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Billet de blog 15 juillet 2017

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HENRI MALBERG

Quelques mots pour sa Mémoire

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’ai entendu parler de Henri dès mon adhésion à la Cellule Evariste Galois à l’Institut Henri Poincaré ; on en parlait comme d’un Responsable communiste important en charge « des Intellectuels » comme on disait alors. Je partis rapidement pour Strasbourg où à nouveau des camarades nouvellement arrivés en poste en parlèrent avec respect. C’était dans les années 70.
Henri devait ensuite suivre la Fédération du Bas Rhin et c’est à cette occasion que j’appris à savoir qui il était vraiment ; ses interventions en Comité Fédéral me saisirent tant par leur profondeur que par leur gravité ; de ce moment mon activité politique changea ; d’un peu infantile elle devint mûrie ; Henri avait un style inimitable ; il ne faisait jamais « la leçon » ; avec lui la politique était une affaire grave et ample ; le communisme imprégnait toute sa réflexion.
Il dormit chez nous , ma femme et moi ; à cette occasion nous eûmes un peu l’occasion d’échanger ; la conversation porta sur l’Europe de l’Est , spécialement la RDA ; Henri sut avec une délicatesse tendre nous faire entendre ce qui à l’époque pouvait être considéré comme des racontars ; il détestait le style de direction des « pays frères » ; il avait perçu non pas beaucoup de choses mais l’essentiel ; il n’y avait rien à attendre d’eux ; leur pratique du « communisme » était à des années-lumière de ses conceptions ; leur caractère guindé, empreint de fatuité les éloignaient du peuple , de la classe ouvrière ; ce fut la première leçon ; nous étions à ce moment en pleine bataille du Programme Commun. C’est dire que Henri était d’une absolue lucidité et ne se racontait pas d’histoires ; il n’en contait pas non plus …….
Je n’hésitai pas une seconde à l’appeler en pleine nuit à Paris au début des années 80 après la victoire de F Mitterrand ; ce que je pouvais voir de l’état du PCF au sein des universitaires m’avait affolé ; ça complotait dans tous les coins ; pour moi c’était un motif de préoccupation ; Henri donna suite ; évidemment il se doutait de la situation…. On ne pouvait cependant pas colmater les failles avec son doigt.
Je le revis ensuite, longtemps après , ayant été élu au Conseil National du PCF ; pas une fois , venant à Paris je ne manquais une occasion de le voir dans son bureau ; Henri travaillait constamment ; il lisait tout ; c’était un obsédé de l’avenir ;d’un avenir progressiste dans lequel le PCF aurait à gagner une nouvelle confiance et à assurer son rôle d’éveilleur ; les petites idées , les ambitions mesquines ne faisait pas partie de son monde ; à chaque rencontre , l’étendue de sa culture , la finesse de son regard me frappèrent de façon indélébile ; au travers de terribles aléas de la vie , c’était en tout temps , en tout lieu, un homme debout. Les Interviews longues qu’il accorda sont des exemples de pudeur , de tendresse , d’humanisme vrai . Avec lui disparaît une grande figure du communisme français ; il n’aimerait pas ma conclusion ; je la risque cependant :
Que s’ouvre devant Henri la Grande Porte de Kiev .

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