au niveau de l’Union Européenne , il ne peut pas remplacer l’action des forces nationales du changement à gauche . C’est d’elles qu’il s’agit, c’est là que ça urge chez nous en France, et alors voir ça, et penser qu’une attitude fermement anti Union Européenne soudainement créerait le déclic qui à présent fait défaut encore, c’est une pure billevesée. TOUS LES PARTENAIRES POSSIBLES d’une telle politique sont sans exception ( le NPA qui a d’autres idées s’en exclut délibérément ) pour l’Union Européenne avec des « mais » et des « si », mais POUR l’UNION EUROPENNE avec un spectre très large d’opinions sur ce qu’il convient de changer.   EE-LV est là à la croisée des chemins, même affaire pour une partie variable du  parti socialiste ; les forces syndicales qui éventuellement regardent ce qui se passe sur le plan politique sont TOUTES, alors sans exception aucune, sur cette Ligne ; changer oui,  mais pas détruire. Si Xipetotec ne voit pas ça, il n’y a rien à attendre de cette discussion.

III L’Euro

Dès que s’ouvre le débat sur Monnaie UNIQUE, le PCF, au travers de travaux étoffés de l’un de ses principaux économistes P Boccara , met en avant l’idée de Monnaie COMMUNE ; la différence est fondamentale ; une monnaie commune traite uniquement des échanges commerciaux extérieurs ; c’est une monnaie symbolique qui protège la zône UE par rapport aux fluctuations du Dollar ; chaque pays –membre conserve sa monnaie pour les échanges intérieurs ;

Comme j’ai prévenu, je n’en dis pas davantage, ne possédant pas suffisamment cette question, en particulier , je ne dis rien du rôle de la BCE dans l’hypothèse d’une telle monnaie ; en outre , beaucoup de textes vont compléter en véritable arsenal le Traité rejeté et appliqué , ce qui a pour conséquence mon ignorance quant à la possibilité effective de la création de ladite Monnaie Commune sans changer les traités ni le statut de la BCE devenue véritable gendarme des décisions économiques des états-membres qui les contraint à être sous la dépendance stricte des marchés financiers . Ma  méconnaissance est d’ailleurs ici sans grande importance ; en effet d’une part , le projet ne prend pas corps dans l’opinion et y compris au PCF ; il se passe là quelque chose d’analogue avec un phénomène connu en mathématiques : le fait de changer le nom d’une catégorie d’objets  en lui afférent le qualificatif « quasi » ou « pseudo » etc… implique qu’on pense systématiquement à une modification cosmétique, ce qui en général n’est pas du tout le cas ; les conditions de mise en œuvre d’une monnaie commune telle qu’envisagée apparaissent soit extrêmement techniques, soit ne sont pas perçues pour ce qu’elles sont car la proposition est couverte littéralement par le BRUIT fait autour de MONNAIE UNIQUE ; spontanément la majorité de nos compatriotes se demande ce qui va changer pour eux et comme on leur MENT en leur disant que c’est une simple opération comptable et que RIEN ne changera pour eux , ils ne se précipitent pas pour savoir s’il existe une alternative ; dans les États-Membres pour lesquels une majorité de l’opinion est de toute manière favorable à l’Union Européenne  telle qu’engendrée par Maastricht ,c’est pire . Les nouveaux Etats- Membres , à l’Est , ceux qui aspirent à le devenir voient leur opinion publique à l’unisson avec leurs dirigeants ,pour penser  que une Monnaie UNIQUE dans l’UE , les éloignera de la dépendance russe et applaudissent sans réserve.

L’opinion allemande regimbe pour les pires raisons ; on ne peut pas leur expliquer que justement la Monnaie UNIQUE créera de facto une domination allemande beaucoup plus forte sur l’ensemble du continent ; quoi qu’il en soit, ce n’est surement pas en Allemagne que l’on peut espérer trouver des partenaires pour discuter d’alternative. Il en va ainsi des idées d’avant-garde ; ce n’est pas le propre de l’économie. L’euro prend donc son essor sans freins ni critique ; les feux d’artifice saluent l’événement ……… Chapitre clos . Temporairement.

