Sur quelques aspects du Rapport de Pierre Laurent
Une nouvelle bataille est engagée ; sur plusieurs fronts et le tout premier consiste à ne laisser à ce « gouvernement » aucun répit.
Je vais ici me focaliser sur certains aspects du Rapport de P Laurent au CN ; peut-être au passage épinglerais- je des contributions parues mais ce n’est pas mon souci premier.
1) La situation issue de la séquence politique et électorale n’est pas stabilisée ; il importe au premier chef qu’elle ne le devienne pas . Entendre F de Rugy s’interroger gravement sur l’abstention et en appeler à faire que le pays retrouve la confiance est risible. Comment un troupeau de « Hold-uppeurs » sur le suffrage universel peut-il espérer inspirer « confiance » ?
Non seulement l’abstention doit être scrutée sans y voir le signe d’un « soulèvement » proche mais je fais un constat : dans toutes celles et ceux que je rencontre – ça m’arrive – je ne vois personne qui soit heureux de ce résultat ; ça doit être lié au fait que je ne fraie pas assez avec les 1% d’une part et les ravis d’exister de l’autre.
Personne n’est heureux du résultat et ça inquiète beaucoup la médiacratie …Si ce n’est pas une question pour le PCF, je renonce . Toutes celles et ceux que je rencontre en sont à tenter d’y voir clair en eux-mêmes et par rapport à leur vote ou leur abstention. L’un des commentaires les plus intéressants est le suivant : « au moins on sait avec lui qu’il va vider nos poches ; « avec la gauche » on nous les vidait en prétendant l’inverse. »
Mais savoir que le mantra est ouvertement « frère, il faut mourir » n’est quand même pas un grand motif d’adhésion…
Je ne suis pas absolument certain qu’on fasse largement le tour des proches …
A cet égard je cite : « « En Marche !, le Front National et nous, la France Insoumise, c’est un monde politique nouveau qui émerge », disait Alexis Corbière un matin de mai sur France Inter. Le « moment populiste », produit de la crise démocratique, manifeste « la désaffiliation des majorités populaires avec les classes politiques en place », explique, dans les pas de la philosophe Chantal Mouffe, le mélenchoniste Christophe Ventura dans un débat de l’Humanité. Il y aurait donc là, une tactique ou une stratégie, ou pour le citer « une boîte à outil ». D’abord on dégage et ensuite, comme le dit Ventura, « ça peut contribuer à revivifier (la démocratie), à réinstaller un équilibre entre la société et la démocratie ».
Oui ça peut… Ou pas ! Car ça peut aussi glisser vers un tout autre régime... ne jouons pas avec ce feu. »
2) Autre sujet : je lis que l’idée des 95% voisins avec le programme de FI était source de confusion ; je partage (à quoi cela servait-il de répéter ça sur tous les tons ? Si vous êtes pareils, pourquoi tout ce cinéma ??? ) ; mais je ne vois pas dans ce que je lis les arêtes profondes où justement le PCF était et est différent . J’en vois pour ma part, trois d’inégale importance.
Le premier de tous est la mise en scène d’une « révolution citoyenne » …par hologramme. Cette affaire de constituante en tuait l’idée. Je me répète : nos compatriotes n’ont aucune prévention a priori contre une politique de gauche et la question d’une nouvelle république en fait partie MAIS …. D’une part ils et elles veulent que ça leur apporte quelque chose de tangible, une VRAIE amélioration et d’AUTRE PART ils et elles veulent que ça MARCHE. Ni la première condition, ni a fortiori la seconde n’étaient présentes dans le scénario Mélenchon relatif à la question institutionnelle. Ça séduisit au mieux le courant « dégagiste ».
Le PCF évoqua-t-il cet aspect ? La réponse me semble négative ; nous ne voulions pas apparaître timides, à juste titre , sur la question des institutions, mais le processus par lequel elles pouvaient être remises en cause en profondeur ne faisait pas partie de l’arsenal et pour mille raisons l’illusion que l’on irait au second tour fit le reste . Le fait que ç’ait été une illusion est d’ailleurs un sujet en soi que je n’aborde pas ici.
Une fois encore, il nous sembla qu’en tenant fortement sur la question sociale, on s’en tirerait. Tout n’était pas faux dans cette attitude, le programme de J L Mélenchon et surtout ses apparitions médiatiques étant indigentes sur le sujet ; clairement, ce n’était pas comme certains le crurent, le niveau exigible du SMIC … a fortiori en brut ou en net ….qui était le sujet ….
