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Billet de blog 11 décembre 2017

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INTRODUCTION ET COMMENTAIRES:PARTIE II OSLO

La rédaction de ce texte a été plusieurs fois interrompue ; on lit des rappels sur le processus d'Oslo , tous estimables ; je pense avec beaucoup d'immodestie que celui-ci n'est pas seulement plus "complet" mais aussi plus politique . On jugera ; rappeler Oslo aujourd'hui semblera à beaucoup inepte ; je prends le risque .

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INTRODUCTION
ET COMMENTAIRES:PARTIE II
A HISTORY OF THE ISRAELI PALESTINIAN CONFLICT
Par Mark TESSLER ( Indiana University Press)
OSLO

Je commence par “la fin” et je m’en explique : personne n’ignore ce qu’a été le « processus d’Oslo ». Dans les cercles progressistes en France comme dans le monde, il souleva de l’espoir et parfois de l’enthousiasme ; les médias décrivirent en long et en large le contenu de ce qui était un début du commencement d’un Accord. Puis arriva l’assassinat de Y Rabin. C’était un tournant majeur. Rabin assassiné, son successeur s’empressa de limiter la portée du processus par tous les moyens. Ce n’est pas à dire que Y Rabin avait vraiment décidé de tourner le dos aux axiomes inquiétants de la politique israélienne. Mais personne ne peut dire aujourd’hui ce qui se serait passé si …. Toujours est -il que le processus d’Oslo fut gelé puis abandonné ; l’histoire continua son cours de façon désastreuse, la politique israélienne empruntant de plus en plus ses orientations à l’extrême droite. Dès lors pourquoi y revenir ? Oslo ne fut pas seulement assassiné en Israël mais par toute une partie de la gauche en France. On en décortiqua à l’infini les manques, les failles, les « insuffisances » …. Et on conclut qu’en fait l’Autorité Palestinienne s’était « faite avoir ». Rien que rappeler Oslo est iconoclaste mais là n’est pas l’essentiel. Le livre cité en référence y consacre un chapitre entier et ce qui y est décrit est très largement inconnu ou méconnu. Là se trouve la raison majeure de cet exercice. Il existe un risque à procéder ainsi et non par le développement historique depuis en gros la naissance du mouvement sioniste. J’assume ce risque. Tout ce qu’écrit Mark Tessler est important mais les pages consacrées à Oslo le sont encore davantage. (Chap 12 op cité).
Oslo ne tomba pas du ciel. En 1987, éclata l’Intifada ; cette révolte populaire partit vraiment de la base des villages occupés de Palestine, en dépit des obsessions israéliennes qui ne cessèrent pas de croire que ce mouvement était dirigé par l’OLP depuis l’extérieur c’est-à-dire depuis Tunis où se trouvait son siège à l’époque ; les médias occidentaux firent tout pour dénaturer ce mouvement qui était essentiellement d’autodéfense, pacifique, et non violent. Ce n’est pas le but de ce billet d’en décrire les tours et détours. Nous noterons seulement que dirigé progressivement par une jeune génération palestinienne organisée ensuite dans l’UNLU, il se cala sur l’OLP et s’en réclama constamment. L’unique nuance à apporter à cette trop brève description ( Grèves , boycott de produits israéliens , manifestations , rétention d’impôts ….) consiste à mentionner ce qui occupa les écrans occidentaux de façon exclusive , c’est-à-dire les actions appelant à la violence ( jets de pierre et bombes à essence ) qui ne constituèrent jamais que 8 des 163 instructions de L’UNLU( Et pour ma part, je ne vois rien qui me choque dans des jets de pierre face à une Armée d’occupation ….ni même les bombes à essence d’ailleurs rarissimes ) . « Encore doit-on noter que les tracts étaient responsables et modérés, se distanciant nettement de la tendance rejectionniste très minoritaire, laquelle était opposée à tout arrangement ou compromis avec Israël. Et encore doit-on ajouter que si les tracts de ce courant dénonçaient vigoureusement Israël comme ses principaux soutiens comme les Etats -Unis, on n’y trouve aucune dénonciation du Judaïsme ou du « peuple Juif » .(Extrait de « A History…. op cit )
Dans le même temps et après les premiers développements de l’Intifada ,qui causèrent un immense tumulte politique en Israël, un mouvement d’inspiration islamiste se déclara , le Hamas dont la Charte , contrairement aux positions de l’OLP et à celles de l’UNLU( Unified National Leadership of the Uprising- Direction Unifiée du Soulévement ) contenait notamment ( Art 22 :« Les ennemis ont comploté depuis très longtemps ….Leur richesse leur a permis le contrôle des médias mondiaux ..Ils ont aussi utilisé l’argent pour établir des organisations clandestines se répandant dans le monde entier aux fins de détruire les sociétés et poursuivre les intérêts sionistes »….le même document déclare plus loin logiquement « quand nos ennemis usurpent quelque territoire islamique ,le Jihad devient un devoir qui s’impose à tous les musulmans ».
