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Billet de blog 12 novembre 2016

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J'APPELLE A VOTER JLM : LES RAISONS DE MON CHOIX

Jean-Luc Mélenchon a un compte à régler avec les communistes ; et ça ne date pas d’hier ; je suis communiste, membre du PCF et, au stade où nous en sommes j’appelle à voter pour lui à la présidentielle ; ça mérite bien quelques explications.

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J’APPELLE A VOTER JLM : LES RAISONS DE MON CHOIX

Jean-Luc Mélenchon a un compte à régler avec les communistes ; et ça ne date pas d’hier ; je suis communiste, membre du PCF et, au stade où nous en sommes j’appelle à voter pour lui à la présidentielle ; ça mérite bien quelques explications.

Donc Jean-Luc Mélenchon a un compte à régler avec le PCF ; l’un ou l’autre de ses supporters ne manquera pas de corriger que les communistes, ben oui, peut-être, mais leurs dirigeants alors là non et singulièrement Pierre Laurent. Vieille antienne.

Le bulletin de vote interne au PCF prévoit que ce choix sera « critique et constructif ». Voyons cela. Un courriel d’un tout nouvel « adhérent » de la France insoumise m’en donne l’occasion ; on en reparlera plus loin.

Je vais appeler à voter pour un homme politique qui passe beaucoup de temps à insulter mon parti.

Si j’avais à régler un compte avec Jean-Luc Mélenchon , il y aurait de quoi faire et ça n’aurait aucun mais vraiment aucun intérêt ; à droite et à l’extrême droite en France , on se régale du Vote Trump ; aux Etats Unis il y a des gens en masse qui sont à des années-lumière de mes propres convictions que ce vote fait pleurer ; je ne peux pas effacer ça de mon esprit ; le fait que le scrutin Nord-américain transforme un vote majoritaire en voix en son contraire est un problème mais pas l’essentiel ;  l’essentiel est que Mme Clinton a été incapable de comprendre que l’on n’était pas dans le film tranquille du « politically correct » , que son « expérience » supposée des  « affaires » était absolument seconde pour des millions d’Américains ; ils et elles attendaient de la candidate démocrate des réponses fortes à leurs soucis quotidiens , ils attendaient que la candidate démocrate s’appuie sur la superbe campagne de Sanders , en désignant la finance comme devant être mise au pas , en s’attaquant résolument aux inégalités sociales monstrueuses , au capitalisme en fait ; rien de tout cela ne s’est produit et si ça continue , la même chose, cuisinée chez Ducasse se produira chez nous . Je ne peux pas m’y résoudre.  Mais je n’ai pas la prétention de pouvoir l’empêcher même si je hurle ; au moins n’y aurais-je pas aidé.

La gauche en France a plusieurs partis   et Jean-Luc Mélenchon vient de lui en ajouter un. Mais l‘opinion de gauche, elle, existe en dehors de ces partis même s’ils contribuent à la façonner ; cette opinion commence à peine à réaliser que cette fois, ce ne sera pas un remake de 2002 ; si la gauche est éliminée du second tour, toute la gauche sans exception sera démolie pour longtemps ; et commencera alors une période de plomb comme le dit si justement Pierre Laurent et que ne dit justement pas Jean-Luc Mélenchon.

Est -il encore possible de voir s’opérer un sursaut chez les responsables des partis de gauche pour concevoir que s’ils ne font pas ce qui est indispensable, ils et elles porteront la responsabilité d’une catastrophe historique ? Je ne sais pas. Bien entendu je n’attends pas ce sursaut ni de F Hollande ni de M Valls ni d’aucun proche des sphères gouvernementales : eux auront tout fait pour en arriver là. Les autres, à ce jour, et malgré les appels réitérés de la direction du PCF, regardent pour le moment ailleurs.

Dès la fin Novembre ; quel que soit son choix définitif, le PCF partira en campagne sous ses couleurs, quel que soit, je me répète, son choix définitif ; mais il le fera sans perdre de vue un instant qu’il ne s’agit en aucune façon de rassembler autour de lui mais par cette campagne aux arêtes fortes, de créer si possible les conditions du rassemblement de la gauche, y compris en retirant son candidat si tel est son choix et si les conditions de ce retrait en sont créées.

Les idées fondamentales de sa campagne devraient ébranler jusqu’au village le plus reculé ; il ne fera pour autant pas campagne sur un programme communiste mais mettra en musique les résultats significatifs d’une consultation populaire nationale, qui, plus limitée que son objectif initial montre néanmoins les exigences centrales auxquelles un programme de gauche se doit de répondre : pouvoir d’achat des salaires et retraites ; s’en prendre réellement au pouvoir de la finance notamment en nationalisant ces hydres que sont la BNP et la Société Générale, relance et modernisation des services publics , investissements  massifs matériels et humains dans l’ensemble du système éducatif, protection des travailleurs au cours de leur vie, renégociation des traités européens ; relance de l’emploi industriel en intégrant la dimension portée par la Cop 21 , renforcement de l’ISF et profonde réforme fiscale etc….

