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Billet de blog 24 novembre 2017

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Il Court, il court le Furet….. ( Partie II)

Ceci est la seconde partie d'un Billet paru sous le même titre et publié directement sur Facebook

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Il Court, il court le Furet….. ( Partie II)
En me relisant je vois que j’ai oublié certains aspects et non des moindres .
Sur Sionisme, antisionisme, j’en ai assez dit pour le moment ; reste, si j’ose dire la question de la politique israélienne ; qu’elle soit absolument condamnable n’est pas une question ; la protestation devrait être universelle ; elle en est loin . C’est MON souci. Tout ce que je lis sur le mouvement BDS contient divers aspects ; j’en approuve sans réserve certains et suis en total désaccord avec d’autres mais ce n’est pas le sujet de ce billet ou indirectement.
1) Beaucoup de monde condamne ; pour de bonnes et de mauvaises raisons ; mais ladite condamnation est souvent trop souvent muette. D’innombrables citoyen.nes de France et d’Europe ne savent que faire ; beaucoup veulent à très juste titre ne pas mêler leur voix à celles du furet. Le boycott des produits, services, entreprises issus ou implantées dans les colonies ne leur paraît pas le meilleur moyen ; la question n’est pas de savoir si c’est légitime ou non, c’est un FAIT.
2) Les expressions à vocation « radicale » ont TOUTES un point commun singulier et en fait deux.
De loin le plus important est qu’on ne voit que très, mais vraiment très rarement que soient ciblés les personnages qui ont tout moyen d’arrêter ça. MAINTENANT.
Je veux évidemment parler de ce qu’on appelle « les politiques ».
Pas les miens évidemment. Ils sont sur la brèche mais beaucoup trop seuls.
On peut sans s’y arrêter prendre le cas de Salah Hamouri. Réaction du gouvernement ? A minima. C’est un ressortissant français… Ça pourrait suffire. Que fait Mr Le Drian ? En dehors des ventes d’armes dont il est un champion ? On ne sait pas ; la diplomatie a besoin de « discrétion ».
Mais pour Hariri on se bouge …. Vite et fort. A qui fera-t-on croire que notre pays ne dispose d’aucun moyen de pression sur le gouvernement israélien ?
Pour autant on est avec ce cas loin de compte. La politique israélienne bafoue le droit international à laquelle la Déclaration d’Indépendance – qui aux termes mêmes de l’ONU tient lieu de Loi Fondamentale avant ratification d’une Constitution, le lie explicitement . On peut même ajouter que ce point précis ennuie profondément le gouvernement israélien qui voudrait bien pouvoir s'en dégager . Or s'en dégager revient à annihiler ce qui fait sa légitimité internationale . Ce n'est pas rien .
Cela ne sera pas évoqué ….
Le second point commun moins important, KOI-KE, est que ces proclamations ne disent pas clairement si elles en sont restées à l « entité sioniste », corps étranger. On développera ce point mais je veux préciser que je ne me situe pas dans le procès d’opinion : parfois ces proclamations sont sans équivoque et parfois non.
3) Intéressons-nous au premier de ces points ; beaucoup de ces proclamations en restent au « mouvement BDS » ; lequel exactement, on ne sait pas toujours. Deux observations rapides à ce sujet : a) il paraît que cette forme d’action vient « de la société civile palestinienne » ; personne ne sait ce qu’est « la société civile » et celle-ci n’a jamais, où que ce soit , d’ « expression ». Mais admettons. Pourquoi en rester à une « action citoyenne » ??? Elle n’est pas inutile si elle vise les colonies, les Territoires occupés bien évidemment mais là encore, le POUVOIR POLITIQUE n’est pas ciblé. On se demande bien pourquoi. Nos compatriotes ont le devoir d’agir certes et en tout cas je le répète, pour tout ce qui concerne les Territoires occupés de Palestine . Mais comment en même temps faire comme s’il n’y avait pas de gouvernement ???? Le Parallèle avec l’Afrique du sud ne résiste pas à l’examen. L’opinion mondiale se mit en mouvement très tardivement et ACCOMPAGNA des décisions déjà en cours.