Pour mémoire et pour la suite on retiendra que le financement principal du Hamas vint de l’Arabie Saoudite, ce qui au vu des évènements actuels et en particulier des liens diplomatiques (et autres ) en cours entre l’Arabie Saoudite et Israël prend une saveur singulière ; on se contentera de noter à cet égard, que ce rapprochement est notamment dirigé CONTRE le Mouvement de Libération de la Palestine alors que la période Hamas première phase prétendait le soutenir et en être force motrice …. Il va de soi que ces retournements considérables s’inscrivent dans une Grande Stratégie de restructuration de tout le Proche et Moyen Orient, Stratégie qui met aux prises de très nombreux acteurs au premier rang desquels, les Etats -Unis d’Amérique.
Ces digressions laissent entrevoir l’immense complexité des questions ouvertes et non résolues et surtout créditent sans équivoque l’observation de Leïla Shahid selon qui on a affaire, non à un conflit Israélo-Palestinien, mais un conflit de dimension mondiale (aux formes différentes des précédents).
En tout cas, devant ce soulèvement d’un nouveau genre dont certains aspects sont rappelés par Ari Shavit ( Gaza Beach) , ce qui se discuta au niveau du gouvernement israélien dépasse l’entendement ; il n’est pas le seul « gouvernement des turpitudes » mais ce qu’on sait aujourd’hui de ce qui l’anima hier, fait frémir ( les moments précédant la Guerre des 6 Jours sont des morceaux d’anthologie mais on était encore « seulement » dans la médiocrité la plus crasse et les intrigues de pouvoir ) . L’extrême droite fascisante y était associée mais ce n’était pas encore la force dominante ; tout fut utilisé dans certaines « limites » que la Loi israélienne ne permettait pas de transgresser de façon ouverte (tirs à balles réelles ou en plastique, bastonnades et exactions en tout genre… ) dans le but de briser l’épine dorsale du mouvement .

I Rabin n’était pas en reste ( en décembre 1989 – voir plus loin_ il déclarait « La nation peut supporter le poids sans égard pour la durée de la révolte « et il ajoute : « Nous allons continuer avec toutes les mesures utilisées les premières années , incluant les confrontations , les tirs sur cibles ,les arrestations , l’introduction des balles en plastique, les balles de caoutchouc , les arrestations et les couvre -feux « ) ; mais ce n’était rien par rapport aux dirigeants comme I Shamir pour qui la solution n’était rien d’autre que le « transfert » de toute la population palestinienne (il n’y a aucun besoin de disserter sur la réalité du plan Daleth au temps de la Guerre d’Indépendance : l’option du transfert de masse devint comme les chaussettes et ne se cachait plus ) . Mais il fallut se rendre à l’évidence : le mouvement de résistance à l’Occupation n’était pas de ceux qu’on peut briser malgré ce qu’en dit le même Ari Shavit et les protestations de jeunes israéliens « refuzniks » mettaient le doigt sur une plaie béante : la mission des Forces Armées israéliennes était la Défense d’Israël , et pas les opérations de basse police dans les Territoires Occupés ; devant cette évidence , le gouvernement israélien se mit à débattre de « profondes » questions : les Territoires occupés étaient -ils vraiment indispensables à la sécurité d’Israël ? Quel était le coût respectif d’une Occupation sans fin sur un territoire hostile voué à le demeurer et celui d’un abandon de ces Territoires en gardant une surveillance active par les Forces Armées Israéliennes) ; etc etc… En décembre 1989 , selon les chiffres officiels des Forces Armées Israéliennes , de 15000 à 20000 palestiniens avaient été blessés lors des « incidents » et les arrestations et emprisonnements se montaient à 50000 à l’issue de la seconde année ; I Rabin reconnut devant ces faits que les Forces Armées Israéliennes n’avaient pas jusque-là réussi à briser l’épine dorsale du soulèvement mais ajouta « Nous avons atteint le point d’une guerre d’usure mais je pense qu’ils subissent plus l’usure que nous » ; à cette époque il était Ministre de la Défense dans un gouvernement d’Union dont I Shamir était Premier Ministre .
