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Billet de blog 26 mars 2018

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COMMENTAIRES SUR LA CONTRIBUTION DE YVES DIMICOLI

Le texte vise sans détours la contribution de Pierre Laurent dont on peut regretter que sa diffusion ait été a priori limitée bien qu’il soit plus ou moins aisé de se la procurer. Au-delà, le texte met globalement en cause le – comment dire – « groupe dirigeant du PCF » étant entendu qu’il est supposé exister autour de Pierre Laurent un tel « groupe » .

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Commentaires sur la contribution de Yves Dimicoli 

L’exercice est complexe : en effet, sans citer correctement le texte , on risque de se faire accuser à bon droit de tronquer l’expression , donc de déformer la pensée de l’auteur que l’on tente de commenter .
Mais citer impose pratiquement le suivi linéaire du texte et de ce fait, volens nolens de s’inscrire dans sa logique ; mais heureusement dans le cas d’espèce , le risque est limité : le texte proposé est d’un seul tenant , cela aide au commentaire sans déformation .
Le texte vise sans détours la contribution de Pierre Laurent dont on peut regretter que sa diffusion ait été a priori limitée bien qu’il soit plus ou moins aisé de se la procurer. Au-delà, le texte met globalement en cause le – comment dire – « groupe dirigeant du PCF » étant entendu qu’il est supposé exister autour de Pierre Laurent un tel « groupe » . Bien qu’elle soit étrange on en commentera pas plus outre cette étrange dénomination. En tout cas pas d’entrée de jeu.
Yves écrit « Or, pour l'heure, ce congrès se prépare en chambre. Aucune campagne nationale de contre-propositions précises, propres à notre Parti, associée à des actions marquantes n’est engagée en riposte aux réformes de Macron. Juste peut-on noter, après une longue période d'effacement, un petit réveil, mais sans effort réel de propagande et de pédagogie sur nos propositions originales. »

Mais point n’est besoin d’avoir une vue globale et détaillée pour dire que ce texte commence mal. D’une part des forums nationaux soit, se sont tenus, soit, vont l’être ; d’autre part, la préparation de ce Congrès est diverse et je ne peux réellement en juger que par ce que je connais le mieux ; dans les Alpes Maritimes des initiatives populaires importantes ont lieu en même temps que les réunions statutaires . Même si c’est très inégal, même si je pourrais très vigoureusement critiquer tel ou tel aspect, ce que j’en vois – et le 06 a connu et connaît pour ce qui concerne le PCF de nombreuses péripéties- , est tout autre chose qu’un Congrès en chambre, il est impossible de se reconnaître dans cette formulation ; je ne parle même pas des participations aux manifestations de tout ordre en appui à l’ACTE I des mobilisations populaires autour des thèmes de la CGT .
Quel besoin y aurait-il d’aller plus loin ?
On part sur une contre-vérité absolue ; poursuivons cependant.
« Pourtant, il serait plus que jamais nécessaire de montrer que, si partout le « statu-quo » est effectivement intenable avec la crise systémique, des choix alternatifs cohérents, radicaux, réalistes sont possibles pour rassembler, infléchir, puis commencer à tout changer vraiment.

Mais si ces propositions conséquentes, première esquisse d’un projet révolutionnaire à construire dans la vie, aident au développement de luttes rassembleuses, alors leur mise en cause dans des débats de principe interminables n’auraient plus de sens. C'est pourtant ce qui se tente contre la « sécurité d’emploi ou de formation », proposition emblématique du PCF, avec l'illusoire « salaire à vie ».