Mais en fait, il y a plus important. On fait des masses de commentaires sur des désinvestissements partiels qu’il faut certainement saluer comme des étapes ; et je ne suis pas aveugle devant les fulminations gouvernementales israéliennes. Mais leurs attendus me semblent plus relever de la guerre idéologique que d’une vraie crainte. La raison en est simple : je ne vois pas du tout Israël isolé commercialement ; le traçage nécessaire des produits services et entreprises qui sont issus et /ou investissent dans les , des Territoires Occupés est tourné très et trop facilement . La propagande israélienne vise autre chose ; elle vise les ambigüités inhérentes à la campagne BDS.
Qu’on ne s’y trompe pas : je soutiens sans réserve cette campagne pour autant qu’elle vise exclusivement le Boycott de ce qui porte la Mention Produit d’Israël alors qu’il est notoire que cela vient des Territoires Occupés de Palestine ; pour ce qui me concerne- et ça n’intéresse personne- je pense n’avoir jamais acheté de produits israéliens mais cela ne participe pas de ma part d’un boycott général.
Tout cela dit, il faut parfois mettre les points sur les « i » ; cette campagne a le souffle court et EXONERE complétement les pouvoirs politiques d’Etats puissants qui devraient jouer un rôle de premier plan, le dernier exemple étant le VOTE à l’ASSEMBLEE NATIONALE pour la reconnaissance de l’Etat de Palestine, lequel comme on le sait est mis au tiroir par le gouvernement français et spécifiquement les Présidents successifs. Comment peut-on les laisser tranquilles ?
4) Bien plus grave est l’abandon apparent du terrain que constitue l’Union Européenne. Il serait indécent de ne pas voir que récemment en tout cas, le gouvernement israélien, sentant le danger , s’y intéresse aussi et fait un paquet cadeau entre BDS et l’exigence de suspension de l’Accord de Coopération UE -Israël , laquelle n’est encore que timidement avancée; mais cet amalgame ne doit pas faire illusion ; voici pourquoi .
Tout.e militant.e pour les Droits Fondamentaux du peuple palestinien est supposé rechercher en principe le soutien le plus large possible ; quoiqu’on en pense , cet objectif , relativement au boycott partiel ou non ne peut pas prétendre faciliter le rassemblement nécessaire sauf à ….. utiliser le furet , ce que font certains ouvertement ou non ; on reviendra sur cet aspect plus loin. Tout autrement se présente a priori la question de la suspension de l’Accord mentionné. En effet, personne dans l’Union Européenne ne peut prétendre qu’un tel Accord en l’état est conforme aux règles et valeurs affichées par l’Union Européenne et rabâchées à chaque heure du jour ; la politique israélienne viole tout ; les résolutions de l’ONU et les Traités européens . Ratiociner à cet égard est impossible ; mais en outre l’absence du terme « boycott » est de nature à libérer des expressions jusque là gelées .
Personne ne s’illusionne sur les difficultés du chemin à parcourir ; hier l’Allemagne prétextait son lourd passé pour ne pas toucher à un cheveu d’Israël ; c’était aussi le cas de plusieurs pays scandinaves. Les réponses à ces prétendues objections tardèrent. N’est-il pas cependant évident que si le « lourd passé » de l’Allemagne pèse autant sur ces dirigeants, ils devraient être au premier rang pour faire entendre au gouvernement israélien que l’oppression d’un peuple – dans leur cas de plusieurs et nombreux – conduit le pays qui s’y livre, à la catastrophe même différée ? L’Allemagne devrait être au premier rang d’une grande politique de paix ; elle n’avait pas d’intérêts au Proche Orient à ce qu’on sache contrairement aux puissances mandataires. Comment peut-on prétendre se libérer d’un « lourd passé » et fermer les yeux sur des exactions sans fin qu’une occupation violente implique au point de pouvoir dire « LE PROBLEME EST QU’IL N’EXISTE PAS ASSEZ DE MANQUE DE SIMILITUDE. Le manque de similitude n’est pas assez fort pour faire taire une fois pour toutes les échos diaboliques. » ???
Le Gouvernement allemand si prompt à exiger pourrait et en fait DEVRAIT.
