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Billet de blog 29 janvier 2017

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SUR QUELQUES QUESTIONS RELATIVES A LA CAMPAGNE JLM

« Vous devez être méchants comme des gales…. »( JLM à Périgueux )

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SUR QUELQUES QUESTIONS RELATIVES A LA CAMPAGNE JLM

« Vous devez être méchants comme des gales…. »( JLM à Périgueux )

Ayant expliqué comment et pourquoi j’appelle à Voter pour Jean Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle, je ne vais pas me lancer dans une polémique. D’autant moins que les jours passant je ne vois rien qui me fasse « regretter « mon choix ; je reviendrais sur un autre Billet pour traiter du cas Hamon.(Une partie de ce billet a été écrite bien avant la Primaire du PS résultats ce soir ….)  

Mais certains sujets me préoccupent et en particulier la façon dont Jean Luc Mélenchon les aborde ; je suis beaucoup trop insignifiant pour m’attendre à une « réponse ».

Jean-Luc Mélenchon aborde plusieurs questions dans des sites distincts ; une fois dans son « One Man Show » à Bordeaux , une autre sur son Blog ; à Bordeaux il critique « courtoisement » F Fillon en le décrivant comme « productiviste aveugle » ; cette critique n’est pas absurde mais passe à côté de ce pour quoi le candidat F Fillon est extrêmement dangereux ; dans son blog il nous fait un descriptif de ses démêlés judiciaires avec Marine Le Pen ; c’est très long , très détaillé et pas passionnant ; là aussi , curieusement, Jean-Luc Mélenchon s’égare un peu.

PARTIE 1 : AVANT PERIGUEUX

J’en viens à mon propos : la question du nucléaire. Jean Luc Mélenchon la règle en un tournemain. 100% renouvelable point barre. On peut aimer ou détester le chocolat mais cette question ne décide pas de l’aptitude à briguer les plus hautes responsabilités de l’Etat (nous sommes encore sous la V° …).

La transition énergétique est à l’ordre du jour ; PERSONNE à gauche ne s’affirme climato sceptique ; aussi est-ce une question à traiter sérieusement. 

Jean-Luc Mélenchon détaille de deux façons très différentes ses arguments ; il y a une façon à Bordeaux et une toute autre sur son Blog.

On ne sait pas pourquoi il change.

A Bordeaux en tout cas, il nous dit ceci : le changement climatique est là ; la montée des eaux océanes est là ; ce ne sont pas des prédictions ; à partir de là au vu de ce qu’implique la montée de eaux le RISQUE de la panne ou /et de l’accident majeur dans une Centrale nucléaire est une CERTITUDE ( quasi verbatim)  .

Sur son Blog il argumente sur les coûts.

Dans aucune des prestations citées il ne fait usage de l’argument «  Le nucléaire c’est dangereux ( en soi ) «  ou /et «  le nucléaire n’est pas démocratisable » ; on pourrait penser «  c’est déjà ça » mais non . Ces deux arguments là sont abandonnés car s’appuyer sur la peur « tout court »  ou /et une technologie qui « par définition » ne serait pas démocratiquement maîtrisable, ça ne tient pas la route ; les écologistes les ont aussi abandonnés après en avoir fait des tonnes . Nicolas Hulot qui sert de référence ABSOLUE à Jean-Luc Mélenchon ne s’en cache pas ; le refus du nucléaire est pour lui un choix de société ; les arguments en pour ou contre pèsent peu. D’ailleurs maintenant Nicolas Hulot soutient B Hamon …….

Je ne suis pas un « défenseur inconditionnel » du développement de cette forme de ressource énergétique. J’examine ici les arguments de mon candidat à la Présidence de la République. Si Jean-Luc Mélenchon considère que pour lui, à l’instar de Nicolas Hulot c’est un CHOIX de société, ce n’est pas le mien, mais argumenter n’a AUCUN sens ; il y a quantité de compatriotes de gauche pour lesquels «  la compétition » fait « partie de la vie à condition qu’elle permette la solidarité » ( JLM à Bordeaux ) ; ce n’est pas mon point de vue mais force m’est de constater que cette idée est très ( trop ?) répandue . A gauche avec la réserve indiquée dont personne ne nous dit comment   on « concilie » compétition et solidarité ; à droite évidemment sans aucune réserve ; que le meilleur gagne ! (Comme si cela avait un sens) .

Mais si, pour légitimer un CHOIX de société que je discute, Jean-Luc Mélenchon fait recours à des arguments, il FAUT les examiner et là, le bât blesse sérieusement.

J’aurais recours à trois articles très différents ; le plus proche du point de vue de Jean-Luc Mélenchon, est celui de Corine Lepage ….  qui ne sera pas cité ici, la parenté étant évidente .