Depuis, DES MONNAIES COMMUNES sont apparues et fonctionnent comme dans une partie significative d’Amérique Latine (SUCRE ) ; la Chine serait intéressée par une Monnaie la mettant à l’abri de la domination du Dollar américain mais aujourd’hui les statuts de la BCE sont ce qu’ils sont et c’est une toute autre question qu’ avant la création de l’Euro . Dans le même temps, les crises financières indicatrices de la crise systémique éclatent partout et le débat sur le rôle de l’Euro rebondit. Il prend en France une forme curieuse ; des économistes de gauche rejoignent soudain des leaders « souverainistes » pour déclarer que l’Euro est le chien galeux cause de tout le mal ; ces économistes de gauche ne reprennent pas à leur compte pour autant l’idée de Monnaie COMMUNE, car dans leur esprit, l’Union Européenne telle qu’elle se construit est INAMENDABLE en soi. Sortir de l’euro et sortir de l’Union Européenne constitue donc un seul et même objectif.

La première étape selon eux d’une refondation complète – laquelle chez eux reste nébuleuse – est donc la sortie de l’Euro ; c’est simple en apparence. Le débat à ce sujet s’amplifie ; les scenarii d’une sortie de l’Euro ne montrent aucune tendance à régler les problèmes de politique économique intérieure, au contraire, ils amplifient considérablement les difficultés avec un effet dévastateur prévisible sur les populations. Passer à l’Euro était un problème mais revenir à UNE Monnaie nationale est une toute autre affaire ; les interactions entre économies de la zône euro ne peuvent pas être rayées d’un trait de plume ; revenir à UNE Monnaie nationale c’est l’exposer à tous les vents de la spéculation financière, l’euro continuant à exister pendant ce temps ; une inflation à des taux record est envisagée d’où des baisses massives de pouvoir d’achat des salaires. Il est nécessaire ici de faire un arrêt sur image : des économistes de gauche réputés comme P Krugman qui est keynésien (et anticommuniste) , expliquent en  long et en large qu’une certaine inflation dans l’UE serait au contraire une bonne chose pour sortir du marasme économique ; et on peut les suivre ; la politique suivie actuellement par la BCE conduit dans le mur . Tout le monde voit ça. Sans changer radicalement de système on peut changer notablement la politique économique, c’est là l’intérêt des propos de P Krugman lequel TONNE contre les politiques austéritaires. Donc, a priori , voici deux discours parfaitement opposés ; dans l’un le spectre d’une inflation à deux chiffres est présenté comme LA catastrophe et dans l’autre une inflation « raisonnable » nous sauverait au contraire de la situation actuelle ; on comprend bien que la question n’est pas celle du NIVEAU de l’inflation ; mais les discours en question ne sont qu’en contradiction factice : dans celui de P Krugman il s’agit d’une inflation dans la TOTALITE de la zône euro   alors que dans l’autre il s’agit d’une spirale inflationniste dans un seul pays de la zône ; même en n’étant pas versé dans les questions économiques on peut voir aussitôt que c’est radicalement différent .

Le gouvernement grec l’a parfaitement compris ; le choix pour la Grèce de rompre avec l’Euro serait un choix catastrophique ; et s’ajoute encore à cela le FAIT que dans l’UE , les voix marquantes qui ne demanderaient qu’à voir la Grèce sortir de l’Euro ne manquent pas ; voix de droite qui ne veulent voir qu’un chose , l’échec du gouvernement Tsipras et qui savent que le retrait de la Grèce de l’Euro aurait une conséquence absorbable  pour le capital européen mais serait une tragédie pour le peuple grec , tragédie qu’ils appellent de leurs vœux .Doit-on demander au gouvernement grec de devancer leurs souhaits criminels et leur offrir ce qu’il souhaitent sur un plateau ?

Ce qui est vrai de la Grèce est vrai de la France ;  il est parfaitement inutile d’en discuter car de toutes manières que Xipetotec le veuille ou non, nos compatriotes y sont violemment opposés et le score éventuel du FN a d’autre ressorts, ne tient pas compte de l’abstention massive à gauche  et sans être un épouvantail  n’indique strictement RIEN relativement au sujet qui nous occupe.

Sortir de l’euro , formule facile et championne de « l’économie de la pensée » , fustigée par F Engels dans l’Anti Dühring »   en son temps , n’est pas seulement un slogan prétentieux et creux mais tourne la dos aux vraies questions ; nous rejoignons ainsi ce qui a été dit au sujet d’une position « clairement anti Union Européenne » .