A propos de « cohérents , radicaux , réalistes » , « de te fabula narratur » est -on tenté d’écrire ; on y reviendra ; la suite est tout à fait étonnante : « leur mise en cause dans des débats de principe interminables n’auraient plus de sens » ; « c’est pourtant ce qui se tente avec……….. » ; on écarquille les yeux . D’une part Yves ne peut pas citer une seule occasion où la sécurité d’emploi OU de formation « n’est pas mise en exergue dès que les principaux dirigeants du PCF s’expriment ; pas une fois on ne pourra sur ce point mettre en défaut Pierre Laurent ; peut -on en déduire que cette proposition où le OU majuscule ici remplace le ET très fréquemment utilisé sans qu’on sache exactement si c’est OU , ou ET qu’il faut énoncer . Mais c’est là passer à côté de l’essentiel ; en effet qui oserait affirmer que cette proposition répétée « ad nauseam » pour le coup est un corpus intangible du PCF ? ; il y a là une idée qui peut être féconde mais la considérer comme une des Tables de la Loi, non. Il faut être bien outrecuidant pour un parfait ignare pour l’écrire mais je m’y essaie car bien des aspects demeurent dans l’ombre pour mon petit esprit qui n’a pas manqué cependant de lire Paul Boccara dans le texte (la question de la Formation étant un continent largement inexploré dont certainement il ne suffit de loin pas de dire qu’on la transforme en un Service Public décentralisé …..) . Encore n’est ce même pas l’essentiel ; la suite est bien pire. Yves prononce là une sorte de Bulle papale ; ce n’est surement pas une façon de discuter même dans le cas où la thèse en question devrait être repoussée sans concession in fine ; justement IN FINE et pas a priori. Mais ce n’est toujours pas l’essentiel du propos . Il semble avoir échappé à Yves que le salaire à vie – le fait que ce soit exactement ou non ce que soutient C Friot n’a aucun intérêt-a fait irruption dans le paysage politique au moment de la Primaire du PS ; il ne m’intéresse pas ici de savoir si cette proposition est ou non la dernière lubie réformiste ; à partir du moment où des millions de nos concitoyen-nes s’en emparent , la caressent , c’est tout autre chose qu’une lubie . Voilà ce qui échappe complétement à Yves et c’est très préoccupant. On ne s’en tire pas par une excommunication fût-ce au nom du génial Paul Boccara , lequel peut-être ne l’aurait pas traitée ainsi . Le débat DOIT avoir lieu ; il doit avoir lieu à la façon dont des êtres humains cultivés et civilisés discutent ; c’est-à-dire non pas en assénant mais par une patiente et détaillée critique qui suppose peut-être que sous la pelure on finisse par trouver quelque chose qui se met sur la tête de façon parfaitement convenable ; je ne pense pas pour ma part qu’il y ait antagonisme irréductible mais je peux errer et je veux bien être convaincu comme une masse de compatriotes de gauche qui à leur façon dans un paysage dévasté par la crise cherchent à tâtons des solutions , et qui en tout cas ne sont pas disposés à adopter séance tenante une thèse qui prétend être la continuation d’un marxisme absolu . L’œuvre de K Marx ne nous dit pas grand-chose à ce sujet. Il serait utile de s’en rendre compte. On ne tirera pas de ce qui précède la conséquence que ce que dit C Friot me plonge dans l’extase et ce que dit Yves sous couvert de la pensée de Paul Boccara dans un mépris qui ne ferait que témoigner de ma stupidité. Cela fait des années que la thése de la « sécurité d’emploi OU /ET ( lequel au juste ? ) est répandue comme LA Solution révolutionnaire unique et définitive . Il y a trop de trous évidents pour qu’il en aille ainsi et d’autre part il ne fait pour moi aucun doute qu’une lecture plate de ce que dit C Friot , lequel a aussi des façons de prétendre que sa propre thèse est l’entrée obligatoire dans un communisme repensé , conduit à accepter de facto un chômage de masse comme une donnée immuable , raison sans doute pour laquelle B Hamon s’est approprié à sa façon l’idée .Bref il y a là un continent à explorer sérieusement d’autant plus qu’il ne s’agit pas du tout d’une discussion d’alcôves pontificales .

