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Billet de blog 20 juin 2017

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UN OU DEUX ?

Les discussions si on peut toutefois les qualifier ainsi vont bon train à l’issue de cette séquence électorale terrible : un ou deux groupes à l’Assemblée Nationale ? On va tenter ici d’y apporter une réponse sur une base différente de tout ce qui a été publié jusqu’à présent et il est certain que cette réflexion n’influera pas sur la décision qui sera prise; elle peut être utile pour la suite

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UN OU DEUX ?
Les discussions si on peut toutefois les qualifier ainsi vont bon train à l’issue de cette séquence électorale terrible : un ou deux groupes à l’Assemblée Nationale ?
On va tenter ici d’y apporter une réponse sur une base différente de tout ce qui a été publié jusqu’à présent et il est certain que cette réflexion n’influera pas sur la décision qui sera prise mais elle peut être utile pour la suite.
Le point de vue développé ici est le suivant : je pars de notre stratégie que je résume une fois encore – en admettant par avance le reproche de schématisme -:
Contribuer à construire un mouvement populaire majoritaire visant à un gouvernement de gauche appliquant une politique de gauche ;
On peut penser que cette perspective a été rejetée aux calendes de l’espérance mais ce n’est pas mon point de vue ; cet objectif reste à mes yeux central et actuel.
Comment vais-je développer ensuite ? Je prétends à une certaine originalité : Jamais, je pense, le PCF n’a été autant sous les balles et la mitraille depuis la seconde guerre mondiale, et les coups, sont venus non d’un mouvement fasciste mais qui à défaut de se réclamer de la gauche en fait néanmoins partie quoi qu’il en pense ; il pourrait sembler impensable d’envisager la suite sans avoir en tête cette situation parfaitement insupportable et les décisions pourraient à bon droit en porter la marque .
D’un autre côté on peut considérer la question « un ou deux » comme relevant du « pragmatisme » qui est aujourd’hui à la mode ;
Aucun de ces positionnements ne s’inscrit a priori dans la stratégie rappelée du PCF et je n’en partirais pas.
Dans ce qui suit je fais ce qui s’appelle un raisonnement à la limite ( il me semble que cela a des précédents chez une figure notable à savoir K Marx bien qu’à aucun degré je ne prétende « être marxiste » ; mon esprit est loin d’avoir la hauteur nécessaire pour cela ) .
Je fais donc l’hypothèse que d’une part la question de la faisabilité ne se pose pas ( on peut constituer un groupe PCF FG APPARENTES ) et d’autre part qu’il n’est mis aucune condition préalable par FI à la constitution d’un groupe unique PCF FG/ FI APPARENTES .
En quoi la constitution d’un groupe unique de cette nature facilite-t-elle notre stratégie ?
1) On peut penser que dès lors que deux groupes ayant des plages importantes de convergence ( ce qui est indéniable au moins pour les premières étapes envisagées du gouvernement Macron ) s’unissent pour faire front commun , on a justement au niveau de l’Assemblée Nationale exactement la configuration donnant au pays un signal fort : les affrontements d’hier sont mis à la trappe et ce qui « rassemble est bien plus fort que ce qui divise » selon une formule consacrée .
2) Commence alors une longue négociation entre les composantes du groupe unique ; une négociation dépourvue d’agressivité mais …une négociation ; je n’y insiste pas plus outre ; on voit bien qu’il faut définir un code de conduite , les conditions dans lesquelles chaque composante est respectée , la Présidence ( qui peut alterner au cours du mandat etc…) ; tout cela qui n’est pas d’une simplicité enfantine mais faisable( a priori ) prend du temps et ce n’est pas l’essentiel : le point est que les composantes sont différentes ; que rien n’exclut des désaccords ultérieurs qu’aucun code préalable n’effacera . Que ces désaccords nécessairement importants puissent avoir des conséquences sur la visibilité du Groupe est une évidence mais ce n’est pas l’essentiel.
Un Groupe unique tend à effacer les frontières de partis ; ce fait n’est pas niable ; il était en germe dans les tentatives d’organisation unique antérieures ; cela peut séduire une partie de l’opinion de gauche au moins pour un temps ; mais cela présente pour le PCF l’immense inconvénient de l’empêcher dans une large mesure de déployer sa stratégie comme il l’entend. Si la bonne entente règne dans le Groupe, le PCF devient ipso facto inaudible en tant que force politique ; si des désaccords se manifestent c’est pire uniquement pour le PCF ; nos compatriotes ne veulent pas démêler.