IV Quelques aspects des positions actuelles du PCF  

Je rappelle que le PCF est un parti politique, pas un club. Son action vise à influencer des millions de nos compatriotes autour de l’idée centrale selon laquelle IL Y A UNE ALTERNATIVE ET CELLE-CI DOIT ETRE CO-CONSTRUITE ; c’est vrai en France et c’est  vrai au niveau de l’Union Européenne ;  et pas plus en France que dans l’Union Européenne le « grand soir » n’est une idée envisageable.

Les propositions faites par le PCF s’inspirent aussi de l’idée CENTRALE selon laquelle leur implémentation est IMMEDIATEMENT POSSIBLE, changent la donne MAIS conduisent à quelque chose qui MARCHE ; ceci conduit à envisager de changements graduels , qui ne demandent à personne de se renier , mais qui sont en principe acceptables pour toutes les forces pour qui « ça ne peut pas continuer comme ça » . Et quitte à provoquer les hurlements de Xipetotec je lui signale que même, à CE STADE , la sortie des traités , n’est PAS ENVISAGEE comme tâche politique CONCRETE ; en revanche ce qui est FAISABLE hors même le statut de la BCE c’est un changement d’orientation ; déjà , de très nombreuses modifications voient le jour et font la preuve que les tenants de « l’ordolibéralisme » comme on appelle la chose aujourd’hui sont à l’étroit dans leurs PROPRES TEXTES ; la BCE injecte des masses énormes de capitaux et fait donc – horresco referens- TOURNER LA PLANCHE A BILLETS ; mais dans quoi les injecte-t-elle ? Dans le système bancaire et financier ce qui ne peut qu’alimenter à nouveau la spéculation comme les Bourses mondiales l’ont bien compris ;   autrement dit cette création monétaire est d’intérêt nul pour les peuples et ne libère pas les États de leur soumission aux marchés financiers . Autrement dit , même les keynésiens  de gauche , pur sucre, ne peuvent qu’être d’accord avec ce que dit le PCF à savoir que ces masses financières doivent être injectées dans l’économie réelle , ce qui fait instantanément baisser le taux d’endettement , donne du souffle à la consommation , relance les carnets de commande , permet l’investissement productif etc.. etc…. , ce qui était hier un tabou peut aujourd’hui sauter . Nous n’y sommes pas mais la possibilité en est ouverte . Là aussi , c’est ce qu’a parfaitement compris le gouvernement grec qui pour obtenir de l’oxygène et du temps a dû aussi composer ; mais ça ne l’empêche pas d’avancer sur son programme social même si c’est plus lent que prévu .

Un document d’une centaine de pages existe au sujet des propositions du PCF pour l’Union Européenne ; seuls des aveugles pourront y voir la marque indélébile d’une social- démocratisation du PCF ; en revanche oui , il y a la volonté délibérée de ne pas s’arrêter immédiatement aux obstacles institutionnels  lesquels seraient compris par des partenaires éventuels comme des conditions sine qua non qu’ils rejetteraient aussitôt ; pour ne rien cacher, c’est même le cas au sein du PGE dont tous les membres ne rejettent pas les traités et statuts actuels  ; la conscience du « feu au lac » ajoute encore à ce dispositif et à son urgence ; la conscience du « feu au lac » demande à la fois de mesurer l’urgence ET DE GAGNER DU TEMPS SUR LE TEMPS .

Ce sera tout pour aujourd’hui .


[i] Au moment où ces lignes étaient écrites un Premier Ministre terrifié apparut sur les écrans de télévision, toute ressemblance avec ce que j’écris serait une parfaite ineptie ; si Mr Valls voulait barrer la route au FN , il lui était facile de dire publiquement que la voie de  Syriza était la bonne , que la Loi Macron serait abrogée et que son gouvernement prendrait dorénavant une orientation de gauche  dont il n’aurait jamais dû s’écarter . Mais non seulement il ne fit rien de tel mais en  plus il cacha soigneusement que le positionnement de la droite « classique » était pour le pays une menace autrement plus réelle et que FN et UMP faisaient la paire en somme, s’entendaient sur l’essentiel comme larrons en foire.  Autrement dit la terreur de Mr Valls est celle de l’apprenti sorcier. Mais ce n’est pas pour cela que « le  feu au lac » est une lubie  .

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