« Cela fut particulièrement le cas pour l’élection présidentielle de 2017, Pierre Laurent bafouant le vote majoritaire d’une conférence nationale, instance souveraine de notre parti, pour imposer aux communistes, de façon hyper-présidentialiste, la candidature d'un Mélenchon pourtant déjà très critiqué. »
On ne m’en voudra peut-être pas de ne pas reprendre le paragraphe qui précède celui-ci car dans cet extrait on rencontre des affirmations qui ne résistent pas à l’examen même superficiel. Qu’est ce donc que Pierre Laurent aurait « bafoué » ? Le fait de donner son point de vue lui est-il interdit ? On lui a fait crime de s’être prononcé avant le vote de la Conférence Nationale ; ce point n’est pas repris ici mais on peut supposer que c’est implicite dans l’ »hyperprésidentialisme » auquel Yves se réfère ; je ne crois pas faire partie des communistes qui n'entendent pas donner leur avis APRES y avoir songé mais simplement en suivant un chef  . Pierre Laurent donne son avis ; en quoi cela m’oblige-t-il à le suivre ? Certainement son avis compte comme il compte heureusement pour une grande partie des communistes mais pas davantage qu’elles et eux je ne me sens tenu de suivre sans examen ; J’ai fait comme beaucoup d’autres sans doute et attendu la tenue de la Conférence pour juger des arguments avancés par les un.es et les autres. J’ai même – je l’ai écrit publiquement -changé d’avis à l’issue du parcours. Mais en aucun cas, au moment où Pierre Laurent a donné son avis avant la Conférence Nationale
Quant à dire « instance souveraine du PCF « là, Yves franchit une ligne ce qu’il devrait s’interdire absolument . Nos Statuts sont sur ce point limpides : il y a souveraineté DES Communistes sur leur parti et pas celle d’une Instance comme une Conférence nationale aussi importante soit-elle.
Les communistes ont eu le dernier mot et voté ; Il n’y a eu AUCUNE COERCITION ; comment ont-ils et elles tranché ? Dans le sens de Pierre Laurent à une faible majorité. Cela s’interprète t-il ? Evidemment . C’est un choix majoritaire mais pas massivement majoritaire . D’une part il traduit des interrogations majeures face à une situation politique dont personne ne possède toutes les données , situation qui évoluera constamment par ailleurs .Mais personne ne peut transformer une majorité en minorité pour les besoins de sa cause ; il s’est trouvé une majorité de communistes pour estimer que le choix d’un candidat communiste n’était pas le bon ; beaucoup eussent préféré qu’il le soit ; et chaque communiste a procédé avant le vote à un remue-méninges considérable . Il n’y a pas « une raison » à ce vote et sûrement pas un effet de suivisme. L’intelligence politique des communistes mérite à mon sens tout autre chose. Et parlons clair : personne et Yves Dimicoli moins que personne ne peut imaginer que Pierre Laurent soit muet. Dès lors une question se pose : quand devait-il parler ? Yves n’aime pas du tout l’idée qu’il parle la veille de la Conférence ; on n’imagine pas que lui agrée l’idée qu’il s’exprime juste avant le vote et on n’ose pas penser qu’il eût trouvé bon qu’il le fasse après ….Alors quand ?
Plus loin, le réquisitoire ajoute « Quelle conception de notre démarche stratégique pourrait-elle justifier une évaluation moins critique d'un tel bilan ? Il exprime combien accorder le primat, au nom du « rassemblement », aux alliances électorales au détriment d'un apport original et autonome du PCF, à l'appui des luttes pour rassembler, est une impasse noire. » ;
Ce qui est d’une clarté limpide à la lecture est que malheureusement, on ne peut que s’exclamer douloureusement à son propos « VON DER MANNSCHAFT, KEINE SPUR »! Cette supposée célèbre exclamation traduisant la stupeur horrifiée des matelots découvrant le vaisseau fantôme – « de l’EQUIPAGE, on ne voit pas TRACE » , s’applique hélas à ce qui transparaît de la vision de Yves Dimicoli . Il n’y a pas d’ « équipage » au sein du PCF et pas davantage dans la société . S’il y a une conception qui rendrait moins critique l’évaluation d’un tel bilan , c’est évidemment celle pour laquelle l’ »équipage » serait premier et non une abstraction au mieux fantomatique ; Yves Dimicoli envisage-t-il une seconde pareille attitude chez VI Lénine pour qui l’obsession constante était la profonde connaissance de « l’état d’esprit des masses » même si non seulement l’expression est datée et à tout point de vue obsolète ; cette obsession prévalait chez lui sur toute considération théorique et on ne prétendra pas qu’il n’en avait pas .La stratégie dépend -elle de cet « état d’esprit » ? Dans sa formulation non ; dans sa mise en œuvre évidemment oui. Et il n’y a là aucun jésuitisme ni relégation de la stratégie au niveau d’une « tactique hasardeuse » .Les deux questions fondamentales que je m’évertue à souligner donnent ici des réponses d’une grande clarté : la décision prise conduit-elle potentiellement à un progrès même minime pour les populations concernées ? la réponse était positive ; il y avait des éléments communs entre ce que proposait le PCF et ce qu’avançait le « mouvement de Jean-Luc Mélenchon » ; la seconde question , à savoir , la décision conduisait-elle à créer les conditions d’un rassemblement populaire majoritaire à gauche ? La réponse était beaucoup moins claire au départ ce qui impliqua de la part de Pierre Laurent et d’une partie de la direction ( appelée « groupe dirigeant chez Yves Dimicoli ) une incessante activité pour obtenir