La revue « Futuribles » dont on peut penser ce qu’on veut mais pas rejeter comme source a priori suspecte, donne la parole à Corine Lepage (on a déjà dit pourquoi on n’en parlerait pas) , à Bernard  Bigot , au scénario Négatep et au scénario Négawatt ; les trois articles mentionnés se prononcent sans équivoque pour une montée en gamme des EnR ( Energies renouvelables ) mais AUCUN pour l’abandon pur et simple de l’énergie nucléaire . Il est sûr que Jean-Luc Mélenchon qui rappelons -le est soutenu par une partie de la gauche dont le PCF, à l’élection présidentielle connaît ces articles comme moi.

On verra ci-dessous qu’il est irresponsable de balayer leurs arguments d’un revers de main.  

Bigot est Directeur général du CEA ; c’est un libéral assumé et il a déjà servi sous F Fillon ; travailleur de force on ne peut pas lui dénier la compétence ; on peut discuter ses arguments ; relativement à Fukushima son insistance porte sur deux points fondamentaux ; malgré un tsunami sans équivalent précédé d’un tremblement de terre de force 9, l’accident nucléaire n’a PAS fait exploser les réacteurs ; d’autre part cet accident a mis en lumière des erreurs gravissimes de management. Comme Bigot est un libéral assumé, il n’ira pas jusqu’à dire, ce que DIT en toutes lettres l’Académie des Sciences qui ne semble pas être un organe très prisé de Jean-Luc Mélenchon à savoir qu’ESSENTIELLEMENT l’origine de l’accident vient du fait qu’au Japon l’industrie nucléaire est sous contrôle privé.  La faute c’est TEPCO. Jean-Luc Mélenchon n’en dit mot ; un accident est un accident, point. On me permettra de ne pas le suivre.  Une automobile vous renverse et vous tue ; c’est un « accident » mais son ou ses responsables usuellement ont des comptes à rendre et il est loisible de penser que sans ce ou ces responsables, il n’y aurait pas eu d’accident.  

Ensuite l’» argument de Bordeaux « ; le changement climatique est un fait ; la montée des eaux océanes un autre fait ; mais rien de tout cela n’est instantané ; pourquoi alors annoncer que l’accident dû à la montée des eaux est CERTAIN ?  Un tremblement de terre de force 9 suivi d’un tsunami sans précédent ne produit PAS l’explosion du réacteur ! Si on tient compte en outre du temps, il est loisible de penser que même si la montée de eaux océanes est irréversible, la technologie de protection des réacteurs peut progresser de façon à rendre l’accident hautement improbable et pas du tout CERTAIN. Pourquoi spéculer sur un accident CERTAIN qui de fait est absolument improbable ? A cela Jean-Luc Mélenchon répond par l’invocation du   Principe de précaution ; c’est son droit le plus absolu de vouloir encore le renforcer mais on peut être d’un autre avis et les avis motivés pour au moins lui substituer d’autres principes ne manquent pas ; l’application telle que du Principe de précaution eût en son temps interdit la construction des chemins de fer ; elle eût absolument proscrit la vaccination antirabique etc…. 

Certes F Fillon se prononce pour son abandon mais ceci n’est pas un motif pour le renforcer (ou même le conserver) sans égard aux conséquences ; F Fillon est un adepte du capitalisme dans sa forme la plus prédatrice (ressources matérielles ET humaines) mais on n’est pas obligé de le suivre ; l’abandon du gaz de schiste peut se faire sans l’application du principe de précaution.

Au demeurant, on l’a dit, Jean-Luc Mélenchon change de registre suivant ses prestations et sur son blog il utilise de tout autres arguments.

Avant d’y venir, il faut d’emblée noter que la question examinée des conditions de la transition énergétique – laquelle fait consensus sur le principe et pas dans ses modalités – est extraordinairement complexe ; que le quotidien « Libération » s’exclame qu’en Allemagne la transition énergétique est un « succès « et pas un désastre, est permis au quotidien (qui n’en est pas à sa première falsification) mais pas au candidat de gauche à la Présidence de la République.

La complexité de cette question de la transition énergétique exclut le recours à des arguments simplistes ; elle se prête surement à des affirmations tenant à un projet de société mais comme déjà mentionné, on sort alors complétement des limites d’une campagne présidentielle.

