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Billet de blog 29 avril 2014

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CAMBADELIS ET SES INNOVATIONS POLITIQUES II

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

II Du capitalisme chez Cambadélis

On l’a dit plus haut, et cela pourrait suffire, la clé de l’ouvrage , la clé de la politique de François Hollande , Ayrault-le-Modeste , ou Valls-le –Matamore,  c’est «Cela signifie que l’alliance avec le capitalisme industriel est pour la gauche une nécessité pour combattre l’hydre financière. »

Il en faut cependant plus ; il faut de la « théorie » à cette idée « très nouvelle », en effet présente plus ou moins en tout cas depuis Mendès-France lequel au passage était Radical et jamais membre du PS (la vérité, toute la vérité…….)  dans la pensée implicite ou explicite du PS et de sa PRATIQUE GOUVERNEMENTALE à coup sûr.

JC Cambadélis commence par Jospin : « oui, le monde a changé, oui il nous a changés » et , ajoute-t-il (p 20) , « mais cette formule de Lionel Jospin devrait nous inciter à agir sur la réalité , pas à nous en remettre à elle. Nous n’avons pas perdu notre volonté de le changer ce monde …  »

On va vérifier ça.

Chapitre III «  Un dessein » : p49 «  Dans la campagne, Lionel Jospin fut à juste raison particulièrement clair, j’allais dire visionnaire (sic ‼ !). Il  déclara sur Europe I le 22 /04/1997 : « Si nous ne mettons pas en face de la Banques centrale charger de gérer la future monnaie  européenne un gouvernement économique, cela veut dire tout simplement (….) que l’on renonce à notre politique monétaire. Et si on accepte le pacte de stabilité renforcé, qui n’était pas dans le traité de Maastricht et que les Allemands nous ont imposé, cela veut dire que l’on renonce à notre politique budgétaire, c’est-à-dire aux deux principaux instruments de politique économique »

« Lionel Jospin ratifiait deux semaines plus tard le traité d’Amsterdam. Le Premier ministre plaida qu’à peine nommé, il ne pouvait pas ouvrir une double crise en Europe et dans la cohabitation. L’argument était recevable même s’il induisait que ledit traité n’était pas bien défendable. Pouvait-on faire autrement ? Cette question RESTE OUVERTE, mais à l’époque, à part Julien Dray et Jean-Luc Mélenchon, dans le parti socialiste, personne ne l’a posée au sein du gouvernement, ni JP Chevènement, ni Marie-Noëlle Lienemann » 

Personne au gouvernement Mr Cambadélis, personne vraiment ? Dans un gouvernement de la gauche dite plurielle, vous allez soutenir ça ? Les ministres communistes n’ont rien dit ? C’est un scoop ; on va vérifier ça.

JC Cambadélis est un peu gêné aux entournures dans cette affaire «  cela veut dire qu’on renonce etc…….. » et deux semaines plus tard on ratifie. Mais…… derrière le calcul politique, il doit rester une grande capacité d’indignation sinon le cynisme n’est pas loin » ………  Dois –je être plus cruel ?

Cela étant, cet épisode qui s’ajoute à une série sans fin ne suffit pas à comprendre ce qui fonde une démarche ; c’est là qu’intervient D Strauss Kahn, avant l’abîme. Abîme dont on peut se demander si quelque part il n’est pas précisément l’aboutissement du CYNISME ; mais on ne fait pas ici une étude de « cas ».

L’analyse de DSK tient en deux points selon JC Cambadélis :

« D’abord, la crise financière mondiale n’a pas fait que dévaster l’économie mondiale, elle a sapé les fondements intellectuels  de l’ordre économique du dernier quart de siècle. La période était jusqu’alors marquée par une croissance régulière et une inflation faible. La dérèglementation et les privatisations assuraient la prospérité, et les marchés financiers transféraient les ressources vers les secteurs les plus productifs ( sic ! En français dans le texte) Cette période est révolue.

Ensuite, le long effort de résolution des inégalités entrepris depuis l’après –guerre s’est enrayé. Les inégalités de revenu avant impôts se sont accrues. Les inégalités individuelles au sein de chaque catégorie socio- professionnelle se sont aggravées. Surtout, de nouvelles inégalités sont apparues auxquelles l’État-Providence, fondé sur la réparation peine à répondre ……… » (p56 op cité) .