L’intifada eut des développements politiques spectaculaires ; on ne peut en faire le tour ici seulement dégager quelques marqueurs : Sous la présidence de R Reagan, des tentatives diplomatiques nord-américaines virent le jour ( 1988) ; comme elles ne s’appuyaient aucunement sur une quelconque reconnaissance de l’Etat de Palestine mais en particulier sur l’exclusion de l’OLP en tant que participant de plein droit aux négociations , elles échouèrent toutes .
Mais le message envoyé par l’Intifada n’était pas destiné seulement à Israël et aux Etats Unis ; beaucoup d’Etats Arabes comportant des régimes corrompus , dictatoriaux , inefficaces, aux dirigeants et élites essentiellement préoccupés de leurs pouvoirs et leurs privilèges devaient être amenés à comprendre que les limites de la patience et de la passivité des Arabes du rang étaient atteintes et c’était encore plus net du fait des tentatives obstinées et vaines du gouvernement israélien de contenir le soulèvement…( A history ….Op Cit ) Ceci amena aussi des initiatives diverses arabes qu’on ne détaille pas : trop indécises et louvoyantes elles n’aboutirent à rien , sinon au moins à placer dorénavant l’OLP et Y Arafat au-devant de la scène politique : en 1988 au Sommet d’Alger, l’OLP se voyait réaffirmée solennellement comme seule représentante autorisée du Peuple Palestinien .
Or si l’Intifada avait envoyé un signal sans équivoque relativement à une paix impossible tant que durerait l’Occupation, les Palestiniens, spécifiquement l’OLP, opérèrent des pas considérables pour indiquer au monde et à Israël qu’une AUTRE VOIE ETAIT POSSIBLE qu’un conflit sans fin, qu’ils ne cherchaient pas la destruction de l’ETAT JUIF mais cherchaient seulement à réaliser leurs propres aspirations nationales dans le cadre d’une solution à deux Etats ( A history …Op cit ) .
A ce stade intervint un « nouvel acteur » si on ose dire …. Il s’agit de l’URSS qui vivait ses derniers moments mais se réinséra à cette époque dans le jeu ; l’URSS avait réduit considérablement son aide militaire à la Syrie et avait amélioré ses relations avec Israël dans l’année culminant avec l’Intifada. Mais le plus important furent les insistances soviétiques publiques auprès de l’OLP visant à lui faire accepter la Résolution 242 SANS PRECONDITIONS . Les dirigeants soviétiques insistèrent aussi auprès de l’OLP pour lui faire reconnaître le droit à l’existence d’Israël, en pressant Y Arafat à cet égard lors de son voyage à Moscou en Avril 1988. Encore plus notables furent les interventions soviétiques vis-à-vis des éléments les plus réfractaires (G. Habash et N. Hawatmeh) pour leur faire admettre un Plan de paix Palestinien « réaliste » et « flexible ».
Tout cela culmina avec la réunion à Alger mi- Novembre 1988.A cette réunion convoquée en urgence du Conseil National Palestinien ( dénommée meeting de l’Intifada ), Y Arafat publia une Déclaration d’Indépendance pour l’Etat de Palestine en précisant que le peuple palestinien ne tire pas ses droits à l’autodétermination et à un Etat seulement de l’Histoire mais aussi DE LA RESOLUTION DE l’ONU 147 sur le partage qui « fournit encore les conditions de légitimité historique qui assure le Droit du Peuple Arabe de Palestine à la souveraineté et l’ indépendance » ; bien que non explicite , la référence à la résolution 147 comportait la reconnaissance de l’Etat d’Israël .Dans la foulée de cette déclaration , 55 pays reconnurent aussitôt l’Etat de Palestine ; à l’écart de ce mouvement on trouva les Etats Unis de Reagan.
