TCHAPAIEV

Abonné·e de Mediapart

209 Billets

0 Édition

Billet de blog 30 mars 2013

TCHAPAIEV

Abonné·e de Mediapart

DE HOLLANDE ET QUELQUES AUTRES RATONS LAVEURS

TCHAPAIEV

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Que l'affaire soit entendue :aujourd'hui le PS fait la pire politique dont il soit l'auteur depuis la Guerre Froide .
Répéter ça sur tous les tons ne sert à rien sauf pour ceux et celles de nos concitoyennes et concitoyens qui , en dépit de tout , ont continué à penser que le capitalisme d'aujourd'hui était compatible avec une politique de gauche . Pour celles -ci et ceux-là, aucun doute , c'était ça l'illusion . Pas le vote socialiste , et pas le vote Hollande dont je rappelle qu'il fut celui de 4 Millions d'électrices et d'électeurs du Front de Gauche dont l'essentiel séparait son candidat du premier tour et celui qui devint Président au second.
On peut gloser à l'infini sur les "renoncements" du PS et de François Hollande , et je vois qu'une nouvelle idée géniale fait son apparition après la prestation pénible de l'autre soir .Le PS n'est plus de gauche . La chose est dite . Il l'était en 1937 lorsque en pleurant des larmes de crocodile, Léon Blum se "résolut" à la non-intervention, sous la pression britannique du gouvernement Chamberlain dont il faut rappeler qu'il était pro-hitlérien . Et il l'était en 1947 lorqu'il chassa les Communistes du gouvernement ; il le fut évidemment  encore en 1958 où il approuva sans hésitation le coup d'Etat à froid de De Gaulle ; il le fut pendant la Guerre d'Algérie ... Où s'arrêter ? Cette litanie n'a aucun sens .
La vraie question est ailleurs
Parcourons -en des éléments : elle est trop vaste pour en faire le tour dans un billet
La fermeture du site de Florange était-elle inévitable ? La réponse est Non . Et même François Hollande le sait . Il décida cependant  et son gouvernement avec lui .
  A l'heure où le tout-Paris-qui- pense ne bruit que de "pensée stratégique" , la question de la filière industrielle de l'acier était et reste stratégique . Le chapître fut clos en un soir, la CFDT nationale apportant sa contribution à ce qui est à proprement parler une trahison. Pas celle de "la gauche" , pas celle d'un syndicalisme de collaboration de classe à bout de souffle , une trahison d'Etat . Et pas seulement parce que cette décision frappe au coeur des dizaines de milliers de familles ouvrières qui , en dépit de tout gardaient l'espoir , une trahison d'Etat qui se plie à un marché de dupes et provoque une catastrophe humaine, sociale, économique ,  inscrit toute une trajectoire politique dans le renoncement à affronter l'"adversaire sans visage" du Meeting du Bourget . Encore faut-il s'entendre sur les mots ; en désignant la finance comme son seul adversaire , François Hollande  créa l'illusion qu'il allait s'y attaquer ; mais on chercherait en vain dans ce "fameux discours" quoi que ce soit qui indique cette volonté.Habileté , cynisme , les deux sans doute, mais comme on l'a dit, ce n'est pas la question.
De cette question , on ne parla pas l'autre soir . Sans doute était-ce trop demander à David Pujadas .
La casse du Code du travail est-elle inévitable ? Nécessaire ? La réponse est Non . Et même François Hollande le sait . Au PS on le sait. Que cela s'exprime de façon forte ou faible n'est pas la question . Pourquoi alors inscrire dans la Loi une telle horreur qui fait revenir le droit du travail des décennies en arrière et prépare de nouveaux sacrifices sur l'autel de la "compétitivité" , c'est à dire des exigences du MEDEF lequel en ce moment est littéralement forcené?
Ce texte a t-il la moindre chance d'être un élément de dévelopement de l'emploi ? La réponse est Non. Les formulations du texte ne limitent en aucune manière les licenciements massifs mais contraignent les salarié(e)s à accepter le troc de salaires diminués , de périodes de chômage partiel contre une vague perspective de maintien des sites de production.
Ce texte concourt -il à l'efficacité économique ? La réponse est Non . Un site de production en état de précarité permanente ne peut être propulsif ; il est démotivant de l'ouvrier au cadre .
Ce texte concourt-il à la réduction du "déficit " si tant est que cette question soit bien posée ? La réponse est Non.Si la production est en berne , comment prétendre exporter ?
Et de là , à l'augmentation de la durée du travail il n'y a qu'un pas déjà franchi ce qui pour tout être humain normalement constitué est une absurdité ; travailler à en mourir , c'est là l'horizon? 
On peut décliner à l'infini .
Ces  exemples à eux seuls indiquent sans contestation possible que ces choix politiques ne sont pas inéluctables , nécessaires et barrent la route à l'idée qu'il n'existe pas d'autre voie . Savoir pourquoi dans ces conditions, François Hollande croit devoir y persévérer a son intérêt, mais avant tout la question qui se pose est de savoir pourquoi tant de nos concitoyennes et concitoyens enragés par de tels choix s'y résignent au bout du compte .
