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Billet de blog 12 novembre 2017

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VISITE APPROFONDIE A l'OUVRAGE : A HISTORY OF THE ISRAELI PALESTINIAN CONFLICT (I)

L’ouvrage qu’on s’apprête à introduire et commenter est d’une envergure exceptionnelle, pas seulement par le volume (plus de 800pp) mais aussi par un contenu documenté dans les moindres détails. C’est l’œuvre d’un historien Nord -Américain qui vise à montrer les origines complexes d’un conflit qui ne correspond pas vraiment au titre car le conflit du Proche -Orient est mondial en fait.

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INTRODUCTION ET COMMENTAIRES:PARTIE I
A HISTORY OF THE ISRAELI PALESTINIAN CONFLICT
Par Mark TESSLER ( Indiana University Press)
L’ouvrage qu’on s’apprête à introduire et commenter est d’une envergure exceptionnelle, pas seulement par le volume (plus de 800pp) mais aussi par un contenu documenté dans les moindres détails. C’est l’œuvre d’un historien Nord -Américain qui vise à montrer les origines complexes d’un conflit qui ne correspond pas vraiment au titre car le conflit du Proche -Orient est mondial en fait. Le livre montre les origines, les développements, les tours et détours, les méandres d’une Paix Juste Durable et Négociée qui clairement est l’objectif de l’Auteur ; sa deuxième édition s’arrête en 2009 ; de ce fait l’actualité la plus récente manque ; le livre n’est étrangement pas traduit en Français ; à croire qu’en France il est trop dérangeant …..
L’auteur est nord -américain, juif sioniste, sioniste progressiste. Il convient aussitôt de préciser ce point : l’auteur attribue aux « deux peuples », Juif et Palestinien « des droits égaux sur la terre de Palestine » , celle du Mandat britannique, qui s’interrompt comme on sait en 1948.
Droits égaux ? Non.
D’abord le « Peuple Juif » n’existe pas. Ensuite, l’ « Exil » n’a jamais eu lieu comme le prouve Shlomo Sand dans le second de ses ouvrages magistraux ( « Comment le Peuple Juif fut inventé » et » Comment la Terre d’Israël fut inventée ») ; les Romains n’expulsaient pas les populations des Territoires conquis par les Légions ; enfin , ce n’est pas la moindre des questions , le sionisme – toutes tendances confondues – se réclame d’un droit historique à un « retour » qui suppose un « départ » qui ne s’est jamais produit ; ce n’est évidemment pas l’essentiel : il n’existe pas de droit historique ainsi entendu . Il n’existe pas de « droit historique » incluant l’Alsace et la Lorraine dans le territoire français appuyé sur des faits anciens où la volonté populaire ne se manifeste pas ; par contre il est avéré que les populations d’Alsace et de Lorraine n’entendent dans leur immense majorité pas vouloir d’un nouveau changement de nationalité ; le sionisme se réclame d’un « droit » inexistant . Qu’en est-il pour la population autochtone de Palestine ? Si la Terre appartient à qui la rend meilleure selon les termes de Bertold Brecht, le droit est de façon évidente du côté de la population autochtone de Palestine ; la notion de « peuple palestinien » est très récente comme on le verra. Cette vision de « droits égaux » sur le Territoire de la Palestine mandataire est totalement dépourvue de fondement. Ce qui, on s’empresse de l’ajouter, ne signifie en aucun cas renvoyer dos à dos les principaux protagonistes.
Cela dit, et au -delà des polémiques historiques, il existe aujourd’hui, en principe, sur le Territoire de la Palestine mandataire deux Etats ; l’un d’eux, Israël existe depuis 1948 ; l’autre, la Palestine, créé par la même Résolution de l’ONU n’existe encore que sur le papier en dépit d’immenses efforts pour lui conférer des structures qui n’en fassent pas un mythe et il faut y insister un début de reconnaissance internationale . Le FAIT est qu’aujourd’hui et depuis des décennies, malgré un engagement solennel, Israël s’évertue à tuer l’idée qu’il puisse un jour exister un Etat de Palestine. Il n’y a aucune symétrie dans cette situation, pas de dos- à -dos imaginable . Mais malgré le parti pris initial, l’ouvrage est tendu vers l’idée que la solution à deux Etats indépendants et vivant côte à côte est pensable et l’Histoire, malgré les atrocités, les méandres, les contradictions de toute nature, indique que c’est vers cette solution que se trouve le chemin de la raison, l’alternative conduisant à une espèce d’anticipation de l’Apocalypse.
Il n’est pas temps de dévoiler complétement d’où je parle. Je veux en venir rapidement au cœur du sujet ; une anecdote sèmera néanmoins quelques cailloux de Petit Poucet ; nous, Pascal Lederer et moi-même, rencontrèrent à plusieurs reprises le précédent Ambassadeur de Palestine en France ( je ne donne pas son nom par crainte de l’écorcher) ) : son discours me stupéfia . Je ne peux que répéter un passage qui s’imprima de façon indélébile dans mon esprit : » Nous n’avons aucun besoin de voix « pro-palestiniennes » ni de voix « anti-israéliennes » ; ces voix-là ne nous aident en rien ; ce que nous voulons c’est construire l’Etat de Palestine, notre Etat, ici et maintenant » . Ce passage suffit et se passe de commentaires ; c’était à des années-lumière de ce qu’on pouvait lire sur la Toile ; cet homme-là était obsédé par la réalisation de l’objectif et cela en dépit de tous les obstacles qu’il voyait comme n’importe qui. Nous ne représentions qu’un courant d’opinion modeste et même très modeste ; notre interlocuteur n’avait aucune raison de chercher à nous « rassurer » ; il était l’antipode de l’officiel à la langue de bois.
Le discours « antisioniste » ordinaire charrie souvent de la haine ; lorsque c’est le cas, et quelles que soient les protestations des auteurs, c’est l’influence de l’extrême droite qui s’y manifeste ; l’antisémitisme n’est pas seulement un crime mais prend toujours et partout ses racines à l’extrême droite. Il n’existe pas « d’antisémitisme de gauche » même lorsqu’il croit épouser la cause des droits fondamentaux du peuple palestinien qui n’en a nul besoin. Shlomo Sand distingue la judéophobie de l’antisémitisme mais comme je n’ai pas trouvé dans ses écrits de quoi me faire une opinion à cet égard, je ne ferais pas ce distinguo à mes yeux trop subtil.
On commence à voir que la suite n’est pas destinée « à plaire à tout le monde ». Mais à cela je ne peux que répondre :« vouloir plaire à tout le monde est suspect mais vouloir plaire à tout le monde en temps de révolution est un crime ».

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