PROPOS CARRES SUR UNE TABLE RONDE.
(Colloque IREMMO 2° Table Ronde :27NOV 2017)
Encore sous le choc de l’entretien accordé par Mme Leïla Shahid , je découvris le colloque récent de l’IREMMO qui est co-dirigé par Dominique Vidal .
Des Trois tables rondes de ce Colloque je retiens la seconde ; je voudrais insister , la SECONDE , parce qu’elle apporta à mon sens ce qui manquait dans la première ; je ne parlerais pas de la troisième , plus classique .
Je commence par cette « révélation » : Tout ce qui sort de la solution à DEUX Etats est baliverne.
Il s’en faut qu’on ait tout dit avec cela ; d’où les propos qui vont suivre.
Trois interventions à cette Table Ronde sortent à mes yeux de l’ordinaire. Je ne veux être désagréable avec personne, ni insinuer que les autres contributions sont sans intérêt. Mais celles – là tranchent : elles le font, chacune à leur façon, par leur clarté , l’absence totale de langue de bois et avant tout par leur COMMUN REFUS de s’enfermer dans « NOIR C’EST NOIR » .
Dans l’ordre il s’agit de :
AYMAN ODEH , membre de la Knesset ,Secrétaire national du parti communiste Hadash ;
DANIEL SHEK , ancien Ambassadeur d’Israël en France
ZEEV STERNHELL, Historien israélien , qu’on ne présente pas .
Ces trois interventions israéliennes , très différentes par leur tonalité et leur sensibilité politique ont un point commun fondamental en dehors de la question des deux Etats dont nous avons parlé ; toutes veulent sortir de ce conflit par le haut et donnent leur point de vue sur ce qui est pensable , possible et ce qui ne l’est pas .
Dans ces trois interventions je retiens d’abord celle de Ayman Odeh : Il dirige la Liste Unique à la Knesset, laquelle à la stupéfaction de beaucoup obtint 13 siéges , ce qui est une gageure . Son discours est le premier discours POLITIQUE sur le sujet venant d’un dirigeant palestinien – israélien : on ne le résume pas ; il incarne le mouvement de lutte à la fois pour les Droits fondamentaux du Peuple Palestinien , en Israël ET en Palestine occupée en même temps que l’idée qu’une paix juste durable et négociée est possible , qu’il est hors de question d’abandonner cet objectif , et cet objectif lui-même ne peut être atteint que par le rassemblement populaire le plus large en Israël ET en Palestine Occupée .
La force politique qu’il incarne superbement est déjà la force principale qui impose au gouvernement israélien de compter avec elle. Ce même gouvernement avance , il avance beaucoup trop et trop vite mais AYMAN ODEH incarne la promesse , l’espérance et la force déterminante pour la suite .
Daniel Shek : c’est un diplomate , un orateur brillant et un pur produit de l’establishment israélien , universaliste dans une certaine mesure , pas très à gauche mais quand même …, et un esprit profondément politique ; il commence par tancer l’auditoire ; il commence avec un grain de suffisance très caractéristique par indiquer qu’il faut sortir des idées reçues et des sentiers battus . Il y a dans son discours beaucoup d’aspects où, avec la meilleure volonté on ne peut pas le suivre, mais :
Si , nous dit-il , la « gauche » et la droite en Israël , c’est pareil , si Avi Gabay et Naftali Bennett , c’est pareil , si Oslo n’était qu’un piége , si Oslo c’est pareil que le transfert de populations ( voir à ce sujet le jugement de Mme Leïla Shahid) , si vous attendez que Ayman Odeh – pour qui il professe une admiration hors de doute- , devienne premier ministre en Israël , alors nous dit-il , il y aura dans 20 ans un Colloque de l’Iremmo pour « lamenter » .