Citons l’étude de « Futuribles » relative au scénario Négawatt ; ce scénario est exactement celui de Jean-Luc Mélenchon :il  s’y réfère explicitement à Périgueux (voir ci-dessous partie 2)  :

« Un des piliers technologiques du scénario Négawatt est le recours accru aux EnR pour alimenter le système électrique. ….(il s’agit d’une perspective du tout renouvelable pour la fin du siècle et de 50% à l’horizon 2050 )  . Si on peut imaginer qu’un jour on saura stocker l’électricité ou piloter intelligemment les appareils pour suivre les fluctuations de la demande à court terme, comment pourra-t-on    gérer un déficit durable de production lié à un événement ou un changement climatique imprévu ? Une fois la réserve épuisée, que fera-t-on si on ne dispose pas d’un moyen de production garantissant par tout temps la base minimale pour assurer les fonctions vitales de la société ? » L’article poursuit « Quid du bilan écologique global des EnR ? Ce point est important pour chasser des idées erronées dans l’esprit de nos concitoyens : seuls les flux de lumière, d’air ou d’eau sont renouvelables et PAS les dispositifs matériels nécessaires pour les capter.  Sur ces dispositifs et leur cycle de vie, il RESTE DES DONNEES INDISPENSABLES A RASSEMBLER et à mettre en débat, pour s’assurer QU’ILS SONT BIEN DURABLES dans les conditions où nous les fabriquons et remplaçons. Pour cela la RECHERCHE est PLUS QUE JAMAIS nécessaire, à la fois pour caractériser les filières technologiques et rendre possible demain ce qui ne l’est pas aujourd’hui. »

Le candidat de la gauche à la Présidentielle va-t-il songé à « rassembler » ces « données indispensables » ou considère-il que ce sont là propos vides de sens et d’intérêt ? La recherche, en tout cas, n’est pas le fort du candidat qui n’en dit pas un mot.

Avant d’aller plus loin soulignons que d’une part l’article date de Juillet -Août 2011, que les données ne peuvent pas avoir sensiblement évoluées depuis et surtout que c’est un article discrètement favorable au scénario Négawatt .

Penchons-nous maintenant sur la question des moyens ; dans son blog Jean-Luc Mélenchon décrit la poursuite du Nucléaire comme ruineuse ; il est inutile de procéder à des citations ; ceci impose donc de voir ce qu’il en est des solutions qu’il favorise c’est-à-dire, en l’espèce ,100% renouvelable (l’échéance n’est pas indiquée)

Considérons alors le scénario Négatep ; celui-ci , indiquent les auteurs ( Claude Acket et Pierre Bacher ) de l’article cité de Futuribles , « pensant à la compétitivité des entreprises nationales , au budget de l’Etat et à celui des citoyens-consommateurs , en particulier des plus défavorisés , frappés de plein fouet par les hausses de prix de l’énergie , écarte les voies trop coûteuses. Négatep, aux côtés d’efforts importants mais raisonnables de maîtrise de l’énergie et d’un fort développement des EnR Thermiques donne une place de choix à l’électricité comme substitut aux combustibles fossiles , celle -ci étant produite par des sources non émettrices de gaz carbonique dont le nucléaire et une part financièrement et techniquement raisonnable de renouvelables » 

Poursuivons ; le point fondamental est le suivant (Pour le détail nous renvoyons à l’article cité TRES détaillé)

a)    Pour le combustible fossile, le coût de l’électricité produite ( hors capture et stockage du CO², pour lesquels on est très loin de compte au plan technologique ) ,donne une moyenne de 50€ par MWH ; avec le CSC ( capture et stockage ) on obtient une estimation de 60€ par MWH )

b)   Pour les Enr : éolien terrestre : 64€ par MWH ; éolien maritime : 85€ par MWH ; solaire photovoltaïque : 350€ par MWH ; parc éolien mi terrestre mi maritime : 75€ par MWH

Mais encore faut -il tenir compte de l’intermittence et des répartitions géographiques de l’éolien et du solaire ce qui a conduit L’ECF ( European Climate Foundation) et une étude allemande à envisager la construction d’un SUPER RESEAU ENTERRE européen pour multiplier les turbines à combustion   ; sans entrer dans les détails, le coût global a été évalué pour l’UE à 180Milliards d’Euros soit une part française de 30 Milliards ; Dans le scénario Négatep le remplacement 400TWH nucléaires ( à 40Millions € le TWH )par 300TWH éolien à 75 Millions € le TWH et 100TWH de solaire photovoltaïque à 350Millions € le TWH , le surcoût serait de 40 Milliards € auxquels s’ajoutent les 30 milliards du super réseau indiqué , soit un surcoût de 70Milliards € .

Le scénario qui conduit à 80% de renouvelables horizon 2050 ( on n’est toujours pas aux 100% de JLM ) on atteint des investissements de 40 Milliards € par an  , en gros le DOUBLE du scénario Négatep extrapolé à l’UE .Pour 2050, les scénarios allemands envisagent un rejet de CO² de 1.9 Tonne /an /habitant contre 1.7 en France . Pour atteindre cet objectif les efforts à consentir, hors production d’électricité sont assez comparables mais ils différent profondément si on considère la production électrique où l’Allemagne vise 0 Nucléaire à l’horizon 2050 (Objectif JLM ) .

