A Propos du rôle politique de l’Allemagne
Un ami qui me fait l’honneur de me lire me cite sur son blog à propos d’une phrase de tribune publiée dans l’Humanité :
« En parler ne doit pas envahir l’horizon mais l’affaiblissement du rôle actuel de l’Allemagne comme État de l’UE est une nécessité politique ; est-ce là nourrir un stupide et impuissant désir de trouver un bouc émissaire ou une condition pour que l’idée européenne, la fraternité des peuples, la coopération aient un sens ? »
Cet ami envisage ensuite une union à défaut des peuples latins ……. Je ne vais pas discuter la suite de son billet, trop complexe et avec lequel j’ai de profondes divergences ; je veux m’expliquer sur le sens de la phrase citée ; le sens que JE lui donne évidemment ; on peut en donner d’autres mais ce n’est pas mon propos de les visiter «http://blogs.mediapart.fr/blog/armand-ajzenberg/150915/vers-une-europe-sociale-democratique-et-fraternelle-par-un-reformisme-revolutionnaire-suite-1 »
Le peuple allemand est aussi respectable qu’aucun autre mais sa classe dirigeante ne l’est pas et après le scandale Volkswagen et son infâmante publicité encore moins ; le peuple allemand dans sa grande majorité appuie A Merkel faute d’autres choix convaincants ; c’est là un fait ; ce n’est PAS l’expression de la VOLONTE POPULAIRE MAJORITAIRE ALLEMANDE ; les questions ne lui ont pas été posées. En attendant, c’est une situation de fait. Il n’est nullement besoin d’épiloguer sur la question de savoir si le rôle politique de l’Allemagne dans l’Union Européenne est perçu comme sans rapport avec une quelconque notion de démocratie ; c’est un rôle démesuré. C’est un autre fait. On a joué la symphonie de l’amitié du couple franco –allemand, de l’importance centrale de ce couple pour la construction de l’Union européenne et pour la PAIX en Europe à satiété.
Des questions nouvelles se posent aujourd’hui et la première de toutes n’est pas de substituer un rôle politique démesuré à un autre même s’il pourrait paraître « un peu plus collectif ».
1)Pour arrimer l’Allemagne à l’Union Européenne , ce dont au départ elle ne voulait pas , « on » , c’est-à-dire l’ensemble des dirigeants des États de l’Union acceptèrent d’en passer par les règles du capital financier allemand – j’ajoute financier mais l’ensemble du capital allemand donna son accord , la partie financière étant à la manœuvre – à savoir les dogmes de l’ »équilibre financier » des dépenses publiques ; c’était déjà contenu dans le traité de Maastricht , renforcé en suite et on se souvient que la droite française voulut à marche forcée faire inscrire la clause des 3% dans la Constitution ; on n’interroge pas le FN à ce sujet comme par hasard . Le statut de la BCE est entièrement défini par les règles financières en vigueur à la banque nationale allemande avant de voir la classe dirigeante allemande se résoudre à l’Euro ; son calcul se révéla juste , à savoir qu’ainsi l’Allemagne dominerait la zône Euro pour longtemps ; arriva ensuite A Merkel qui « négocia » avec Sarkozy avant que celui-ci ne fût chassé le MSE et le Pacte de Stabilité , véritable brodequin de l’Inquisition pour les peuples européens sous la forme d’un traité appelé Merkozy ; s’il est vrai que sans la complicité active de Sarkozy , ce « traité » n’aurait pas vu le jour , il n’en est pas moins vrai que c’est là une invention du capital allemand . Que ce soit conforme au néo – pétainisme de Sarkozy est une chose, que F Hollande dans un véritable Munich économique s’y rallia sans y changer une virgule est un fait mais il demeure qu’à la manœuvre on trouve le capital allemand et que cela acheva sa domination économique.
Mais à ce moment précis intervint une seconde donnée ; jusque-là, dans la classe dirigeante allemande il y avait un consensus pour que l’image POLITIQUE de l’Allemagne soit rassurante ; pas de cris, pas de geste brutal rappelant son histoire récente ; le pas fut franchi et j’ignore au travers de quels débats mais c’est là un fait ; l’Allemagne se mit à défier la Russie et à s’engager coûte que coûte dans la soutien inconditionnel à un gouvernement ukrainien doté d’une composante nazie. À nouveau , avec F Hollande on lui emboita le pas dans une politique imbécile de « sanctions économiques » visiblement à double tranchant – pour la France et elle seule……L’Hinterland européen allemand mettait temporairement l’Allemagne à l’abri . On retrouve constamment la problématique du coupable et du complice ; les crimes de Pétain étaient impensables sans ceux des nazis. Cela n’excuse pas Pétain mais il fallait abattre le régime d’Hitler et c’est ce qui fut fait sans qu’on ait des états d’âme.
2) La situation est différente et il reviendra au peuple allemand de trouver un autre chemin que celui que son pays emprunte sous la direction de Frau Merkel ; mais en attendant ?
Pourquoi tourner en dérision l’appel à démission de W Schäuble ? Parce que lui parti, d’autres semblables ou pires, seraient venus ? Argument risible ; à l’époque , c’est-à-dire il y a 3 mois cette démission forcée aurait à elle seule déstabilisé le gouvernement allemand et fait entendre que non , tout n’était pas permis . La donne en eût été profondément changée au plan politique ; cela ne se fit pas et la chose ne se fait pas à froid hors de tout contexte ; mais qu’on se rassure.
Schäuble doit aujourd’hui faire le dos rond et ne pas s’exhiber ; le scandale Volkswagen fait que se pavaner aujourd’hui n’est pas une attitude pour la classe dirigeante allemande ; le coup porté par Tsipras et sa réélection spectaculaire est un des facteurs de l’affaiblissement politique de l’Allemagne visé par mon billet.
Mais on peut garantir que ce n’est que partie remise ; les coups de semonce n’ont pas changé la donne en Allemagne ; la question de son affaiblissement au sein de l’Union est une tâche politique en elle –même qui ne présuppose aucun changement majeur , d’ailleurs nécessaires ; cet affaiblissement non seulement souhaitable mais nécessaire viendra d’une part d’une veille politique citoyenne constante sur ce que prépare le gouvernement allemand sur les différents théâtres de conflits actuels mais aussi de la nécessaire réorientation de la politique extérieure de la France : autrement dit c’est un programme pour 2017 ; lequel suppose aussi , ça va sans dire , mais mieux en le disant, une complète réorientation de la construction européenne ; un pays , une voix .Je ne prétends pas avoir épuisé la question . Et je suis certain qu'on aura l'occasion d'y revenir