Un Groupe unique à l’Assemblée c’est la garantie de l’inutilité à terme du PCF.
On peut arguer que, pourtant il n’y avait à gauche qu’un seul candidat pour la présidentielle et que, sous bénéfice d’inventaire cela a conduit à un score « splendide » gâché néanmoins ; mais c’était là une situation tout à fait singulière. Elle ne dit rien sur l’avenir.
En quoi l’existence de ce Groupe unique favoriserait-il un rassemblement populaire majoritaire à gauche dès lors qu’il laisserait sur la touche une foule de compatriotes qui ne se reconnaissent dans aucune des composantes du Groupe unique ?
J’ajoute, bien que ce ne soit pas essentiel pour le propos que le PS n’étant pas mort, en dépit des annonces à son de trompe, se présenteraient alors à l’opinion deux forces concurrentes voire antagoniques à gauche ; des difficultés nouvelles ne peuvent qu’en surgir ; on ne voit pas en toute hypothèse le PS laisser le champ libre.
L’option du Groupe unique est clairement une forme de l’effacement des partis politiques prétendus « anciens » et « dépassés » , je le répète, sans aucun bénéfice pour le rassemblement majoritaire qu’il s’agit de construire .
Si en outre, après ce descriptif à la limite, on introduit les paramètres actuels que personne ne saurait ignorer la chose paraît simplement illusoire.
3) Considérons à présent et dans les mêmes conditions limites l’hypothèse de deux groupes distincts ; l’existence de convergences importantes n’est en rien un handicap à des votes communs sur toute question qui fait l’objet d’accord mais en outre laisse au PCF toute latitude pour explorer des accords avec d’autres notamment au PS ; cela fut tenté sans succès dans la précédente mandature mais ce n’est pas un motif d’y renoncer . Clairement c’est l’une des différences centrales entre le PCF et FI dont la question du rassemblement est le cadet des soucis ; le PCF pense la rassemblement en termes de contenus et en termes de mise en mouvement citoyenne ; FI pense le second de ces termes sous une forme qui lui appartient et qu’il n’est pas dans mon propos de décrire mais la question du contenu politique dudit rassemblement est chez FI résolue avant d’avoir été posée ; c’est le programme « l’avenir en commun » ; il n’est pas dans mon esprit de discuter des différences de programme ; elles sont importantes mais ce n’est pas le sujet ; le PCF entend contribuer par ses propositions qu’il ne considère pas comme intangibles ; il attachera la plus grande importance à ce que ceux des compatriotes qui se montreraient disponibles pour échanger pourraient dire ; mais ce n’est pas la conception de FI et ce n’est pas l’injurier que de le dire . FI pense d’abord en termes organisationnels ; c’est son droit ; elle ne saurait prétendre imposer ce point de vue
4) Au-delà de ces considérations voici ce qui me semble encore plus important ; on peut- ce n’est pas mon cas-, considérer que les partis politiques sont utiles comme le sont les derniers des ustensiles de cuisine , une réminiscence du passé . Mais que fait-on alors de la crise systémique et civilisationnelle ? Celle-ci est mouvante et pose sans cesse de nouvelles questions à la solution desquelles il est indispensable de contribuer ; c’est là l’un des rôles majeurs du PCF, un rôle qui contribue justement au rassemblement populaire majoritaire au lieu de l’enfermer dans des réponses intangibles qui ne peuvent à terme que se révéler dépassées.
Et en outre, si la période des décennies qui précédent a un sens , elle doit apprendre à décliner la question de l’unité du mouvement populaire de façon complétement nouvelle ; faire des différences un absolu infranchissable est contraire à toute possibilité de rassemblement populaire majoritaire à gauche mais en faire fi , ce qui était la grande loi hier , étouffe le mouvement populaire à construire ; les mécomptes sont toujours au bout de cette démarche profondément réductrice .
Il importe au premier chef qu’à gauche cette nouvelle période apprenne aux différentes composantes de la gauche que le débat incisif ET PUBLIC fait partie intégrante du rassemblement. Si l’union est un combat, alors les forces du capital ont un bel avenir devant elles, si l’union est un DEBAT alors chaque composante, chaque sensibilité apporte sa pierre à l’édifice et chacune et chacun de nos compatriotes peut si elle ou il le souhaite s’y investir ; c’est tout sauf une vue de l’esprit si on écoute F Ruffin.
On aura compris que pour moi, la solution prétendue du Groupe unique n’en est pas une .

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