MANUEL VALLS : Le culot et le déni
J’avais prévu ….mais rien ne s’est passé comme prévu ; de ce fait , ma suite européenne attendra encore un peu ; je viens d’entendre partiellement Manuel Valls à l’Université d’été du PS ; à quelques encablures de 2017 , et devant une échéance que le PS ne peut que redouter , à savoir les Régionales, Manuel Valls range au placard pour un temps, sans y renoncer , ça va de soi , tout ce qui pourrait faire penser à ses sorties assassines , assassines de la gauche , assassines du PS. On le savait ; cet homme –là connaît le registre ; pas question de donner du grain à moudre à ceux qui au PS ou qui en sont proches pourraient considérer que entre sa politique et la gauche il y a un gouffre, en tout cas, pas en ce moment.
Fiers , autant lui que JC Cambadélis appellent les socialistes à être fiers de leur bilan aux affaires ; c’est surréaliste mais ce qui l’est encore plus, c’est son couplet sur la Grèce ; « courageux Tsipras » , Ah Oui , mais hier encore le « courageux Tsipras » n’était même pas reçu par le PS ; le comble est que à écouter Manuel Valls , si le pire a été évité en Grèce (et en effet, c’est le cas pour le moment ), c’est, figurez-vous grâce à F Hollande et éventuellement à Michel Sapin !!!
Insondable vantardise, insondable culot.
Rester dans l’Union Européenne ; certes, c’était un objectif majeur et des forces puissantes avaient préparé l’éviction de la Grèce et notamment le gouvernement allemand, en tête Schäuble et Merkel, ces deux « grands européens ». Les objectifs de Schäuble ont été battus ; celui –ci ne visait rien de moins que l’anéantissement économique et politique du peuple grec ET celui du gouvernement Tsipras le seul gouvernement européen de gauche à cette date. On l’a écrit déjà dans d’autres billets : F Hollande ne pouvait tout simplement pas faire autrement que de soutenir Tsipras dans sa volonté de rester dans l’Union Européenne ; faire autrement c’était se suicider politiquement. Mais soutenir en faisant le service minimum est déjà en soi un mérite sans exemple ; le fait est que les conditions mises au maintien de la Grèce dans l’union Européenne constituent un scandale .Que Tsipras ait compris qu’il n’avait pas d’autre choix et que de ce fait il eût le courage politique de signer « sans y croire » un « accord » qui n’en était pas un mais sans lequel , la Grèce plongeait du jour au lendemain dans le chaos « organisé » est une chose ; que F Hollande et M Sapin n’aient pas levé le petit doigt pour amoindrir les conditions d’un « accord » scandaleux est de la lâcheté pure et simple , doublé d’un rare cynisme ; avec de pareilles conditions , qui pourrait oser en France dire que l’austérité que la politique de F Hollande mène avec constance est criticable d’un point de vue de gauche ? Si un gouvernement issu d’un mouvement dit « de gauche radicale » accepte ces conditions, avec F Hollande nous sommes au paradis socialiste.
Fiers ? Manuel Valls, de quelle « fierté » nous parlez-vous ? Votre parti et votre politique sont les dignes continuateurs de la « non –intervention » qui contribua puissamment à la défaite de la république espagnole devant Franco et ouvrit en fait le prélude de la seconde guerre mondiale.
Votre discours serait tenable dans les conditions d’avant-hier où les négociations de cette nature n’étaient pas publiques ; elles le sont, et de ce fait tôt ou tard on saura de quel côté vous avez penché et vous penchez. Vous allez faire illusion c’est de cela que vous pouvez être « fiers » ; belle vertu !!!!
Je n’oublie pas, en disant cela, que nombre de nos concitoyennes et concitoyens de gauche pensent honnêtement que votre politique est, à défaut d’incarner des choix de gauche, la moins mauvaise possible, que la Grèce devait de toute manière « payer ses dettes » etc. ; c’est sur cette illusion misérable que vous surfez ; honte à vous !
Votre discours, si on en excepte les petits cailloux du Petit Poucet qui indiquent que vous n’avez renoncé à rien de vos inclinations qui visent à liquider les héritages de gauche en France, est un discours d’estrade. Voyons cela en quelques mots.
