L’ECLATANTE VICTOIRE DE SYRYZA
Tout-e citoyen-ne engagé-e à gauche , en saluant comme il se doit une victoire historique acquise dans les conditions politiques les plus dures et face à des adversaires coalisés dans toute l’Union Européenne , ne peut , en France, que se sentir petit-e . La gauche en France est-elle devenue à ce point privée de tout l’esprit conquérant qui si souvent a conduit la France à être un phare pour le monde au plan social et politique ? Va-t-elle sortir de la glu où l’embourbent les dogmes des tenants du capitalisme financier ?
La France n’est pas la Grèce, mais après l’exploit de Syriza, l’heure de vérité pour toute la gauche française a sonné.
La France n’est pas la Grèce ; en acceptant de faire alliance avec Syriza , indépendamment de différends, la plupart absurdes , le KKE ( PC Grec) permettrait un soutien populaire inégalé et une force politique stable et incontournable dans un bras de fer à portée historique ; par ses déclarations le KKE se déshonore. Non, la France n’est pas la Grèce. Quel « communisme » est-ce là ?
À peine la victoire acquise, on voit les forces du capital en France mais aussi à gauche spéculer sur la meilleure façon de spolier le peuple grec de sa victoire ; c’est logique pour les premiers et infiniment moins pour les forces situées à gauche, qui dès le résultat connu commencent à mégoter et à « donner des conseils » ; la tribune de Cécile Duflot qui fait la Une de Libération ce jour est un triste exemple.
Commençons par les tenants du capitalisme d’aujourd’hui. Les spéculations les plus scandaleuses s’étalent au grand jour ; Syriza a gagné – génuflexion- MAIS ne peut rien faire sans contracter d’alliance au Parlement Grec. Il manque trois députés à Syriza pour avoir la majorité absolue ! Mais s’il les avait obtenus, qu’est ce qui aurait changé sur le fond ? Gouverne- t-on un pays démocratique seul avec 37% des voix ? Cet argument prétendu qui amorce une autre tentative ne résiste pas à l’examen.
Une alliance gouvernementale avec le KKE est exclue ; bravo ; c’est à pleurer de rage ! Il faut donc examiner d’autres possibles mais comme déjà dit ç’était , de toutes manières, le cas. Un gouvernement de majorité absolue eût rapidement été la cible de criailleries à la dictature et l’affaiblissement de l’assise populaire tout aussi prévisible.
D’autres possibles : ainsi les tenants du capital d’aujourd’hui se ruent-ils sur « To-Potami » parti centriste qui pèse 5% des voix ; la situation de la Grèce exclut en effet le PASOK, en fait ce qu’il en reste ; le PASOK s’est vautré dans la politique rejetée par le peuple grec et a recueilli les fruits pourris de cette politique dans les urnes ; il est impossible de tourner son regard de ce côté, hélas.
On peut compter sur « To-Potami » pour faire monter les enchères : « vous avez la majorité mais vous ne pouvez rien sans nous ». Sur quoi imaginer que portent les enchères ? Pas sur la dette, cette route est barrée et l’abandon de la dette grecque est incontournable ; ce ne sont pas les petits bras de Cécile Duflot qui le permettent mais la force du rejet populaire grec ; alors si ce n’est pas sur la dette, sur quoi ? Vous l’avez deviné ; ce qui sera attaqué, c’est le programme social large sur lequel Syriza a mené campagne ; en d’autres mots, faire de l’annulation de la dette un sujet d’échec « ab ovo » pour la politique gouvernementale à venir. L’autre possible est le retour aux urnes mais chacun comprend que ce n’est qu’un impossible possible ; le peuple grec ne comprendrait pas. Jouer cette carte est suicidaire pour Syriza et c’est insulter ses dirigeants de penser qu’ils puissent y songer.
Les spéculations qui s’étalent au grand jour ne sont pas que des spéculations ; une pression internationale sans précédent va s’exercer dès aujourd’hui sur l’unique partenaire gouvernemental possible de Syriza et celui-ci n’a pas à se faire si grande violence. 36% - 5% ; les 5% décideraient en fait du contenu de la politique grecque ? Voilà ce que valent les protestations de ceux qui, en soutenant bec et ongles les exigences du capital, prétendent respecter la démocratie !
En lieu et place d’un soutien sans faille au niveau Européen et en France en tout premier lieu au verdict du peuple grec, on voit maintenant des Cécile Duflot reprendre en bémol exactement ce que les pressions du capital le plus avide signifient ; l’abandon de la dette contre l’abandon de votre programme social ; en vérité le KKE se déshonore mais Cécile Duflot mérite une médaille d’or de l’hypocrisie.
La relance de la consommation populaire est une dimension incontournable cohérente avec l’annulation de la dette mais ce n’est pas la seule dimension d’une politique de gauche en Grèce ; je ne vais pas ici chercher à remplacer Cécile Duflot en distribuant mes conseils peu éclairés sur la politique intérieure grecque ; mais que après 7 années de « thérapie de choc » il puisse se trouver un seul dirigeant d’un parti situé à gauche en France pour dire « Surtout pas de relance de la consommation populaire ! » est proprement hallucinant .
