LES FEUILLES MORTES
Comme chacun sait, elles se ramassent à la pelle et les souvenirs , les chagrins aussi ; Il semble jusqu’à nouvel ordre que , dans le camp de la gauche , PCF excepté ( sorry ! ) , on a la mémoire courte, ou l’horizon bouché, ou des œillères qui deviennent vraiment préoccupantes ; de JL Mélenchon je ne dirais rien , pas par prudence « diplomatique » ; tout aura été dit à son sujet ; venir à la fête de l’Humanité pour mépriser la consultation populaire lancée par le PCF est tout à fait extraordinaire ; même si un immense effort d’imagination parvient à mettre en balance ce que font trois mille de nos concitoyennes et concitoyens pour mettre au point le programme du Candidat autoproclamé, avec, à ce jour, 100000 questionnaires remplis et donc trois fois plus de discussions , même si l’on ironise sur le contenu de ce questionnaire , on est en droit de se demander si au lieu de comparer les mérites respectifs des deux méthodes , on ne pourrait pas les ajouter ……A ce jour , rien n’indique que JL Mélenchon va quitter une posture qui nuit au rassemblement de la gauche , de toute la gauche, concept qu’il a jeté aux orties dans un moment , on l’espère encore, de fureur iconoclaste. Comme je l’ai dit, assez parlé de lui ; s’il se reprend on en reparlera.
Mais malheureusement du côté des autres candidats possibles à gauche, à ce stade, on ne peut rien dire de mieux. Il est évident ici que je ne parle pas de Hollande ni de personne de son entourage ; ils et elles ne peuvent avec quelque contorsion de vocabulaire que ce soit imaginer porter un programme de gauche après ce quinquennat de tous les abandons, tous les mensonges.
Laissant de côté certains d’entre eux je me concentrerais sur A Montebourg. Je le fais après avoir regardé avec attention l’émission qui lui était consacrée. Parle -t-il de gauche ? C’est indéniable ; il ne prononce jamais ce mot qui pour lui aussi semble avoir disparu de l’imaginaire politique ; y va-t-il dans ses propos un corpus d’idées qui pourraient faire l’objet de discussions assez simples et convergentes à gauche, à supposer qu’il accepte que d’autres forces politiques et sociales s’en mêlent ? Je le crois. Mais ce que je crois est absolument sans aucun intérêt.
Ce qui a malheureusement beaucoup d’intérêt est qu’en deux heures d’émission, pas un mot sur le rassemblement nécessaire à gauche ; personne ne lui demande de s’agenouiller devant le PCF ; ce n’est pas la question ; la question est celle d’une démarche qui tout en prétendant s’extirper de la logique d’une République à bout de souffle, en reste totalement prisonnière ; « au-dessus des partis » semble être la conception dorénavant de tout ce monde. Aucune aventure personnelle ne l’emportera, soyons en persuadés ; la droite, pour sa part, ne commet pas une telle erreur de jugement ; elle qui porta sur les fonts baptismaux l’idée meurtrière pour la démocratie d’une présidentielle au-dessus des partis ne commet pas l’erreur de penser « y arriver » sans au moins un corps militant appelé …parti politique.
A Montebourg n’a pas rompu avec le quinquennat Hollande ; trop de références chez lui en saluent certains aspects et il s’en faut que le « Mariage pour Tous » soit la seule, mesure de très grand progrès isolée et isolable hélas dans un océan de tragédies et de renoncements.
Florange ? Le dirigeant de la CFDT qui après avoir joué à la vedette du combat de classe, sitôt tombé le verdict accepta avec reconnaissance un maroquin lui demanda de rester au gouvernement. Admettons ; on peut croire une minute que c’est cet élément qui le décida ? C’est idiot.
Mutatis mutandis, on peut en dire autant de C Taubira laquelle aujourd’hui en dépit de tout, se dispose à soutenir F Hollande. M Aubry qui est n’est certainement pas à classer plus à gauche que F Hollande s’écrie « Trop c’est trop » ; elle parle de Macron ; mais Macron parti, on fait la politique de Macron ; elle a poussé un cri et dorénavant se tait.
Poursuivons sur le cas Montebourg ; il y a sujet. On évoque l’Europe ; il veut casser de la vaisselle ; il n’est pas le seul ; il veut casser la vaisselle courtoisement ; on le croit …. Mais à la question « Avec qui ? « Pas une fois il ne citera la Grèce ….. Pour casser la vaisselle européenne Tsipras n’avait pas attendu Montebourg ; terrible omission. J’entends déjà les voix qui répèteront à l’envi que justement Tsipras s’est couché ; la Grèce attend la France voilà la vérité ; la Grèce ne peut pas faire ce que la France ne veut pas faire. Mais c’est sur la Grèce qu’il faut s’appuyer, avec elle qu’il faut mener bataille et avec elle casser la vaisselle européenne dont l’Allemagne à ce jour guide le char infernal.
La Primaire du PS, on ne sait s’il y participera ou non. Il existe des socialistes pour penser que dans une telle Primaire Hollande peut être battu ; illusion. L’appareil du PS, a fortiori s’agissant de JC Cambadélis, ne laissera rien au hasard ; que fera A Montebourg si, comme c’est probable, Hollande sort en tête ? Laissons ce problème en blanc ; il en est d’autres beaucoup plus importants.
Tous les candidats connus du camp de la gauche aujourd’hui escomptent in fine un ralliement fondé sur les déceptions accumulées, le rejet du candidat Hollande et finalement un sursaut « de gauche » à la seule idée d’une réédition d’un 21 Avril. Mais cela ne se passera pas comme ça et spéculer de la sorte c’est garantir que la gauche ne sera pas au second tour. Ce sera bien pire qu’avec Jospin.
Le rassemblement populaire à gauche on l’a dit fut le grand absent de l’émission, absent des préoccupations du candidat A Montebourg. Il est sans intérêt à ce stade de savoir si les mesures qu’il envisage sont proches ou non d’un distingué économiste comme P Krugman. Celui-ci parle et c’est une voix intéressante mais A Montebourg prétend être demain élu Président de la République, c’est une toute autre affaire.
Si rien ne change dans ce paysage de gauche absurde et suicidaire, le scénario catastrophe est au bout des urnes alors même que la droite, quel(le) que soit son (ou sa) candidat(e) ne peut imaginer convaincre.
Reste une inconnue de taille ; que fera le PCF ? Je ne sais pas à ce stade quelle sera sa décision ; je suis certain d’une seule chose ; il poursuivra sans désemparer la quête du rassemblement à gauche sur un programme de gauche. Faire autrement ne serait pas seulement rompre avec ses propres décisions, ses repères historiques, c’est aller au suicide.
Les souvenirs et les chagrins se ramassent à la pelle ; mais il s’agit du destin de notre pays pas d’une histoire sentimentale ; on ne sait plus comment le crier ; jusqu’au dernier moment il sera temps mais le moment de vérité approche ; ce ne sera pas « la désunion de la gauche » qui sera cause de la tragédie comme certains en préparent dès à présent le refrain mais l’irresponsabilité criminelle de celles et ceux qui briguent le mandat populaire sans se soucier du peuple et de ce qu’il a à dire .Mais même si on partage ce point de vue, il sera trop tard et pour toute la gauche une terrible marche dans le désert commencera .