Avant de poursuivre, notons ceci : sans l’abîme, – était –ce envisageable ? – il est certain que la candidature de Dominique Strauss –Kahn aurait semé moins d’illusions que le discours du Bourget et cela n’eût pas été sans conséquence sans doute quant à la suite …. Dire publiquement dans une campagne présidentielle de la part d’un candidat socialiste « La dérèglementation et les privatisations assuraient la prospérité, et les marchés financiers transféraient les ressources vers les secteurs les plus productifs » aurait eu un effet certain sur nombre d’électrices et d’électeurs de gauche hésitants……. Inutile de rêver. Il n’y a pas que les « fondements intellectuels de l’ordre économique du dernier quart de siècle qui  ont été sapés », mais l’ensemble des valeurs humanistes qui avaient peu ou prou marqué l’après-guerre .C’est un tsunami civilisationnel global auquel on a « assisté » mais… de la part d’un haut responsable socialiste c’est se moquer de présenter les choses ainsi : assisté ? Ces effets n’ont donc pas de causes identifiables ? Pas de responsables ? Pas de décisions POLITIQUES qui les anticipent et les précipitent ?     On reviendra sur ce passage plus loin.

Le plus important est ceci «  pour répondre à cette nouvelle donne, DSK plaida pour un socialisme à double ambition : reconstruire les fondements de la stabilité et renouveler les termes du compromis social »

À supposerl’objectifcompatibleavec quoi que ce soit de socialiste, on va voir maintenant comment :

« Sans tabou » ; le camarade tabou n’est pas content ; il n’aime pas qu’on discute sans lui   ; « Ni sur le financement des retraites, ni sur l’évolution du système de santé. Pas plus sur la réforme du marché du travail, ou enfin sur la reconfiguration territoriale des services publics …tout est selon lui discutable si l’on tient un discours de vérité. Car telle est la condition de toute crédibilité …….. Mais elle nécessite de revisiter le corpus idéologique de la gauche. Le capitalisme a évolué. La société aussi. Les inégalités qu’il sécrète ont changé de nature (‼ ‼) . Il faut donc adapter les instruments d’action à cette nouvelle réalité contemporaine mais au service de la justice sociale et contre « l’alliance de toutes les paresses intellectuelles »………

Quatre raisons font que l’étude et le traitement des problèmes économiques et sociaux à partir du vieux tryptique d’inspiration marxiste ……….. « sous l’angle exclusif de l’affrontement et de l’équilibre entre ces classes sociales » :

« -Le capitalisme était industriel, il est devenu financier ……… La logique de production a cédé devant celle du rendement.

-Avec cette mutation le capitalisme a changé de visage ; il était managérial, on le dit maintenant « actionnarial ». Le pouvoir économique et la décision stratégique échappent aux capitaines d’industrie. La compétence technique  ou administrative n’est plus le critère déterminant du choix des dirigeants. Il dépend aujourd’hui de leur capacité à gagner la confiance des détenteurs du capital.

-Le capitalisme était standardisé et s’appuyait sur un modèle de production et d’organisation du travail d’où ont émergé des rapports de classe ………. Avec le recul de la production de masse au profit de la différenciation des produits et de la flexibilité des modes de production, ce modèle est ébranlé et l’ancienne classe ouvrière éclatée.

-le capitalisme était national, il est devenu mondial……… »

DSK propose donc en réponse à la mutation ainsi décrite un double mouvement : 

« Idéologique d’abord : si l’action de la gauche doit continuer de s’inscrire dans la double filiation de la Révolution française et de la gauche républicaine, elle doit la dépasser ………

Il faut renouer avec le combat des origines mêmes du socialisme : la lutte contre les inégalités. » Ceci au moment où il faut une « fronde » des députés socialistes pour imposer à M Valls de ne pas geler les retraites en dessous de 1200€ …………, fronde d’ailleurs toute relative dont  JC Cambadélis exige que l’on en finisse ……… Mais ce n’est pas tout, on s’en doute, le point d’orgue arrive ;

« La lutte contre les inégalités. Avec comme maxime, celle de JM Keynes : «  le capitalisme n’est pas une réussite..Nous ne l’aimons pas et nous le méprisons. Mais quand nous demandons par quoi le remplacer, nous sommes extrêmement perplexes. Et comme feuille de route l’adage suivant «  Faire ce qui est possible dans une économie où la rupture n’est pas possible » . (p 60Op Cité )

Suit un passage intéressant que nous ne citons pas pour le moment ; nous  verrons plus loin que ni JC Cambadélis, ni a fortiori F Hollande ou M Valls n’appliquent les recommandations de DSK et n’y songent pas et pour cause.