Sur le reste de son intervention, beaucoup est à discuter et je n’entrerais pas dans le détail, j’en dirais cependant un mot parce que à mes yeux , c’est important : il indique que à son avis DEUX types d’initiatives doivent se mettre en place ,car la question clé est celle du conflit israélo-palestinien, mais c’est en fait une question concernant TOUTE LA REGION ; de ce fait il doit y avoir d’une part une initiative de paix avec tous les partenaires REGIONAUX possibles et d’autre part une initiative avec les partenaires occidentaux d’Israël et de la Palestine ; il ne s’agit pas d’initiatives concurrentes mais complémentaires à ses yeux avec un va -et vient entre les deux .
Son « principe de réalité » n’est pas le mien pour aller vite. Mais tout progressiste français et au-delà tout.e citoyen.ne attaché.e à contribuer à sortir d’un gouffre de souffrances , de discriminations et de risques potentiels immenses DOIT ENTENDRE et pas seulement écouter poliment . Au demeurant Ayman Odeh ne dit rien d’autre en insistant sur l’indispensable dialogue politique à avoir avec les forces pacifistes et de gauche d’Israël.
Zeev Sternhell : pas de pathos avec lui non plus ; politiquement, il est sans doute plus à gauche que Daniel Shek , mais inclassable .
Il dit : « La politique israélienne d’aujourd’hui n’EST PAS SIONISTE , le sionisme a achevé son programme en 1949 avec la création de l’Etat d’Israël . » ; il ajoute : « peu importe que tel ou tel acte soit ou non légal , peu importe que tel ou tel texte permette ou non , l’important n’est pas ce qui est LEGAL , mais ce qui est LEGITIME ; en 1949 , ce qui a été fait était LEGITIME , ce qui eut lieu après 1967 , et que personne n’avait ni prévu ni même envisagé ne l’est pas . Non seulement c’est illégitime mais même pas nécessaire ; Israël n’a pas besoin de la Cisjordanie et de Gaza. »Les terres qui se trouvent au-delà de la Ligne Verte ont été volées . Le vol , la spoliation , la colonisation , l’occupation ne sont PAS LEGITIMES .
Puis arrive l’essentiel : « si on veut avancer, il pèse chacun de ses mots , si on veut ouvrir une lueur d’espoir , il n’y a pas plusieurs possibilités : les palestiniens DOIVENT reconnaître que 1949 est définitif ; cela implique qu’il n’y aura PAS de « droit au retour » ; d’autre part les israéliens doivent reconnaître qu’au-delà de la Ligne VERTE , c’est-à-dire les frontières de 1967 , commence un autre Etat , celui de Palestine. »
« Arafat aurait DÛ aller de village en village et dire à ses frères et sœurs : conservez les clés de vos maisons , donnez les aux générations qui suivent mais dites vous que vous ne reviendrez JAMAIS » Pour des raisons de rapprochement familial , on peut imaginer des exceptions de l’ordre de 10000 , et bien sur il faut des dédommagements financiers » .
« Les colonies israéliennes ? Quelques rares implantations demeureront mais l’essentiel devra partir et c’est parfaitement faisable. »
Mais l’essentiel est ceci : ce qui a été fait en 1948-1949 est IRREVERSIBLE , pour autant qu’il y ait de l’irréversibilité en histoire …. »
Zeev Sternhell défend l’idée « du peuple juif qui a eu besoin d’un toit …. » Personne n’est obligé de le suivre ici ; en tout cas pas moi ; mais ce n’est pas le sujet. On n’est pas non plus tenu de considérer que ce que dit Sternhell est LA VERITE dont il n’y aurait pas à sortir ; mais bien évidemment il FAUT L’ENTENDRE .
Comme déjà signalé , je ne dirais rien de la 3° Table ronde . Je ne serais sans doute pas très affable …..
Billet de blog 21 décembre 2017
PROPOS CARRES SUR UNE TABLE RONDE.
Encore sous le choc de l’entretien accordé par Mme Leïla Shahid , je découvris le colloque récent de l’IREMMO qui est co-dirigé par Dominique Vidal . Des Trois tables rondes de ce Colloque je retiens la seconde ; je voudrais insister , la SECONDE , parce qu’elle apporta à mon sens ce qui manquait dans la première ; je ne parlerais pas de la troisième , plus classique .
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