Y Arafat renforça encore cette position en répondant à des journalistes à l’occasion d’une rencontre en Mai 1989 avec F Mitterrand « quant à la Charte Nationale de Palestine vieille de 25 ans , vous avez une expression en français « C’est caduc » ; elle est nulle et non avenue » .
Parmi les nombreuses réactions celle de I Rabin mérite citation : Il avait pensé que « le meilleur chemin pour Israël était de laisser le conflit ouvert ainsi que la solution dans le cadre des relations d’Israël avec les Etats Arabes …la réalité aujourd’hui est que l’unique partenaire avec lequel Israël peut peut-être s’engager dans un processus politique est constitué par les Palestiniens et celui qui ne voit pas ça ne voit pas la carte correctement » ( A history…. Op Cit ) ………
Ze’ev Schiff, l’un des spécialistes israéliens les plus en vue pour les questions militaires et de sécurité écrivit : « Le soulèvement Palestinien contre Israël a mis dans l’ombre une situation statique qu’Israël voulut constamment préserver et enleva toute suspicion persistante selon laquelle les Palestiniens pouvaient être court-circuités dans la recherche d’un accord Israélo-Arabe. Cela a conduit à l’inévitable conclusion qu’il ne peut pas y avoir de fin au conflit Israélo-Arabe sans résolution du conflit entre Israël et les Palestiniens » ; il ajouta « La possibilité de négociations Israélo-Palestiniennes est immensément plus proche que ce n’était le cas avant le 9 Décembre 1987 jour du début de l’Intifada » ( A History op cit )
Une partie décisive de la propagande israélienne tombait ; le Gouvernement Shamir n’eut de cesse de faire pièce à l’initiative de paix palestinienne et concocta une « proposition » à sa façon ; il est peu important de la détailler ; elle n’eut aucune suite et révéla seulement la duplicité du gouvernement Shamir mais ….elle parvint non seulement à occulter l’initiative Palestinienne mais encore à devenir le centre des discussions ultérieures .
J Baker Secrétaire d’Etat US sous G W Bush élabora sur les « propositions » Shamir mais n’ajoutait rien d’important et connut le même sort ; cela fit s’enliser le ballet diplomatique sans effet autre pendant des mois. Les Etats Unis appuyaient -ils le gouvernement Shamir ?La chose était d’évidence plus complexe comme on le vit par la suite : les Etats Unis n’ont jamais eu qu’une seule boussole : leurs intérêts stratégiques et politiques ; leur vision stratégique relative à une recomposition du Proche et Moyen Orient n’était pas encore claire ; faire droit aux exigences palestiniennes fondamentales n’était en tout cas pas à l’ordre du jour ; pour Israël la situation était différente ; clairement les vues de l’Administration Bush et celles du gouvernement Shamir avaient des plages larges communes . On n’y insistera pas au vu des développements récents qui supposent une analyse approfondie : cela tomba aux oubliettes mais un temps considérable fut gâché.
Dans les deux opinions publiques , israélienne et palestinienne , on vit s’opérer un mouvement convergent ; la société israélienne était divisée sur la question des Territoires et a fortiori sur la question d’un règlement pacifique juste et durable avec le peuple palestinien mais la gauche israélienne devint inaudible et Shamir présida un gouvernement homogène d’extrême droite opposé à tout règlement , à toute négociation et à toute concession ; les très timides et vaines tentatives nord-américaines , de l’Egypte et d’autres de pousser un peu les « propositions Shamir » furent balayées .L’initiative de paix propulsée par l’OLP et Y Arafat disparurent du paysage tandis que dès l’été 1990 il devenait difficile d’éviter la conclusion que les tentatives politiques et diplomatiques de l’OLP avaient échoué au moins à court terme à produire une quelconque évolution ; s’ensuivit un raidissement et un accroissement sensible des « rejectionnistes » palestiniens sous la bannière de l’Islam .