Le Gouvernement français n’est pas en reste vis-à-vis de cette exigence ; son Président avant de le devenir parle en Algérie de « Crime contre l’Humanité » s’agissant de la guerre coloniale menée par la France en Algérie ; paroles, paroles ?? Ses liens avec les gouvernements israéliens successifs se passent de commentaire : il ne peut pas demeurer muet, il ne peut pas rester spectateur. En persévérant il se fait complice. Est-ce si compliqué à faire entendre ?
Que monte CETTE expression et demain tout change au Proche Orient sauf …. A préférer le maintien du « problème » à une solution JUSTE PACIFIQUE ET NEGOCIEE dont les piliers sont notoires et connus universellement.
5) RETOUR AU FURET
Soyons clairs jusqu’au bout ; à gauche en France, ne manquent pas les voix progressistes « antisionistes » ; à l’heure des grandes réévaluations il serait utile de se souvenir que cette terminologie fut utilisée à son de trompe dans les ex pays socialistes , l’URSS en premier lieu et que cet «antisionisme » d’Etat ne fit que couvrir d’un voile pudique un antisémitisme d’Etat de plus en plus net . Mais ce n’est pas tout .
Parmi les voix qui s’expriment on trouve encore celles pour qui Israël comme Etat n’a pas sa place au Proche Orient ; sur d’autres billets on reviendra sur l’historique documentée ; ce n’est pas le point ici .
Ou bien on considère que l’ONU – quelles que soient ses faiblesses – donne une vision du DROIT INTERNATIONAL à un instant donné ou on considère l’ONU comme un « machin » dépassé. Mais il n’y a aucun entredeux possible. Si on vise en fait non pas la réalisation de la Résolution de l’ONU créant deux Etats sur le Territoire de la Palestine mandataire, mais la délégitimation de l’Etat d’Israël ( dans les frontières de 1967 ) , il faut avoir le courage de le dire explicitement sans se cacher derrière des arguties à prétention historique. Il est plus que douteux que cela soit de nature à rassembler largement mais c’est un point de vue que l’on peut défendre si on a le courage non seulement de la « position « mais de toutes ses implications et donc, volens nolens , le grand retour du furet … . La discussion sur la question de savoir si le Vote de 1948 fut ou non une « erreur historique » est intéressante au niveau académique et il n’est pas du tout certain que l’argumentation parvienne à cette conclusion mais en tout cas ladite discussion n’a aucun sens si on a en vue le règlement d’une question politique centrale pour aujourd’hui. Observons que les forces palestiniennes d’aujourd’hui ne posent plus très majoritairement cette question. Leur objectif est de construire l’Etat de Palestine en balayant un à un tous les obstacles ; je ne vois pas qui dans notre pays ou dans l’Union Européenne peut prétendre se substituer à ces forces . On lit à cet égard toutes sortes de jugements tranchés sur les trahisons éventuelles ; c’est d’ailleurs un virus ; Tsipras trahit, l’Autorité Palestinienne trahit etc. … En dépit d’obstacles immenses, la cause des Droits Fondamentaux du Peuple palestinien a marqué en 2016 des points considérables au plan international ; les négociations AP -Hamas montrent un nouvel état d’esprit ; la répudiation du terrorisme comme moyen de lutte au sein du mouvement de Libération de la Palestine gagne sans cesse plus de terrain ; un groupe parlementaire à la Knesset très actif et offensif a vu le jour et il ne fait aucun doute qu’il a vocation à gagner en influence . …Pendant ce temps la politique israélienne se poursuit mais dans des conditions de plus en plus difficiles ; elle cherche aujourd’hui un débouché vers une grande guerre ultime recours en toute occasion pour ces dirigeants obscènes et criminels vis-à-vis du peuple palestinien au premier chef et vis-à-vis du peuple israélien en second lieu .Mais cette grande guerre recherchée doit à tout prix éviter même aujourd’hui que Israël apparaisse comme son déclencheur . C’est bien plus compliqué qu’en 1967 …..
Une course de vitesse est engagée. Elle est gagnable si et seulement si on ne laisse pas le furet s’en mêler.

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