L’ARCHAÏSME
Les « bons résultats économiques », hors le chômage qui n’a rien à voir ont produit les effets attendus. M. Valls, devait avoir trouvé de l’absinthe dans son champagne. Et « la victoire » au goût de défaite pour le PS fut au rendez- vous.
Les enseignements que je tire sont les suivants :
L’étiage de l’abstention est maintenant de un (e) électeur-trice sur deux, effectif ; on peut gloser sur le caractère « local » d’un scrutin à dimension nationale non équivoque, les faits sont là : si la gauche fait ce qu’elle doit faire, son potentiel pour les Régionales et a fortiori pour 2017 est présent. La Gauche peut vaincre.
Dans une soirée électorale dépassant en insupportable tout ce qu’on pouvait imaginer, le score du FN, très important et trop important, ne peut masquer que son objectif n’est atteint nulle part. Ce n’est évidemment pas le résultat des exhortations de matamore de M Valls mais le début hésitant d’une prise de conscience que , « dédiabolisée » ou pas , avec M le Pen , c’est « no future » ;le vote FN est un vote massivement de droite , d’extrême droite , il comporte une composante populaire mais …… dans un département marqué par une droite qui flirte avec l’ensemble de ses thématiques tel que le 06 , la preuve est faite que face à un adversaire du PCF , la mayonnaise ne prend pas ; par parenthèse, c’est la seconde fois que cela se vérifie dans ce département .
La conséquence, et elle est de taille, est que pour la majorité de nos compatriotes , le FN n’est PAS une alternative ; c’est un phénomène majeur pour deux raisons ; la première sera examinée plus loin , la seconde est que cette situation libère la gauche d’une hypothèque redoutable et la construction d’une ALTERNATIVE DE GAUCHE dans le débat démocratique et le rassemblement de toutes les forces disponibles , y trouve à se déployer sans la peur panique de faire le « jeu du Front national » . Le temps n’est pas loin où le FN retournera au caniveau qu’il n’aurait jamais dû quitter. Tout le monde un peu lucide l’a compris même tardivement ce soir –là. Même le prétendu savant politologue convié ce soir -là sur FR3, lequel n’ayant cessé de répéter « et le FN ? », devait conclure piteusement que c’était raté, et que M le Pen avait devant elle un « mur ».
Mais la première de toutes les raisons, tient dans l’analyse lucide d’un politicien de droite- F Bayrou -, lequel n’ayant rien à perdre, pouvait se permettre de dire les choses avec clarté : la droite gagne, mais ne convainc pas. Il y a mieux à faire que d’épiloguer sur les accents de guerre civile froide de N Sarkozy et les propos ennuyés d’A. Juppé. La droite a gagné et c’est encore beaucoup trop ; mais elle sait que les jeux ne sont pas faits, que le Ni-Ni, pour un court moment populaire dans les rangs de son électorat, ne l’est plus. L’électorat de droite en France ne veut majoritairement ni l’aventure avec le FN, ni l’électrochoc permanente du pays qu’incarne N Sarkozy. La droite n’en a donc pas terminé avec sa crise.
C Bartolone qui ne sait où courir et où ne pas courir – il a un rôle tout désigné de grand comique-, réclame aujourd’hui un « débat stratégique à gauche » ; il en est temps en effet, mais pas comme il l’entend. Le PS, on l’a dit ici et répété sur tous les tons, ne s’est pas « effondré », il continue et continuera de compter à gauche mais il n’est plus l’axe du rassemblement de celle –ci. Il n’en est plus le point central, et ne peut plus servir de référence. Encore faut-t-il qu’il l’entende.
Dans un billet précédent, les résultats du premier tour m’avaient amené à conclure que la grande stratégie ourdie depuis le Château et consistant à enfoncer encore davantage le PS dans le bourbier d’un parti démocrate à l’américaine avait dès à présent échoué ; je pense ce pronostic confirmé. Le besoin de gauche, d’une politique de gauche hurle maintenant. Que se passera-t-il maintenant à son Congrès de Juin ? Nul, et en particulier son principal dirigeant ne peut le savoir ; il le peut d’autant moins que pâle et défait , M Valls entend accélérer encore jusqu’à juin des « réformes » dans le droit –fil de la politique conduite jusqu’alors et qui a produit les « bons résultats économiques » que nous savons , hormis le chômage qui n’a rien à voir .
Le PCF que l’on n’arrête pas d’enterrer vivant, fait beaucoup mieux que résister. Il perd des sièges- on se demande comment il pouvait en être autrement – mais n’est pas emporté comme l’est le PS. L’Allier est perdu dans un mouchoir de poche et c’est un département à bascule ; le Val de Marne objet de toutes les convoitises, cible privilégiée de la droite, obsession du PS et de C Bartolone en particulier garde son Président communiste ; au demeurant, ce résultat ne fait que confirmer les points précédents. Décidément, l’archaïsme a un visage curieux.
Je ne peux pas taire la pénible impression produite ce soir-là par JL Mélenchon. Je ne veux pas l’accabler ; mais tout ce qui vibre comme potentiel militant à gauche attend tout autre chose que la révélation à la limite du propos haineux qu’ « avec ce gouvernement, il n’y a plus rien à faire ».
Beaucoup d’inconnues subsistent donc mais l’essentiel est ailleurs : il est dans la crise politique où un électeur sur deux s’abstient et cette abstention massivement populaire est très majoritairement une abstention DE GAUCHE. Il est dans l’urgence et dorénavant la possibilité concrète d’offrir avec résolution et audace les moyens de construire une alternative de gauche dont les éléments principaux sont connus, simples à mettre en œuvre mais qui ne dispensent en rien de l’appel à tous nos compatriotes disponibles pour qu’en s’investissant sans attendre, ils soient coauteurs et coacteurs.
La défaite est moins que jamais inexorable ; à toutes les forces possibles de la gauche et des écologistes de le réaliser sans tergiverser.