Alors éclata la première version d’ « Apocalypse Now ! » dont l’origine prétendue fut l’invasion du Koweït par l’Irak . De retour des Etats Unis , nous assistâmes avec des amis américains qui , progressistes mais très anticommunistes avaient eu l’occasion de voir quelque peu malmenées leurs conceptions sur « le communisme en général » en parlant avec les communistes français que nous étions , au déchainement infernal des bombardements sur Bagdad ; nos amis serraient les poings ; ils ne voulaient pas de cette Amérique là ; le Musée de Bagdad vola en éclats et des trésors de civilisation s’envolèrent en vain ; l’Irak , sous la trique sanguinaire de Saddam Hussein qui d’officier vaguement socialisant était devenu un despote d’une absolue cruauté ,( d’abord soutenu par les Etats Unis , avant que leur Golem ne leur échappe) , était cependant resté un Etat laïc , le seul du Moyen- Orient( je laisse de côté la Syrie Moyen ou Proche orient ?) : il n’en resta rien .La « grande vision » Nord-américaine du nouveau Moyen- Orient commençait à prendre corps.
Mais durant les 6 semaines du déluge de feu qui s’abattît sur l’Irak, Saddam Hussein trouva le moyen de tirer quelque 39 missiles SCUD sur Israël au voisinage de Tel Aviv semant des victimes et des morts civils et évidemment une terreur panique modifiant la perception déjà préoccupante que pouvait avoir l’Etat d’Israël de sa sécurité ( Israël s’étant bien gardé d’une quelconque position à ce moment ) . Il se trouva que à ce moment même l’OLP prit position en faveur de Saddam Hussein. Ceci était en phase avec les sentiments de nombre de palestinien.nes du rang manifestant bruyamment leur joie à chaque tir de missile sur Tel Aviv ; ces positions , très largement explicables, à défaut d’être politiquement justes , eurent un effet dévastateur à court terme, aliénant aussi une part non négligeable de la population arabe hors de Palestine, aux exigences légitimes du peuple palestinien mais sans entrer dans le détail, l’étonnant résultat à l’issue de cette effarante chevauchée fut que Israël sortit aussi divisé qu’il l’était auparavant ; ce qui avait changé en profondeur était le sentiment d’un monde arable non seulement hostile mais potentiellement dangereux et imprévisible , inapte à tout règlement politique durable . Une partie importante de l’opinion israélienne en tira la conclusion que Shamir avait raison : la sécurité d’Israël ne dépendait pas principalement ou de façon déterminante d’un règlement du conflit avec le peuple palestinien mais des relations entre Israël et les autres Etats arabes de la région (on pourra voir dans les évolutions récentes un parallèle non dépourvu de fondement, ce qui évidemment ne justifie rien ).
Cela n’empêcha pas les forces progressistes en Israël malgré une violente colère vis-à-vis des positions de l’OLP durant cette épreuve de considérer des négociations pour un règlement pacifique comme plus nécessaires que jamais. Des contacts de haut niveau se produisirent ….
Des élections à la Knesset eurent lieu en Novembre 1991 ; plusieurs observateurs pensèrent que ces « élections de l’Intifada » pousseraient encore plus à droite mais c’est l’inverse qui se produisit et le Likoud essuya une forte défaite ; en résulta un gouvernement à la tête duquel se trouva I Rabin. Celui-ci avait approfondi sa lecture de « la carte » et sembla décidé à marcher vers de véritables négociations.

C’est dans ce contexte qu’Oslo apparut. Encore une fois le détail en est connu mais l’important ce sont les conséquences :
Je laisse de côté des aspects institutionnels très nombreux et importants mais généralement connus ; en Août 1993, le monde apprit que des négociations secrètes s’étaient tenues à Oslo entre des personnalités officielles du gouvernement israélien et de l’OLP aboutissant au DOCUMENT appelé « Déclaration de Principes » sous l’égide de JJ Holst Ministre des Affaires Etrangères de Norvége et Marianne Heiberg , universitaire ayant conduit des recherches dans les Territoires Occupés ; le Préambule déclare « (il est temps) de mettre fin à des décennies de confrontation et de conflit, de reconnaitre leurs droits mutuels et légitimes et d’aspirer à vivre dans la coexistence pacifique , la dignité mutuelle et la sécurité , pour aboutir au règlement d’une paix juste , durable et complète ainsi qu’à une réconciliation historique » . Ce Document fut scellé le 13 septembre 1993 à la Maison Blanche sous les auspices du Président des Etats Unis Bill Clinton .
