LETTRE OUVERTE A PHARAONNE (FI)
Chère Amie de France Insoumise , j’ai répondu très partiellement à votre commentaire posté sur mon dernier billet de blog ; les commentaires n’autorisent pas de longs messages .
Je reprends la discussion entre nous : le PCF s’est prononcé majoritairement pour le soutien à Jean-Luc Mélenchon ; il y avait quelque mérite ; ne doutez pas qu’il lui était possible d’avoir son propre candidat. Ce ne fut pas son choix et ce ne fut pas le mien ayant écouté attentivement les arguments des uns et des autres. Notre analyse qui n’a pas varié est la suivante : le FN est haut et sera haut. Le quinquennat Hollande s’achève dans le désastre. Un gouvernement socialiste a mis depuis le début ses pas dans ceux de la droite semant la confusion et l’amertume à gauche jusque dans son propre camp.
La gauche part dans cette élection avec un lourd handicap ; vous me dites « Quelle gauche ? « ; la gauche. Je ne trie pas au sein de cet océan d’opinions variées. Faut-il redire sur tous les tons que Valls, ses soutiens, Hollande, ses soutiens n’en font évidemment pas partie à mes yeux ?
Le danger redoutable d’un second tour avec d’un côté Marine Le Pen et de l’autre quelque représentant que ce soit de la Droite politique où évidemment j’inclus E Macron est présent et ce n’est pas – j’ose espérer que vous partagez ce point de vue- une façon de faire peur.
Sommes-nous condamnés à ce scénario ? C’est ce que à ce jour je ne crois pas ; en tout cas tout mettre en œuvre pour l’éviter est mon souci central ; ce ne semble pas être le vôtre ni celui à ce jour de Jean-Luc Mélenchon ; pour que tout soit clair je n’envisage pas de désistement en faveur de B Hamon ; d’une part c’est absurde, d’autre part ce n’est pas le sujet. Le sujet, ce sont les CHOIX POLITIQUES qui prévaudront à l’issue de cette élection présidentielle ; ces choix concernent des millions de nos compatriotes ; n’allez pas m’expliquer qu’un vote de gauche ou un vote contraint pour E Macron – par exemple – c’est pareil. Ceci est inaudible.
Votre préoccupation première à vous lire c’est le positionnement de B Hamon ; B Hamon a remporté les primaires socialistes et même Jean-Luc Mélenchon s’en est félicité ; qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Pour moi cela veut dire que dans une situation complexe une majorité de ceux de nos compatriotes qui ont choisi de voter pour ces primaires ont fait part de leur désir de voir le PS reprendre le chemin de la gauche, d’une politique de gauche ; on spécule, Rue de Solferino ? Laissez spéculer. B Hamon ne peut pas espérer être un candidat crédible sans afficher une politique de gauche ; elle n’est pas conforme à votre programme ; elle n’est pas conforme à celui du PCF et, celui de FI, le vôtre, celui du PCF, le mien, ne coïncident pas. Bien.
Il y aura à gauche deux candidatures pour le premier tour. J’aurais préféré n’en voir qu’une mais c’est ainsi. Si rien ne bouge, le scénario d’un affrontement pervers extrême droite – droite est assuré ; l’entendez-vous ?
Comment faire bouger les lignes de manière à éviter ce scénario ? Les faire bouger sans renoncer.
Je ne vois qu’une méthode : discuter en public d’un Pacte d’engagement gouvernemental de gauche ; ça n’a rien à voir avec le Programme commun ; l’objectif n’est pas le même et la méthode non plus.
Nos compatriotes de gauche n’ont qu’une idée en tête : les discours c’est bien beau mais si à l’issue de tout ça leur vie ne s’améliore pas et si tout empire, si en outre les principaux acteurs de la gauche mettent tout en œuvre pour aller à l’échec et au bout du compte aboutir à ce qu’un Président de droite soit élu, alors vraiment pour elles et eux ce sera la preuve que décidément , vous , nous , le PS , sont indécrottables . C’est ça que vous recherchez ?
Pouvez-vous nourrir un instant l’idée que Jean-Luc Mélenchon passe le premier tour, fût-ce avec un score honorable ? B Hamon sait que cette équation est pour lui impensable ; il y a dès lors pour chacun d’eux deux méthodes : la première a jusque- là les faveurs des deux ; que le meilleur gagne ! Eh bien je vous le dis, si cette méthode finalement prévaut le « meilleur » gagnera peut -être mais la gauche sera éliminée.
Je vois Jean-Luc Mélenchon ironiser sur le fait (sur son blog) que contrairement aux effets d’annonce de B Hamon , le téléphone rose n’a pas sonné …. A quoi joue-t-on ici ?
Le même Jean-Luc Mélenchon explique qu’il faut clarifier des points fondamentaux par exemple en désavouant M El Khomry et en ne lui donnant pas l’investiture du PS … on se pince un peu.
Certes, si B Hamon – qui n’en décide pas sachez-le – pouvait faire retirer M El Khomry des candidatures du PS les choses seraient plus claires mais est-ce là la question fondamentale ?
Pour toute personne sensée la question fondamentale sur ce point est de savoir si on abroge la Loi El Khomry et par quoi on la remplace ; les deux aspects sont indissociables ; il se trouve que ces deux candidats sont d’accord pour abroger ; qu’attendre pour décider ensemble par quoi on la remplace ? Je vois Jean-Luc Mélenchon s’esclaffer que pour abroger, il y a déjà une majorité au Parlement possible ; il se moque ; B Hamon ne décide pas de la majorité des députés socialistes et Jean-Luc Mélenchon le sait fort bien ; B Hamon a justement construit sa candidature pour changer cette représentation parlementaire. Des candidats valssistes ou hollandais ont -ils l’investiture du PS malgré tout ? Faisons-les battre ! Mais ce n’est de toute évidence pas le sujet .
Il existe une autre méthode ; il n’y a pas de ralliement mais la construction publique d’un Pacte engageant les candidats de gauche sur une politique de gauche ; est-ce possible ? Si on compare, on voit de larges plages de convergence et des pierres d’achoppement ; mettons noir sur blanc ce qui rassemble ; mettons noir sur blanc ce qui reste ouvert. L’ensemble peut créer une dynamique à gauche irrésistible ; nos compatriotes en tireront le sentiment que c’est possible ; personne ne demande que avant l’élection on soit d’accord sur tout et même au contraire , la gauche pourrait être riche non pas de ces différences mais de CES CONFRONTATIONS publiques où en définitive c’est le peuple qui décide à chaque étape ; c’est bien le sens de la révolution citoyenne, ou en avez-vous une autre lecture dont je serais curieux ?
Vous n’avez, dites-vous aucune envie de renoncer à quoi que ce soit de votre programme ; à supposer que ce soit là un document sacré , personne ne vous le demande justement. Et en outre je serais le premier à m’opposer à ce qu’on exige que le PCF abandonne le sien. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle la Charte de FI ne convient pas au PCF.
Donnons la preuve que par -delà nos différences nous savons débattre en commun et mettre en commun ; c’est là ce que nos compatriotes de gauche attendent de nous. Que comptent vos préventions face à ça ?