Mais tout cela ne permet pas de faire face aux besoins et l’Allemagne se trouverait importatrice de plus de 100TWH alors qu’elle est aujourd’hui exportatrice. Tout indique que l’appel à l’étranger suppose le Super réseau européen et la possibilité de le mobiliser pour faire face AUX SEULS BESOINS ALLEMANDS »; l’article pose alors la question «  Comment mettre en place un Super réseau Européen dont LE PLUS GROS BENEFICIAIRE serait l’Allemagne et le pays le plus impacté LA France ? « 

Pour conclure, un scénario misant sur 60% d’EnR  on évalue à un coût d’investissement de 690 Milliards € sur la période 2010- 2050 et un coût total de 1220 Milliards € ; le scénario Négatep lui , conduit à un coût d’investissement proche de 370 Milliards € soit 9 Milliards €/an et un coût complet de 700Milliards ; ce scénario  est  très proche de celui que présente le PCF .

Les lectrices et lecteurs comprendront que j’arrête là.

La question de la transition énergétique ne se traite pas par des affirmations assénées.

Je n’ai pas parlé de l’ouvrage de mon ami Amar Bellal ; mais c’est normal : il est communiste et sur Médiapart serait aussitôt récusé. Mais il est impossible de résister totalement à la tentation néanmoins et cet ouvrage TRES DOCUMENTE servira dans la seconde Partie de façon très partielle .

PARTIE 2 APRES PERIGUEUX

Là, nouveau changement de pied ; le risque est devenu omniprésent ; la preuve par l’arrêt de certains réacteurs pour maintenance et vérifications ; on ne voit pas que les vérifications indispensables prouvent quoi que ce soit en termes de risque ; cela tendrait à prouver au contraire que assujetti à la puissance publique , TOUT risque majeur ne serait pas éliminé mais réduit à un niveau minimal ; mais la question est ailleurs ; une fois la chose mise -en scène , ce qui est présenté est exclusivement le scénario Négawatt ; ce peut être un choix politique mais ce ne peut pas prétendre éclairer nos compatriotes ; pourquoi ne pas présenter de façon équilibrée les deux scénarii ???Négawatt et Négatep . Voir ci-dessus.

En outre, nous dit -on, rayons d’un trait de plume cette fable de l’indépendance énergétique ; l’uranium est importé . Ce qui est vrai.

Mais ce qui n’est pas dit est que – j’emprunte ici au livre de mon ami Amar Bellal , d’une part les sources d’approvisionnement ne dépendent pas d’un seul pays , que s’agissant du Niger les exploitations sont extrêmement surveillées, contrôlées et que les travailleurs nigérians se sont dotés de syndicats puissants, et que enfin les quantités d’uranium nécessaires au fonctionnement des centrales sont infimes comparées à d’autres comme le charbon ; l’uranium est stockable , pas l’électricité …..

D’autre part sur un autre plan, on entend une fois encore monter aux nues l’énergie de la mer ; les Hydroliennes existent ; il en existe aujourd’hui 2 ; ce sont des bijoux technologiques mais ….elles ne sont que des prototypes ; les implanter pour remplacer un ou plusieurs réacteurs demande, en l’état, des milliers de telles machines ce qui rend le coût pour l’immédiat prohibitif.

Le cas allemand est aussi étudié en détail dans le livre de mon ami ; c’est un désastre ; le pays est bel et bien couvert ici d’éoliennes, là de photovoltaïque mais ….la part des Enr aujourd’hui plafonne malgré cela à 15% du total des besoins ; le reste est fourni par une énergie issue de la combustion la plus génératrice de CO²…… Et l’Allemagne deviendra importatrice d’électricité ; quel pays la lui fournira ? Voir ci-dessus.      

Il y aurait encore bien des questions à soulever ; demain sonnera une autre heure ; celle où les candidats de gauche devront trouver à s’entendre sans quoi tout cela sera du vent.

A Périgueux le candidat que je soutiens demande que l’on soit méchant comme la gale vis-à-vis du programme qu’il présente ; sans aller si loin, je ne peux que souhaiter que, sans pour autant en nourrir l’espérance , il soit plus respectueux de l’avis de celles et ceux qui tout en le soutenant , ne pensent pas comme lui sur tout et qu’il tâche de répondre aux questions certes mineures que son programme ne peut manquer de soulever .  

Les références précises seront données dès demain en fin d’article

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