D’importants obstacles demeuraient sur la route de la Paix néanmoins. Côté palestinien on trouve l’observation de Haydar Abd al-Shafi (qui n’était pas opposé à tout accord ni à tout compromis) : « Il me semble que nous essayons d’y lire ( dans la Déclaration de Principes NDR ) ce qui ne s’y trouve pas « . Et bien plus important divers groupes minoritaires dans les rangs -mais pas uniquement- du Hamas continuèrent à procéder à diverses actions terroristes ; côté israélien , l’activité destructrice des colons contribua – sans être réprimée par le Gouvernement – à la tension et au désordre .
Je passe sur les épisodes politiques successifs ( notamment OSLO II ou Accords de Taba 28 Septembre 1994 ) ; dans le contexte très complexe et explosif qui a été rappelé , la marche vers l’implémentation des Accords avançait ; mais comme on l’a dit , le plus important , est constitué par l’IMPULSION DONNEE PAR CES ACCORDS AUSSI INCOMPLETS ET IMPARFAITS SOIENT-ILS , à des rapports régionaux inenvisageables des mois auparavant . Dés l’instant où Israël était reconnu comme Etat par l’OLP , des Etats arabes hostiles engagèrent des pourparlers avec le gouvernement Israélien : ce fut le cas du Maroc et de façon compréhensible de la Jordanie ; impensables auparavant des négociations s’engagérent avec le Qatar pour l’achat de gaz naturel , Oman qui eut le soutien israélien pour un siège au Conseil de Sécurité et un accord relatif à l’irrigation et la désalinisation, l’échange touristique avec la Tunisie et le Maroc ainsi que des aspects économiques importants ; un plan israélo- égypto -jordanien avec soutien de l’Arabie Saoudite vit le jour pour la dépollution du Golfe d’Aqaba ; divers boycotts de produits israéliens tombérent ….On dira : « business as usual » ; mais c’est évidemment une toute autre situation qu’aujourd’hui ; de plus le mouvement enclanché dans divers Etats arabes se doubla d’un autre mouvement en faveur du peuple palestinien : la Déclaration de Principes ne conduisit pas seulement à l’établissement de l’Autorité Palestinienne ( Exécutif) associée au Conseil Législatif Palestinien -et très remarquablement les élections qui se tinrent le 20 janvier 1996 dans des conditions reconnues comme régulières avec une participation supérieure à 75% - sauf à Jérusalem-Est donnèrent à Y Arafat une écrasant majorité de 88%- mais encore un mouvement international de soutien au processus de paix avec une Conférence de Washington destinée à lever des fonds , où des délégués de 45 pays s’engagèrent sur un montant de 2 Milliards de $ sur 5 nas pour contribuer au développement économique sur la rive Ouest et à Gaza. Ceci avec participation de l’Arabie Saoudite qui mit de côté son ressentiment vis-à-vis de l’OLP ( voir la séquence Guerre du Golfe ) . Mais encore , plus important , spécialement en Israël , était le fait que la multiplication de ces initiatives quasi tous azimuts avec de très grands projets régionaux sur l’eau , la désalinisation etc … contribuaient chaque jour davantage à DONNER CONFIANCE dans le processus engagé , développant l’esprit de paix , accélérant ainsi la portée des Accords d’Oslo . Que dire à ce stade : il est loisible d’ironiser , de ne voir que le verre aux 3/4 vide . Ce n’est pas ma vision des choses ; la suite de cette séquence est connue et fut un tournant absolu dans la politique israélienne après l’assassinat de Rabin dont Péres fut quelque part le fossoyeur cédant sans cesse du terrain à l’extrême droite jusqu’à ce qu’elle prenne vraiment le pouvoir .Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit : en fait ces années permirent d’entrevoir ce que pourrait être un Proche Orient débarrassé de la guerre sans fin , des haines réciproques ; entrevoir l’issue n’est -il pas souhaitable ? Comment peut-on « enterrer Oslo » à gauche et en France ? Bien sur et a fortiori aujourd’hui avec les déclarations de Trump, sauter comme un cabri en criant «Oslo Oslo » « est vide de sens Mais Oslo prouva au moins deux choses : d’une part, une Paix JUSTE , NEGOCIEE ET DURABLE était possible , d’autre part que la question palestinienne est centrale , que ce n’est pas une question israélo -palestinienne mais mondiale ; rien que pour cela , ces rappels ont à mes yeux un sens .

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