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Billet de blog 26 mars 2017

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LINE RENAUD

Dans cette campagne présidentielle crépusculaire, il faut que ce soit elle, une gaulliste aujourd’hui, qui rappelle que le PCF s’appela, à bon droit, le parti des fusillés.

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                                    LINE RENAUD

Qui ne se souvient pas de ce qui fut, ne sait pas où il va.

Dans cette campagne présidentielle crépusculaire, il faut que ce soit elle, une gaulliste aujourd’hui, qui rappelle que le PCF s’appela, à bon droit, le parti des fusillés. Qui rappelle que Brest fut la première ville de France à entrer en résistance contre le nazisme, l’occupation, les traîtres de Vichy. François Mauriac l’avait écrit, on le chassa des mémoires ; seule la classe ouvrière fut fidèle à la France profanée ; Line Renaud vient de nous le rappeler.

Et cela au moment même où chacune et chacun peut voir qu’on rejoue le film quelque part ; une connaissance de rencontre, gaulliste lui aussi m’appelle ; il est affolé. Affolé du comportement de sa classe, affolé de l’abîme où glisse son pays. Il ne comprend pas la politique du PCF ; nous partageons pourtant un diagnostic voisin.

Mais moi, il y a d’autres choses que je ne comprends pas ; je triche en disant ça ; je comprends très bien.

Par exemple, des milliers d’élèves aujourd’hui ont visité ou vont visiter ce qui reste de l’horreur absolue de ces temps ; qu’en retiennent -ils ? Font- t-ils le lien ? Evidemment non. Ma fille aînée, professeure agrégé d’anglais me le confirme ; évoque-t-elle cette période ? Les élèves lui disent « Madame, on en a marre de ces histoires de juifs » ; il s’agit bien de ça ! 

Un seul parti aujourd’hui entretient des liens étroits au niveau de l’Union Européenne avec les nostalgiques avoués d’une entreprise de mise à mort généralisée, programmée dans ses moindres détails ; il n’est pas un seul candidat à la présidentielle qui lui mette ça sous le nez à toute occasion   , pas même le mien . Le discours « antifa » dans cette novlangue détestable n’est plus efficace, il paraît ; c’est surement vrai, mais ce n’est pas une raison ; dis-moi qui tu hantes …. Quand M Le Pen est reçue par V Poutine, c’est une honte pour ce dernier ; cela fait -il de M Le Pen une personnalité fréquentable ?

C’est que voyez-vous, elle a des électrices et des électeurs ; les insulter ne les fera pas changer d’avis. C’est à voir. Ces compatriotes ne sont pas dans une colère « égarée ».

Il y a des sens interdits, des voies sans issue, en politique aussi.

Sur les marchés, on prend les tracts du PCF mais on les prend dans d’étranges circonstances, on les prend après avoir insulté copieusement les groupes de partisans sans vergogne de F Fillon. Il peut dire ce qu’il veut, ça ne passe pas.

Ne vous imaginez pas que celles et ceux de nos compatriotes pour qui « ça ne passe pas » soient des sympathisants du PCF. Beaucoup en sont très loin.  Mais il semble que pour elles et pour eux, non, « ils » ne sont pas « tous pareils »

« Vous ne distribuez pas des tracts pour Fillon ? »  « Ah bon, c’est le PCF » . Voilà ce que j’entends sur les marchés.

Quand l’affaire a éclaté, j’ai fait une farce : je présentais mes tracts à des dames bien, en leur disant « vous ne voulez pas donner pour aider Pénélope » ? Elles m’auraient arraché les yeux si je ne les détrompais pas aussitôt, et elles prenaient mes tracts, avec un sourire.

Mon candidat rappelle, c’est son mérite, que non, la classe ouvrière ne vote pas FN. Reste que, face à elle, il est court.

On s’en tire en se disant que même au second tour, elle ne passera pas ce qui est probablement vrai. 

Reste que son score prévisible sera haut, beaucoup trop haut si on se souvient de ce que raconte Line Renaud.

Mon candidat n’est pas le seul à gauche à être en quelque sorte tétanisé par l’objet. B Hamon en fait des tonnes en meeting mais face à elle, il lui dit qu’une élection présidentielle n’est pas une poubelle. C’est vrai et c’est court. 

On ne « débat » pas avec M le Pen ; mais face à elle, il importe de rappeler à toute occasion qu’elle est l’héritière assumée des temps dont parle Line Renaud, même si CELA NE SUFFIT PAS.

Ma fille aînée va voter Jean-Luc Mélenchon ; comme son mari et c’est complétement nouveau pour ce dernier ; on pense bien que je ne vais pas les en dissuader ; une fois cela dit, reste la discussion. J’en dis un mot ; elle en recoupe d’autres évidemment.