« Avec quelle méthode ? ; Le contrat ……. Il n’y a pas d’avenir pour la gauche dans une vision étroitement sociale (aucun risque de ce  côté-là.. ) ou trop étroitement étatique ». Là, nous dit JC Cambadélis, est le legs (AVEC UN « S » Mr Cambadélis, avec un « S » !)  Strauss-khanien…………Le contrat …….. Pacte de ceci, pacte de cela, pacte et pacte sans PACS et certainement sans « mariage pour tous »……… Trêve de facéties.       

Eh quoi ? dira-t-on ; où est dans ces abondantes citations la révélation promise ? Jusque-là , on ne voit que l’exposé de thèses éventuellement discutables mais on ne voit pas pourquoi la vache qui rit , rit .Patientez, voilà la chose , on la trouve au Chapitre VI intitulé « Instituer la liberté ordonnée »

« La liberté politique avant le marché , les biens communs avant les intérêts privés ………( Où JC Cambadélis range- t-il Alstom dont, avant le dépeçage et la capitulation en rase campagne ,  que ce soit par GE ou par Siemens, F Hollande jure qu’il s’agit de la chose publique, d’enjeux stratégiques et donc de « biens communs », sabre de bois  ??????????? )

Nous savons que la liberté du créateur, celle de l’entrepreneur sont fondamentales pour l’épanouissement et le développement de la société. La gauche n’est pas l’ennemi des entreprises, encore moins dans leur esprit. Nous le savons, l’État doit intervenir pour faciliter la vie des entreprises, pas pour les brimer ; nous sommes pour les vrais productifs, pas les rentiers. Nous somme pour toutes les entreprises pas seulement (mais aussi) pour les grandes qui peuvent se payer des lobbyistes à Paris. Nous sommes pour les entreprises qui réinvestissent leurs profits dans la recherche et le développement de nouveaux produits …..Nous sommes pour l’esprit d’entreprendre pas pour l’esprit de « tout prendre » .  P121-122Op Cité

Et retour au Chapitre III pour bien comprendre : « «il faut continuer d’intégrer dans la réflexion et dans l’action la tension entre le capital et le travail mais dans un contexte idéologique renouvelé. L’avenir de la gauche dépend, pour une bonne part , de notre capacité à convaincre de la cohérence entre la nécessaire régulation du capitalisme (cf plus haut ce que dit DSK de la prospérité due aux dérégulations ………. ) et LA NECESSAIRE PROMOTION DES ENTREPRENEURS » P 60 Op cité

Cet ensemble mérite quelques commentaires sérieux auxquels nous livrerons dans la partie III, mais concluons temporairement ; quel auteur perspicace décrivit la quête de Napoléon dans la Campagne de Russie pour une alliance improbable avec une bourgeoisie qui n’existait pas, la chercha inutilement chez les boyards qui n’en voulaient à aucun prix, et y trouva son échec  et sa déroute devant la force coalisée du peuple russe ? J’ai oublié, je l’avoue.  Et il est certain que JC Cambadélis n’est pas Napoléon même à l’époque de la Campagne de Russie. Mais la quête qu’il décrit est tout aussi vaine et la déroute tout aussi prévisible si ………..

Tous ces discours ne peuvent cacher le FAIT qu’aujourd’hui le MEDEF n’entend pas « confier » aux socialistes le soin de conduire le char du profit ; dans ses conceptions, l’esprit de « tout prendre » est là, et y domine quoiqu’en pense JC Cambadélis. Nous verrons pourquoi. Il ne s’agit évidemment pas de « morale » ; ni d’une représentation passéiste bien au contraire. La droite décidément n’a rien appris à JC Cambadélis ; il trouvera peut-être trois transfuges ou personnages de droite plus lucides pour « accompagner » la dérive politique du PS ; mais la Droite aujourd’hui n’est pas celle d’hier ; elle est absente du livre de JC Cambadélis ; étrangeté. Sans doute est-elle divisée sur le comportement à tenir ; mais elle est IVRE de pouvoir ; la droite française est celle qui considère que « la gauche a vaincu par effraction ». JC Cambadélis l’ignore. Ennuyeux. Mais ce qui est pire encore est le FAIT que la victoire de F Hollande en 2012 ne se résume pas à la volonté de chasser le gang Sarkozy ; c’est surement un déterminant ; la victoire de F Hollande est AVANT TOUT celle d’un DESIR DE POLITIQUE DE GAUCHE ET LA DROITE LE SAIT ;  là se trouve le point aveugle des grandes réflexions de JC Cambadélis. On y reviendra  

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