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Billet de blog 25 novembre 2017

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UN APERO AVEC PASTIS MAIS PAS DEDANS

UN APERO A CANNES PAS BANAL

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UN APERO AVEC PASTIS MAIS PAS DEDANS.
J’interromps mes prétentieuses réflexions sur Proche Orient car le point de vente HD ce samedi à Cannes ne fut pas banal ; on vendit plus que de coutume mais ce n’est pas le point (Malgré le titre aucune femme ne l’acheta ..) . Deux « amis » nous rejoignirent. L’un d’eux avait été Val-de-marnais et travaillait ou avait travaillé dans le nucléaire ; il prit note de nos réunions du Lundi ….pour lui , la population qui l’environnait retardait d’un siècle ….la discussion s’ébaucha sans suite pour le moment ; un autre « ami » , Cheminot et Cégétiste nous proposa l’apéro ; il connaissait deux des camarades ; ce que je peux avoir dit n’a pas d’intérêt ici ; il suffit de mentionner que , partie comme il se doit, sur des aspects variés de la vie courante , la discussion s’orienta soudain sur des questions fondamentales ; l’occasion était trop belle pour la laisser passer .Le fait que la discussion se prolongea tard dans le début d’après midi me semble une indication suffisante de son intérêt .
Cet « ami » témoigna immédiatement d’une culture politique et sociale créant d’emblée un contact prometteur et il le fut. Ce n’était pas des « réponses » qu’il cherchait, en tout cas pas au sens habituel du mot « réponse » ; avec lui trois communistes ; ensemble tous faisaient partie de ceux pour qui « l’avenir s’appelle le passé » ; trois communistes avec chacun une vision différente. Notre « ami » voulait savoir où en était le PCF. Ses tribulations (celles du PCF) l’avaient profondément marqué. Il avait donné une Conférence aux Etats Unis dans une Université sur l’histoire des Chemins de fer français …. Il avait donc vu du paysage. En 1975, en URSS, il avait noté à quel point les choses se délitaient ; il n’en tirait pas alors la conclusion que tout était à jeter au panier ; mais enfin, la chose ne lui inspira pas un enthousiasme débordant …. Trop d’éléments dans la période récente lui semblèrent illisibles ; la dégénérescence du PS l’obsédait. Avec lui, nous remontâmes le cours du fleuve …. Mais le passé ne l’intéressait que pour autant qu’il puisse éclairer le présent. Il n’est pas interdit de penser qu’il entendit des propos qu’il n’avait jamais entendu auparavant ; la stratégie – au sens où un autre billet de blog la décrit – l’intéressa. Il voulut en savoir plus. Il était focalisé sur des alliances « contre nature » ; un certain temps fut nécessaire pour le faire quitter ce terrain pour un moment. Il regardait du côté de JL Mélenchon pas tant à cause du personnage ni même de ses idées mais sur le plan d’une organisation politique différente ; là aussi, la discussion prit soudain un autre tour. Les avantages et inconvénients réels ou supposés d’un truc sans épine dorsale mais avec des chefs et un chef suprême avaient des limites.
On en vint aux MOYENS de la stratégie c’est-à-dire au rassemblement populaire majoritaire et à ce qui peut concourir à en créer les conditions. Le Cégétiste reprit le dessus ; il y avait sujet. Les divisions au sein d’un mouvement qu’il connaissait bien le tourmentaient ; il voyait une opposition grandissante entre « la base » des organisations telles que FO et surtout la CFDT et leur direction. La discussion eût été stérile à cet égard si elle ne s’était pas portée sur le capitalisme d’aujourd’hui et la vision qu’en avait le PCF. Apparemment, cette vision aussi schématique qu’elle soit, fit tilt dans son esprit ; peut-être y avait-il songé de son côté sans parvenir à mettre ses idées en cohérence ; cette question du capitalisme d’aujourd’hui et de son dépassement, de ce qui est nécessaire pour en sortir, était de nature à éclairer apparemment des blocages qu’il n’arrivait pas à surmonter par lui-même. De là la discussion bifurqua vers les directions et les étranges itinéraires de nombre de communistes en vue. Ses interrogations n’avaient rien à voir avec une curiosité de caniveau. L’effet du « pouvoir » le sollicitait ; il eût aimé que le PCF n’y soit pas à de multiples reprises, confronté. Nous n’eûmes pas le temps cette fois d’aller au bout de cette question ; la discussion soudain bifurqua à nouveau sur un mot dont je ne me souviens plus qui le prononça le premier.
C’était le mot « intellectuel » . Là une empoignade d’une certaine qualité vit le jour. Certains d’entre nous n’aimaient ni la chose ni le mot ni la question. Mais notre « ami » lui, par contre, était intéressé. La question du rôle des intellectuels dans le rassemblement à construire était pour lui tout sauf seconde. Il sembla très au fait de la question ; il balaya d’un revers de main les ratiocinations sur « manuel/ intellectuel » ; il savait parfaitement que la frontière était poreuse et ce n’était pas la question qu’il se posait ; la question de savoir si oui ou non c’était un groupe social identifiable n’avait pour lui aucun intérêt. Il devint véhément sur ce qu’il savait être les conditions matérielles d’existence d’un chercheur ; de toute évidence pour lui le problème ne se posait plus du tout en termes d’alliance comme c’était le cas il y a des décennies. L’idée de remplacer « couches populaires » par « prolétariat » lui sembla parfaitement saugrenue ; les intellectuels, pour ce qu’il en savait, ne se voyaient pas davantage comme faisant partie de « la classe ouvrière » que comme « prolétaires » ; il acquiesça sans réserve sur la distinction suivante qui , sans être absolument cardinale , n’est peut-être pas assez perçue ; en dépit des ravages de l’orthodoxie ordo libérale , de la désindustrialisation galopante demeure dans une large part du monde du travail un sens du collectif qui dépasse l’individu ; chez ce qu’on appelle les intellectuel.les la chose est bien différente ; ils et elles se considèrent irréductibles à leur groupe dont par ailleurs ils savent faire partie . Je laisse de côté ici la question de savoir si c’est là une caractéristique dirimante par rapport au rassemblement à construire ou si au contraire il est impératif pour un parti révolutionnaire de travailler cette question de toute autre façon qu’il y a des décennies. Dans l’intervention d’un des communistes présents on sentit des hoquets. La chose ne passait pas.
Il était tard dans la « matinée », on l’a dit . J’étais curieux . Avant de nous séparer , je posais la question à notre « ami » de savoir quel avait été son statut professionnel à la SNCF ; la réponse fut éclairante et il n’y a rien à ajouter ; il fut un manager de haut niveau responsable d’un service entier .
Je crois à un Congrès EXTRAORDINAIRE du PCF 

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