Cette fameuse « révolution citoyenne » fiction se perdit dans les sables au fil des mois ; une manifestation pour la proclamer ne résolvait rien. Il n’y avait AUCUNE volonté populaire majoritaire pour ça et sa CONSTRUCTION nécessaire n’était même pas dans les limbes.
Pressé de questions à ce sujet le candidat laissa ses interlocuteurs complétement stupéfaits ; il y en eut pour soulever à leur manière le lièvre sous une forme qui ne pouvait pas être stimulante ; au moins la question était-t-elle posée : « Vous êtes Président ; bien ; vous faites quoi ? » Réponse : « je convoque une Constituante et entre temps la Constitution actuelle s’applique » ; admettons un instant que je sois tombé de l’arbre et que je ne sois pas pétri de toutes sortes d’idées politiques ; imaginons seulement que je « voudrais bien que ça change pour moi » ; Je déduis quoi de ce discours ??? Une seule chose : cette affaire-là n’est pas faite pour moi.
Je cite le Rapport de P Laurent : « Je crois pour ma part à l'invention d'une tout autre stratégie, à condition bien sûr que nous nous donnions les moyens d'en être à la hauteur : celle de la conquête citoyenne, en tous lieux et en toutes circonstances, progressive ou plus globale, mais toujours dans l'avancée de droits et de pouvoirs nouveaux pour le plus grand nombre. » Et je ne commente pas.
La seconde arête est mieux connue ; c’était le « plan B » ; là, les roulements de tambour ne manquèrent pas .. Quiconque écoutait P Laurent comprenait que le PCF ne voyait pas, mais pas du tout les choses ainsi … Mais de toutes façons après quelques tours de piste il ne fallait pas être un grand expert pour comprendre que Ça , ça ne marcherait pas . Et la chose à nouveau se perdit dans les sables dans la dernière ligne droite.
La troisième arête est de nature différente : c’était la question énergétique ; il existait là de vraies convergences ET de profondes divergences. Mais, aussi important que soit le débat global, chacun comprend que ce ne pouvait être là-dessus que l’affaire se décidait. On ne peut pas dire que sur cette question le PCF ait été absent ; Amar Bellal fit de très nombreuses conférences sur la question. Mais soit dit en passant, le descriptif donné par le candidat pour la transition énergétique non seulement ne pouvait pas susciter l’enthousiasme mais alla jusqu’à provoquer plutôt une très grande irritation ; prétendre que les dizaines de milliers de travailleurs hautement qualifiés dont l’entretien et la bonne marche des centrales avait occupé leur vie allaient d’un revers de décret impérial trouver la même motivation dans le démantèlement, c’était une étrange vision de « révolution citoyenne » . Quant à croire que l’on passerait à 100% renouvelable d’ici 2050, seuls les niais pouvaient le penser à supposer que ce soit souhaitable.
On se trouva dans une situation inédite : le candidat était « crédible » mais son programme ne l’était pas.
Il faut sans s’y étendre dire à ce stade quelques mots de nos éventuelles lacunes de campagne ; nous avions collectivement voté pour une campagne autonome constructive et critique.
Il convient d’abord de dire que pour ce qui LE concerne, P Laurent se tint scrupuleusement à ce mandat ; plus haut on trouvera un aspect central où à peu près rien ne fut dit ; mais il s’agissait d’une question stratégique ; on ne voit pas P Laurent ni quiconque d’ailleurs réussir à faire la clarté à cet égard vu le paysage médiatique et j’ajoute que si P Laurent a les épaules larges, il ne peut pas porter ce que le corps militant ne porte pas.
Que L’Humanité ne contribue à aucun moment de la campagne à tenter de faire tomber un peu de clarté non obscure des étoiles est un vrai sujet.
En passant, que notre candidat se permette d’insulter A Tsipras comme il le fit sans réplique, fût -elle feutrée est un autre vrai sujet ; il est vrai qu’avec le « Plan B » , Mme Merkel et W Schäuble n’avaient qu’à bien se tenir ; on a vu ce qu’il en était . C’était une honte qu’il n’aurait pas fallu laisser passer ; mais c’est plus facile à dire qu’à faire : il est dix mille fois plus simple de croire que Tsipras « s’est couché », de penser qu’on va régler cette affaire avec nos gros bras et nos tout petits biceps que de penser ce qu’implique une renégociation. C’est l’ensemble du corps militant du PCF qui sur la question de la Grèce et du premier grand affrontement avec les tenants de l’ordo libéralisme au niveau européen qui fut carent, ce, depuis le début ; l’ »Humanité » joua là un rôle peu glorieux .