Nos concitoyennes et concitoyens savent qu'il n'existe pas de "grand soir". Quiconque le leur prêche est discrédité . Nos concitoyennes et concitoyens ne font pas comme l'imbécile de la sagesse chinoise qui regarde le doigt quand on lui montre la lune . Ils et elles voient le monde et l'état du monde leur dit que l'"adversaire sans visage " est puissant .Ils et elles , au moins celles et ceux qui continuent de se sentir de gauche voient le positionnement de la droite en France et le spectacle les effraie . Il ya d'ailleurs de quoi. Voilà un parti ,l'UMP, dont l'un des principaux dirigeants déclare sans ciller que sa propre formation est une "maffia" , battu dans les urnes, qui exige de pouvoir décider de la politique de la France et qui est en permanence sur une posture de guerre civile froide .Celles et ceux de nos concitoyennes et concitoyens qui , en dépit de choix politiques qui les font se réveiller en pleine nuit , se sentent de gauche voient la posture du MEDEF ; ils et elles voient le spectacle de la politique de l'Union européenne et lorsque Jean-Marc Ayrault lâche cette phrase " Notre gouvernement fait la politique la plus à gauche de toute l'Union Européenne "  ils et elles sont tentés de penser qu'il n'a pas tort . Le Monde existait en 1936 aussi, mais il n'était pas chez vous chaque soir . Une réponse populaire nationale était crédible et elle eut lieu jusqu'à ce que qu'elle butte elle aussi sur les forces de l'"adversaire sans visage organisé" qui avait choisi le fascisme.
Par suite , se posent des questions auxquelles il faut répondre d'urgence .
L'affrontement avec l'"adversaire sans visage" est-il possible dans la monde tel qu'il est aujourd'hui? Et si c'est le cas , ne court-on pas le risque de troquer un mal pour un pire ? En définitive ceux et celles de nos concitoyennes et concitoyens de gauche recherchent les voies de compromis implémentables . Je choisis à dessein ce terme plutôt que le "réalisme" dont le désespoir et le renoncement ne font qu'une bouchée .
Prétendre trouver de tels compromis de façon purement nationale est une hérésie ; mais se servir de cet argument de bon sens pour barrer la route à toute construction partielle nationale est un crime .
Celles et ceux de nos concitoyennes et concitoyens qui aujourd'hui sont de gauche , en chassant la meute de Sarkozy dans les urnes ont fait un acte essentiel, déterminant. Avec cet acte tout commence . De cela justement , ils et elles n'ont pas pris la mesure exacte .  Eh quoi? Il faudrait donc s'en mêler ? N'est ce pas pour cela qu' une autre équipe a été élue ? Supposons un instant, même s'il y faut beaucoup d'imagination, que le gouvernement décide enfin de s'attaquer à l'"adversaire sans visage" . A lui seul il ne pourrait que peu de choses; j'accorde que ce serait déjà beaucoup  .Ses signaux évidemment encourageraient , Florange aurait été nationalisée , la production d'acier relancée etc... mais on peut compter sur les résistances de toute nature que mettraient en oeuvre l'"adversaire sans visage" . La Table Ronde Européenne des Entrepreneurs à qui la Commission Européenne est toute dévouée ferait vite copmprendre de quel bois elle se chauffe . Par suite il est impensable de créer une situation de compromis implémentable sans chercher à construire des alliés en Europe et des alliés dans le monde .Ces alliès sont partout . Il ne faut pas les chercher à la loupe. Ils sont chez les salariées et salariés allemands - les primes d'apparence extravagante offertes aux travailleurs de l'automobile achètent à bon prix leur calme temporaire . Les salariées et salariés allemands et très au delà, à quelques exceptions dont David Pujadas fait son déjeuner ,  gémissent sous la férule des réformes Schröder et Merkel ; ce n'est pas la tradition allemande de donner le la en matière de luttes sociales et politiques . L'Allemagne construit sa très relative et prétendue "réussite économique" sur un appauvrissement méthodique et systématique de l'ensemble des pays de l'Union Européenne et particulièrement ceux du Sud; pour que sa politique apparaisse comme une réussite il faut que d'autres populations en paie le prix fort  . Là pointe l'"antigermanisme primaire" alors que c'est un fait d'évidence . Les alliés sont chez nos voisins italiens, espagnols , portugais , greccs , chypriotes . Il sont dans les pays du Maghreb , en Inde , en Chine, dans l'ensemble du monde hispano-lusitanien  et je ne prétends pas faire le tour . Mais quid de leurs gouvernements ? De quels alliés parlez-vous?
Un compromis implémentable n'est pas un remake de '"Déjeuner chez Tiffany" ; les compromis implémentables d'aujourd'hui se discutent en place publique et c'est pourquoi le traité Merkozy adopté par François Hollande sans y changer une virgule doit faire l'objet d'un référendum et la partie n'est pas achevée .
Tout ce qui précède a pour but unique de faire la peau à l'idée imbécile bien que présentée par de prétendus oracles selon laquelle la politique de la France doit s'aligner .
Il n'en reste pas moins qu'avec le "meilleur gouvernement possible" , il faudrait s'en mêler. Pourquoi n'en pas prendre le chemin dès à présent ?
Et j'ajoute une opinion personelle; celles et ceux qui à gauche , au lieu d'être obsédés par cette question là , à savoir comment favoriser dès à présent dans l'hiver politique "qu'on s'en mêle en masse" et préfèrent les effets de tribune , le parler dru et cru rendent à la gauche le plus mauvais des services . Quand à se délecter de l'idée que le PS n'est "plus de gauche" , c'est là une façon de voir qui conduit droit à le rendre  encore plus à droite au prétexte qu'il s'y trouve déjà . Il ya mieux à faire, beaucoup mieux

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.