que les différentes forces disponibles se parlent et s’entendent sur un contenu politique ; cette activité obsessionnelle ne fut hélas ni portée par l’ »équipage » interne au PCF ni par celui extérieur au PCF déprimé et ne sachant quel parti prendre en la circonstance ; mais ladite stratégie adoptée néanmoins par 94% des communistes conduisit à deux groupes parlementaires ce qui n’avait rien d’évident . Evidemment la question des alliances électorales est loin d’épuiser la question ; mais ce n’est surement pas l’y réduire que de souligner que sans créer les conditions dudit rassemblement tout le reste était vain . En quoi cette activité de Pierre Laurent qui n’était pas « tout seul » mais pas non plus soutenu comme il eût été souhaitable témoigne t’elle d’un quelconque effacement du PCF ? Si travailler ardemment et constamment à créer les conditions de CE rassemblement est de l’effacement, les mots sont vides de sens ; les conditions pour que ce rassemblement s’opère et crée la dynamique indispensable contenaient, on l’a dit , un pacte gouvernemental , dans lequel on eût pu tenter de faire avancer des idées que le PCF considère incontournables mais que jusqu’à présent , à des degrés divers il est seul à concevoir .
Plus loin « La visée de dépassement du capitalisme est très neuve dans le PCF. » : Le PCF ne l’a pas constamment formulée ainsi mais c’est évidemment le cœur de son activité et ce, depuis sa fondation ; sinon à quoi sert-t-il ? N’y a-t-il que la classe dominante pour le voir ? Yves Dimicoli ajoute « Ce concept fut, certes, repris de Hegel et enrichi par Marx, à l'époque duquel il était, cependant, irréalisable. Mais le mouvement communiste ne pouvait pas le concevoir en pratique, du fait-même de l'immaturité des conditions objectives, mais aussi parce qu'il fut longtemps hypnotisé, à des degrés divers, par l'expérience soviétique. Celle-ci, tout en assurant avoir « aboli » le capitalisme, ne fut soucieuse, en fait, que de le rattraper à coups de cravache étatiste, à partir de conditions initiales très arriérées. La tentative d'abolition, niant les forces, souplesses et réalisations du capitalisme pour n'en retenir que les malheurs qu'il engendre, a échoué ». Chipotera-t-on ? Oui sur la première phrase ; ce n’est pas parce que l’objectif ne fut pas réalisé à cette époque qu’il était « irréalisable » ; VI Lénine , encore lui , s’en prit durement à une vision des choses statique et qui pour tout dire conduisait au réformisme le plus plat : il s’agissait de la Russie et ce n’est pas l’échec terrible de ce moment historique qui prouve quoi que ce soit sur sa « réalisabilité » même si dès le départ celui -ci partait avec de très lourds handicaps ; ce qui est sur est que aujourd’hui la question n’est pas seulement devenue actuelle au sens où des millions de gens de part le monde pressentent que le capitalisme n’a plus rien à offrir à l’humanité mais surtout qu’il est grand temps de faire en sorte qu’un pays capitaliste développé fasse le saut( appelez ça comme vous voudrez , il ne s’agit pas du « grand soir ») ; au passage on peut souligner que dépassement n’est pas la traduction de l’allemand Aufhebung qui traduit une montée vers une civilisation supérieure mais la langue française a retenu dépassement ce qui a moult inconvénients et pour avantage la brièveté .
Je passe, sans que cela signifie que les passages non commentés aient mon accord, au paragraphe sur Europe et Mondialisation ; on peut ici être très bref ; avec le réquisitoire qui précède ce paragraphe tout devrait être dit ; il est étrange d’y ajouter encore d’autres chefs d’accusation ; Yves Dimicoli sait-il qu’un CN entier sera consacré à ces questions prochainement ? Souhaite-t-il que Pierre Laurent fasse le CN correspondant à lui tout seul et avant même de lui permettre d’en débattre ? A quoi dès lors rime cet étrange paragraphe ? Je n’ajouterais rien d’autre. On piaffe d’impatience dans l’attente de voir ce que de jeunes dirigeant.es auront à dire et au passage je ne peux qu’être une fois de plus consterné et en colère de voir traitée la situation grecque par le mépris le plus total , ce qui mériterait d’autres développements mais à coup sur ,rien de l’opprobre que d’aucuns spécialistes de la stratégie en chambre décernent à Alexis Tsipras ; comment peut-on ne pas voir que se joue là une partie fondamentale où la France pourrait devenir un vrai point d’appui à la Grèce et en fait au-delà ?
Pierre Laurent est violemment pris à partie par Yves Dimicoli et d’autres ; il n’est pas le seul même si les arguments utilisés sont parfois exactement inverses pour une même conclusion ; m’engager sur la défense et l’illustration de ce qu’a fait Pierre Laurent serait ridicule- il n’a pas besoin de ce type de renfort _ mais à défaut de lui dresser des couronnes de laurier dont il n’a que faire il serait simplement conforme à la vérité de dire qu’il y a longtemps que le PCF n’a pas un dirigeant de sa trempe c’est à dire capable dans un océan démonté de faire en sorte que le PCF ne sombre pas corps et biens malgré les avaries et les trous dans la coque . C’est assez dire ce que je pense de la suite ; si en finir avec Pierre Laurent est la condition pour un nouveau rayonnement du PCF , alors nous pouvons dormir tranquilles : un Congrès extraordinaire n’a aucun sens . Il se trouve qu’à mon humble avis nous avons quelques autres sujets de préoccupation……

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