Il montrera parallèlement   par une campagne de masse à quoi s’expose le peuple français avec le programme de la droite conjugué à celui de l’extrême droite ; il y a là de quoi faire et à ne pas perdre du temps à régler un compte avec qui que ce soit à gauche ; qui que ce soit ; ni Jean-Luc Mélenchon ni Arnaud Montebourg, ni d’autres éventuels. Tous ont des points communs avec les urgences précédentes ; ce ne sont pas les mêmes, je l’entends bien, mais la conjugaison de tous est pensable, possible, et si la coagulation se produit, la force qui en résulterait pourrait aller très loin. Encore faut -il en avoir la volonté politique ; là, il est permis de s’interroger ; Arnaud Montebourg finasse ; il ne rejette pas les communistes, merci pour eux, mais la demoiselle préfère pour le moment aller s’balancer avec une   Primaire complétement verrouillée par les caciques du PS et dont il espère visiblement sortir vainqueur ; nous verrons ; et en attendant ? Pour Jean-Luc Mélenchon, c’est une autre affaire ; son ambition personnelle crève les yeux ; Il veut, commande, enjoint et tout cela s’appelle « révolution citoyenne » ; ça ne donne pas envie. De plus, le compte qu’il s’est trouvé à régler avec le PCF l’entraîne là où le moindre bon sens devrait lui interdire d’aller.

Mais cela n’empêche pas, Nicolas, qu’il y ait à regarder d’autres éléments dans cette ahurissante situation ; que ferait une candidature communiste prête le cas échéant à se retirer si la situation l’exigeait ? Ce sera peut-être le choix du PCF ; c’était le mien avant peu ; qu’en attendre ? Ne parlons pas d’ajouter la division à la division ; c’est beaucoup trop simpliste ; par contre les médias tels qu’ils sont, à coup sûr, ne permettront jamais à une telle candidature de faire percevoir en quoi elle sert le rassemblement des forces de gauche ; c’est un fait.
S’ajoute à cela que, ce faisant, nous mettrions le doigt dans la présidentialisation de la vie politique dont nous ne voulons pas. Une partie déterminante du potentiel militant sera stérilisée dans l’attente vaine de la parole tombée des étranges lucarnes alors qu’il nous faut dès à présent une campagne de terrain démultipliée à l’infini.

Et encore ceci :  je suis scandalisé que l’on puisse mépriser celles et ceux qui à gauche, membres ou non d’un parti politique ont une préférence pour le vote socialiste en dépit et malgré. Comment pourrais-je mépriser celles et ceux qui, toujours à gauche, considèrent que Jean-Luc Mélenchon est pour eux à ce stade un candidat de gauche en rupture avec la politique actuelle et dont le PCF a fait son candidat en 2012 ? Celles-ci et celles-là ne sont nulle part et désespèrent ; au moins veulent elles et ils une rupture ; je ne compte pas évidemment celles et ceux qui sont loin de se situer toutes et toutes à gauche et qui ont choisi la France Insoumise dont on se demande si sa création ne vise pas d’abord à faire mordre la poussière à des élu(e) s sortants du PCF sans bénéfice pour quiconque. Un de ses nouveaux membres vient de lancer à la cantonade un appel à faire de même  sans hésiter à s’essayer au racolage des militantes et militants communistes ou /et de celles et de ceux qui ont participé aux campagnes du Front de Gauche dont les communistes étaient la flamme, et s’étonne qu’on en soit scandalisé ….

Comment Jean-Luc Mélenchon apprécie-t-il le vote communiste (vote interne j’entends) ; le PCF voterait -il en sa faveur ? C’est la position de la direction du PCF et c’est aussi la mienne, tout bien pesé ; la réponse de Jean Luc Mélenchon se trouve dans son commentaire et celui de quelques-uns de ses lieutenants à la suite de la Conférence nationale du PCF ; le chef écrit « On attendait du renfort mais si ce n’est pas le cas on fera sans eux" ; ses lieutenants vont plus loin « bon débarras » ; on dirait qu’ça les gênent de marcher dans la boue, on dirait qu’ça les gênent de marcher avec nous.

J’aime être un gêneur ; ce n’est pas mon premier souci mais si le vote communiste en faveur de Jean Luc Mélenchon signifie une totale implication des communistes dans une campagne qui oriente vers le rassemblement le plus large à gauche et que cela gêne Jean-Luc Mélenchon, le doute n’est plus permis ; il faut en être.  

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