Cela va faire 4 ans que F Hollande (vous emboîtez le pas aujourd’hui) déclare les jours pairs que la « croissance est là » et les jours impairs que « la courbe du chômage recule, va reculer, est en train de reculer » ; pour ce qui est de la « croissance », ça finira bien par arriver ….. Mais tous les économistes, y compris ceux qui appuient votre politique vous diront que même si c’est le cas, elle sera trop faible pour créer de l’emploi. Quant à la fameuse courbe, soyons tranquilles, vous saurez faire ce qu’il faut. Jamais le chômage de longue durée n’a été aussi élevé en France ; derrière les chiffres et les statistiques froides il y a les millions de tragédies humaines ; celles que vous avez provoquées ( au PS , personne ne se souvient de Florange apparemment ……… ) et celles auxquelles « vous ne pouviez rien » ; pendant ce temps les cadeaux fiscaux gigantesques se sont mis à pleuvoir sur les comptes des entreprises du Cac 40 qui ne vous sont même pas reconnaissantes et qui en redemandent ; vous vouliez un Pacte entre votre politique et le MEDEF , vous avez versé l’argent public à flots : pour quels résultats ? Soyez fiers !
Vous osez prétendre que la sécurité sociale d’emploi et de formation est votre œuvre : où la voyez-vous ??
L’École ? Ah oui, vous en avez plein la bouche ; votre talentueuse Ministre au sourire permanent ne s’est pas fait faute de discourir ;il n’y a pas besoin d’attendre pour savoir que les grrrrandes réformes annoncées ne changeront rien aux inégalités sociales ; les moyens n’y sont pas et ce n’est en effet pas qu’une question de moyens ; j’ai dit ce que je pense de votre pas de deux avec une Allemagne qui renoue avec les plus terribles traditions de son histoire ( les admonestations migratoires de Mme Merkel ne doivent pas faire illusion ; le patronat allemand a un urgent besoin de cette main d’œuvre tout simplement pour des raisons démographiques , ce qui n’est pas la cas de la France , pas encore ) , mais de là à envisager une réforme dans laquelle la langue allemande disparaît des radars , il y a une marge ! Les filières d’excellence n’étaient pas la panacée, il ne fait aucun doute, vous les supprimez pour les remplacer par quoi ? Rien. Inutiles et élitistes ! Votre propre mantra est l’ « élitisme républicain » ! Quand on dit que votre culot est sans bornes !
Même si on peut trouver dépassée la formule du plan, jamais mis en œuvre, Langevin Wallon – « la sélection des meilleurs PAR la promotion de tous », votre politique éducative est celle d’une école de la crise du capitalisme ; notre système éducatif a toujours été inégalitaire socialement mais il y eut une période où, en dépit de tout, l’élévation du niveau culturel national était une réalité ; c’est une page tournée. Quand on nourrit autant d’amour pour le capital il ne reste que l’indifférence pour la nation. C’est cela que vous aurez prouvé.
L’École ? Que dire de l’Enseignement Supérieur ? Rien ; cet objet a disparu des radars gouvernementaux ; la recherche publique ? Connaît pas .Nos jeunes scientifiques s’en vont ; nos équipes ont perdu tout espoir de voir renaître de l’ambition ; vous pouvez être fiers !
Quant à l’Homme Triste de votre gouvernement, S Le Foll , c’est une réussite pas à dire !
On pourrait poursuivre longuement ; le chef d’œuvre chez vous est ce que vous dites de la droite qui selon vous est « sans programme » et « sans idées » ; la droite a ses chefs lesquels ont leurs ambitions , mais elle a un programme et des idées ; ce qui lui rend la tâche difficile est le fait que vous leur avez tellement emprunté que vous critiquer est une gageure alors qu’elle veut aller beaucoup plus loin encore mais vous aussi !
« Les Roms ont vocation a retourner chez eux », de qui cette phrase ? De vous ou de Marine le Pen ?
Les élections approchent ; vous sentez le danger, il est probable que vous éviterez le désastre, quelle ambition ! ; Vous dites qu’il ne faut exclure personne mais dans votre bouche, les Communistes n’existent pas. Vous devrez compter avec les Listes qu’ils vont constituer, je vous en préviens ; si le scrutin de décembre ne se solde pas par une nouvelle catastrophe à gauche ce sera d’abord grâce à ces Listes qui porteront les espoirs d’une politique de gauche en région et qui seront celles du plus grand pluralisme populaire possible.
Vous avez eu l’occasion de vous exclamer face à Sarkozy « la politique c’est le débat, pas l’invective » ; je vous prends au mot, pour demain, quand et où allez-vous débattre avec les forces de gauche qui critiquent votre politique et ne se contentent pas de critiquer ?
Au vrai ce débat va commencer, il est vrai, sans vous. A la Fête de l’Humanité.