Enfin, si j’ose dire, reste la question économique et on comprendra que je ne sois pas à ce sujet très éloquent ; je lis. Je fais de mon mieux ; la question était -elle de savoir que notre candidat était keynésien ??? Je connais des keynésiens autrement plus durs notamment sur la dette que lui ; sur la BCE, ces mêmes keynésiens conséquents sont d’accord avec nous, pas notre candidat ou alors les jours pairs. Il est contraire à la vérité que la question de la réforme Sécurité Emploi Formation ne fut au mieux qu’évoquée à la marge ; P Laurent en parla chaque fois que le problème de l’emploi fut évoqué ; la CGT pour sa part en a fait sous une forme voisine une ligne de mire ; le Groupe parlementaire a déposé un projet de Loi qui reprend complétement cette Réforme ; mais cela répond -il à la question ? ? Les critiques acerbes de Pierre Laurent au sujet des aspects économiques se sont-ils une seule fois posé la question de savoir pourquoi la CFDT était passée devant la CGT aux élections professionnelles ? Ont-ils écouté ce qui se disait dans les cortèges des manifestations anti Loi El Khomry et avant contre les contre réformes des retraites ??? Personnellement, l’état des esprits que j’y constatais me sembla très préoccupant ; ce qui dominait était l’idée qu’on n’avait jamais vu aucun gouvernement tenir face à une mobilisation de cette ampleur ; on n’avait jamais vu, mais on le vit. Pas de salami pour Célimène ….
Doit-on déduire de tout cela que, en définitive, la Direction du PCF fut « parfaite » et que c’est le corps militant du PCF qui est à incriminer ?? Si on comprend ça, mon expression ne vaut rien. En tout cas, je ne sais pas ce que veut dire « le groupe dirigeant ». A ma connaissance le fonctionnement normal du PCF n’est pas entravé ; il l’est dans certains départements dont le mien mais même cette situation détestable n’est pas « la cause » de ce qui s’est passé.
Pouvions nous éviter le désastre ? (Encore l’existence du Groupe , qui n’était pas une évidence est-elle à prendre en considération )
Le désastre pour qui ?
Depuis le début il ne manque pas d’avertissements provenant de la direction du PCF ; si ne se créent pas les conditions d’un pacte gouvernemental de gauche pour une politique de gauche, celle -ci ira toute entière dans le Mur . Elle ( la direction ) tenta ; elle tenta tout. Contre l’aveuglement de partenaires possibles elle ne pouvait rien ; notre soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon était critique mais c’était un soutien ; aucune volte- face n’était possible ni même souhaitable ; une critique trop acérée, c’était la certitude de voir accentuer l’hostilité à notre égard sans aucun bénéfice. J’ai dit ailleurs ce que je pensais de l’itinéraire de l’Option 2.
Sommes-nous alors condamnés quoi qu’il advienne ?
Si je le pensais, je me tairais . Il n’existe pas de stratégie gagnante à coup sûr ; mais penser que discuter stratégie au PCF est perdre son temps prépare d’autres défaites , d’autres échecs . Je ne peux ici que conclure temporairement en citant Pierre Laurent (c’est une manie , je cherche une place ………) :
« Évidemment, cela appelle une nouvelle organisation, plus seulement territoriale et généraliste comme la nôtre, mais centrée sur sa capacité à animer jusqu'à des victoires partielles et globales des fronts de lutte et de conquête, à pousser jusqu'à la majorité et à l'hégémonie des projets et des idées minoritaires à potentiel majoritaire. C'est alors, évidemment, une conception profondément renouvelée du rassemblement, recentrée sur la construction populaire. «
Billet de blog 28 juin 2017
Sur quelques aspects du Rapport de Pierre Laurent
Une nouvelle bataille est engagée ; sur plusieurs fronts et le tout premier consiste à ne laisser à ce « gouvernement » aucun répit. Je vais ici me focaliser sur certains aspects du Rapport de P Laurent au CN ; peut-être au passage épinglerais- je des contributions parues mais ce n’est pas mon souci premier.
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