Pour cette raison aussi, la France n’est pas la Grèce ; le peuple grec a été saigné à blanc et la relance de la consommation populaire y est un élément fondamental, pas exclusif mais fondamental.
La situation française n’est pas identique en dépit des politiques effarantes menées par le gouvernement Hollande Valls.
Indispensable, la relance de la consommation populaire qui passe par une augmentation significative des bas salaires et des retraites, doit en France s’accompagner d’un vaste politique publique de reconquête industrielle ; elle doit s’accompagner d’une politique puissante de logement social- où Mme Cécile Duflot ne peut prétendre s’être illustrée en dehors de tentatives en demi-teinte et trompe- l’œil , et plus globalement d’une vaste entreprise de relance des missions et d’un élargissement du périmètre d’action des principaux services publics au premier rang desquels se trouvent l’Hôpital et l’Enseignement Public , enseignement supérieur compris ; elle doit viser une politique de l’emploi scientifique ambitieuse . Il est évident que rien que cette liste qui n’a aucune prétention montre que la consommation populaire fait partie d’un ensemble et ne saurait être la quintessence d’une politique de gauche ; elle y a toute sa place et l’éliminer du paysage signerait à coup sur son échec mais on l’ a compris, dans ces propos de citoyen ordinaire, la question clé en France pour le moment est celle de l’emploi et si la politique menée par le gouvernement Hollande –Valls y échoue lamentablement c’est qu’elle doit être abandonnée sans appel
La reconquête industrielle ? Sans doute mais laquelle ?
Il y a place ici très largement pour un débat public d’orientation rassemblant toutes les forces qui se situent à gauche. Il y a place pour l’intervention citoyenne directe, en somme, si la volonté politique existait, elle créerait l’élan sans lequel il n’y a aucune victoire possible à gauche en 2017 .La France n’est pas la Grèce.
Toute la gauche ? Le PS est-il donc inclus ici dans ces considérations ? Ma réponse est sans équivoque positive. Ne doit-il pas au contraire être voué aux gémonies pour s’être vautré des années durant dans le triangle des Bermudes où dorénavant une large part de ses sympathisantes et sympathisants ne se reconnaissent pas ?
La France ici non plus n’est pas la Grèce ; dans notre situation, aucune force politique de gauche ne peut prétendre à elle seule apporter les solutions qui feraient renaitre l’espérance ; c’est évidemment vrai du PS lequel ne l’a toujours pas compris et semble incapable de le concevoir. Mais c’est vrai des forces devenues un peu éparses du Front de Gauche dont certaines composantes se livrent à des délices politiciennes au lieu de mettre au pot commun leurs idées en acceptant qu’on en débatte sérieusement et publiquement .
Au fil du temps, le candidat à la présidentielle du Front de Gauche laisse percer dans ses propos un furieux déport vers une austérité « de gauche » ; en quoi il fait écho aux propos d’aujourd’hui de Mme Cécile Duflot. Appelons un chat un chat. Ce n’est pas avec le mot d’ordre d’ « anti productivisme » lancé à tout propos et hors de propos que la France sortira de la crise où l’ont plongée les débauches prédatrices du capital financier.
Pour en sortir, la France devra PRODUIRE ; quoi, comment, pour qui sont les vraies questions.
Le temps presse et comme dit initialement, le verdict grec est l’heure de vérité pour la Gauche en France. Malheur à ceux qui dans le secret de leurs neurones spéculent sur un effet Domino ; la France n’est pas la Grèce ; le peuple français en a trop vu pour signer des chèques en blanc.
Si à gauche , les considérations boutiquières l’emportent, si à gauche les délices du remplacement des points virgule par des virgules l’emportent , si les faux procès l’emportent , il est inutile d’imaginer autre chose qu’un rendez-vous manqué qui sera tragique laissant une droite déterminée à tout démolir, à amplifier à démesure la violence de la société désormais à la main du capitalisme, et une extrême droite qui lui servira de supplétif, maîtres du jeu . Il sera bien temps alors de se rejeter la responsabilité de cette catastrophe prévisible mais qui aujourd’hui n’est pas inéluctable ! Et y faire échec c’est-à-dire créer partout les conditions d’un nouvel élan à Gauche dépend de l'INVESTISSEMENT chacune et chacun de nous.
Note : à peine ce Billet était-il posté qu'on apprend que déjounat décidément tous les piéges , Syriza a trouvé les moyens d'une alliance gouvernementale avec un parti qui n'est justement pas To Potami; ce parti n'est pas Syriza mais comme le notent certains commentaires, cette alliance gouvernementale donne en fait à Syriza le rôle déterminant pour mener à bien son programme; elle ne comporte à CE STADE AUCUNE CONTRADICTION MAJEURE ; c'est là l'essentiel ,je note aussi que Tsipras rencontrera le KKE ; les exclusives ne viennent pas de lui , vraiment à ce stade c'est un sans faute
Bravo Tsipras ; Bravo Syriza