Elle insiste : elle a écouté Benoît Hamon ; c’est une façon de parler ; pour elle, il est inaudible ; du quinquennat de Hollande elle rejette tout, le mariage pour tous ne le sauve pas, d’ailleurs, Hollande a bien failli y renoncer ; son mari est métallurgiste, il sait de quoi il parle. « Ce n’est plus possible ». Que lui dire ? Je viens de distribuer des tracts sur un marché ; j’y rencontre des partisans de Benoît Hamon ; deux secondes d’échange courtois et …. « On ne peut pas nier que le pays a été redressé » ; oui, c’est inaudible.

Ça donnerait l’idée que dans de telles conditions, rien à faire. Or la seule chose à faire, la seule possible, n’a pas été tentée.

Je vois les pages qui s’écrivent sur un éventuel désistement ; aujourd’hui la balance penche du côté de celui  de Benoît Hamon ; c’est une absurdité. Une fois les candidatures validées c’était à la fois trop tard et absurde ; on devrait voir que ça n’ajouterait qu’à la confusion.

 Le problème central est éludé ; ce problème c’est le contenu politique ; aucun des candidats de gauche ne peut prétendre parvenir au second tour sans créer l’élan à gauche, la dynamique sans laquelle il n’y a aucun espoir ; je lis ici que Jean-Luc Mélenchon devrait accepter de mettre de « l’eau dans son vin » ; quelle eau ? quel vin ? Cette façon de voir est à la politique ce que sont les vins trafiqués de l’ancien temps ; l’horizon de la présidentielle occulte tout. Comment ensuite gouverne-t-on ? La réponse de Jean-Luc Mélenchon est inepte ; entre les deux tours, s’il passe le premier, on s’arrange ; avant, c’est de la carabistouille. Eh bien, la carabistouille des petits calculs et des profondes pensées on ne va pas tarder à la voir, et aucune opiniâtreté n’y pourra rien.

La question n’est pas de savoir si le programme de Jean-Luc Mélenchon est « trop à gauche «  et celui de B Hamon « trop à droite » ; les deux ensemble considèrent ,apparemment, mais chacun à leur façon que nos compatriotes n’en peuvent plus de vivre dans un système où on les convoque tous les 5 ans et plus ça change et plus c’est pire ; Macron aura son paquet , il ne perd rien pour attendre mais de toutes façons c’est de la gauche qu’il  s ‘agit et pas de la droite refondue   ; alors s’ils n’en peuvent plus , on fait quoi maintenant ? C’est quoi la révolution citoyenne si jusqu’au premier tour des forces immenses sont stérilisées, conduites à compter les coups entre deux camps retranchés et dont ils ne veulent pas avoir à décider de l’un contre l’autre ; c’est du Ba BA ; mais il semble que toute la gauche soit devenue analphabète ; cet analphabétisme touche aussi le PCF bien que sa direction ait tout vraiment tout fait pour qu’on n’en arrive pas là. Mais des deux côtés, cachez le PCF et tous les autres. Lamentable.

La discussion avec ma fille se poursuit : elle aime l’idée de Constituante ; moi aussi mais pas comme ça. Au processus décrit par Jean-Luc Mélenchon, on ne peut tout simplement pas adhérer. Une Constituante est indispensable mais elle clôt un vaste processus, elle ne saurait l’engager. De plus, mais c’est une objection mineure quoique, vous imaginez un collège d’élus et un autre tiré au sort ?  Oui ça se faisait pour TOUS mais entre citoyens de plein exercice- donc une INFIME MINORITE -  dans Athènes de l’âge d’or ; quelle légitimité aurait le Collège des tirés au sort ? N’est-il pas évident que leur statut ne pourrait pas être le même ?

De toutes manières, la question fondamentale est qu’une Constituante ne peut que clore un mandat, éventuellement être convoquée à mi-course mais sur quelle base ?

Si un quinquennat commençait par des améliorations substantielles pour la grande majorité de nos compatriotes alors se créeraient à nouveau les conditions de l’élan populaire, de l’investissement citoyen ; faute de cela, la chose est un gadget et pire : il détruit dans l’œuf une idée magnifique.

La campagne n’est pas achevée ; le choc sera rude pour les semeurs d’illusion mais ce n’est pas d’eux que je me soucie ; si on ne veut pas conclure par une note désespérée et désespérante , il faut regarder en face le désastre ;après les présidentielles viendront des législatives ; là, pour toute la médiacratie et pour tout observateur lucide , Macron n’aura pas une autoroute ; d’une part , tous les commentateurs qui sans le cacher roulent pour lui, savent ou pressentent que cette fois la mécanique institutionnelle ne fonctionnera pas ; la bataille sera sauvage ; Macron élu , la droite classique  continuera d’exister ; elle voudra à tout prix sauver ce qui peut l’être d’une débâcle de  son candidat dans le but d’exercer la pression maximale sur un Président élu par défaut, lequel pour gouverner à droite n’aura pas à se faire violence ; d'autre part ....  . A gauche nous verrons ; le score du PCF en termes d’élus sera très important. Mais en tout cas, des idées très fortes  auront été semées ; le pays sera ingouvernable ; ce n’est pas comme cela que j’aurais aimé aller aux lendemains, mais on s’y fera. Le Chant des Partisans n’est pas achevé.          

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