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Billet de blog 31 octobre 2013

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LES GRANDES IDEES ET LES PETITS CALCULS

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Décidément il est difficile de créer un climat de discussion sur Médiapart . Mais il en faut davantage pour me décourager . J'ai envie de passer à d'autres choses que de  réfuter l'idée grotesque  de la grande trahison à Paris du PCF . Ces envolées n'auront qu'un temps, et une victoire claire et nette de la gauche à Paris , j'en suis sur , mettra plein d'esprits échauffés à la raison. C'est à contribuer à cette victoire que je me consacrerais ici . A en explorer diverses dimensions . Paris n'est peut-être pas la "mère de toutes les batailles" , mais le résultat de Paris va compter et je dois dire que dans une configuration différente , celui de Marseille  tout autant .Les décisions des communistes dans ces deux villes ont mon soutien le plus total .   

Mais avant de discuter de grandes idées , je ne peux pas m'empêcher de m'arrêter un instant sur de petits calculs qui donnent un éclairage singulier au paysage national .

Que se passe t-il donc dans la Ville des Alyscamps ? Que se passe t-il donc à Dieppe ? Voilà deux municipalités dirigées par des maires communistes et ceux ci du point de vue d'une gestion municipale de gauche ne peuvent faire l'objet d'aucune critique . La reconduction des équipes sortantes à gauche , au moins celles dirigées par une équipe Front de Gauche m'aurait semblé une régle ne souffrant aucune exception .

Mais oh surprise ! Ce n'est pas ce qui se passe . Voilà des villes où le PG lance des listes constituées autour de lui , qui de fait seront concurrentes avec la liste conduite par le maire sortant. On ne prétendra pas que ces décisions sont consécutives à celle des communistes parisiens dont ce serait la "sanction" ..

Quel est donc l'objectif poursuivi ? Est -il scandaleux que le PG lance là où bon lui semble des listes sous son obédience , éventuellement avec l'appui de EE-LV local? Evidemment non . Encore que ,après, il ne faut pas demander l'application de principes d'airain valables pour tout le FDG ; il faut savoir ce qu'on veut . Mais admettons .

Le PG veut conquérir des élus ; c'est absolument son droit .

Dans le cas d'espéce , Arles et Dieppe pour ne prendre que ces exemples , on peut suspecter la direction de  ce parti qui lui, n'a pas renoncé au centralisme tout court , tout le monde vous le dira , d'avoir mesuré qu' il n'a  aucun espoir de venir supplanter la municipalité sortante. Si ce n'est pas le cas ,  c'est à désespérer de la lucidité politique des dirigeants du PG . Comme c'est une hypothése que je préfère ne pas retenir, qu'en résulte-t-il?

Il en résulte que à défaut de venir supplanter la municipalité sortante , on met en péril sa réélection . Au profit de qui , on se le demande .

Je ne vois qu'une possibilité : donner au FN la possiblité de tirer les marrons du feu de la division ; l'occasion de faire tomber une Ville dirigée par un communiste est trop belle .La  droite ne ratera pas ça et le PS s'il détourne les yeux , ce sera un miracle . Lui aussi trouvera avantage à ce que les cartes soient rebattues . Que ce scénario puisse être envisagé froidement par les dirigeants d'un parti qui prétend  donner le là de la politique du FDG est simplement effarant . Le PG n'a RIEN à y gagner , le FDG  TOUT à y perdre mais ça ne fait rien , hardi petit .

On pourrait continuer longtemps ; la cause me semble entendue . Ce comportement est malsain et irresponsable .

Revenons à Paris et à Marseille : deux cas très importants et distincts  

Marseille : là il s'agit de conquérir à gauche la seconde ville de France , je dis conquérir , pas reconquérir . Lorsque la SFIO y régnait en maître , il est impossible d'y parler de mise en oeuvre de politique de gauche ; la Ville bascula donc à droite et resta sous la coupe de Mr Pastis alias JC Gaudin . Maffias, Drogue , Réglements de compte , la Ville est tranquille,  comme le montre   le film terrible  de R Guédiguian . Là le PCF a décidé de relever le défi ; de montrer que Marseille ce n'est pas cette caricature. Pouvait-il le faire en s'alliant ou en cherchant une alliance avec le PS ?Même les rêves les plus fous ne lui permettaient pas d'envisager cette éventualité . Et ce ne sont pas les "primaires" organisées par le PS qui vont démentir mon propos . Marseille a besoin d'ETHIQUE POLITIQUE et les élus du PS local sur ce plan en ont trop fait , beaucoup trop . Marseille a besoin d'un élan POPULAIRE CULTUREL ET INTELLECTUEL  NOUVEAU ; ce n'est pas le PS qui va le lui insuffler .

Bref , à Marseille , les communistes marseillais sont sur une position de combat , de conquête de gauche .Le pari sera t-il tenu ? La situation est très difficile ; l'abstention populaire est un risque  malgré une campagne autour du Front de Gauche tambour battant .

Je ne détaille pas les autres paramétres d'une pareille tentative ; mais celle -ci est pleinement offensive , pleinement en accord avec les orientations du Front de Gauche et si Mr Pastis l'emporte au final , il est sur :

1) que à Marseille le Front national ira se coucher au soir du premier tour

2) que le Front de Gauche se sera renforcé

3) que des élus communistes nouveaux entreront au Conseil Municipal

4) que le PS aura fait la démonstration de son inaptitude à battre la droite dans une ville où il est une force politique incontournable depuis des décennies .

 Qu'en est-il à Paris ?

Tournez la question dans tous les sens , Paris est un enjeu majeur pour la droite . C'est le point de départ d'une reconquête espérée et tout retard limite , freine, entrave d'immenses appétits que la droite porte sans complexe . Paris est considérée comme une ville gérée à gauche par une immense majorité de parisiennes et de parisiens. Delanoé n'est pas Mémé Guérini .

Tel est le point de départ . Il est très différent de la situation de Marseillle mais on va voir qu'il existe des points communs majeurs.  

Pour aller plus loin , je n'hésite pas à faire une comparaison . Dans la précédente élection présidentielle nord américaine , Obama était opposé à Romney ; celui ci était le représentant de "Apocalypse Now" ; Obama ne se battit pas ; il tint une ligne de compromis permanent . Bien qu'il fut tout sauf mobilisateur , la majorité des citoyennes et citoyens américains se rua pour éviter "Mr Apocalypse Now" et vota Obama  . Vous ne les comprenez pas ? Moi si . Comparaison n'est pas raison .    Mais une donnée est identique dans ces deux situations .

Comme partout en France , le Front de Gauche est l'élément perturbateur du "jeu" à deux UMP -PS ; élément perturbateur mais pas encore capable d'être perçu comme réel challenger . Que les forces politiques qui y sont associées se croient en mesure de faire la décision à elles seules  est une aberration. Le PCF ne cède pas à cette illusion . Aucun mécontentement , aucune colère vis à vis de la politique gouvernementale n 'empêchera les parisiennes et parisiens de gauche de se ruer dès le premier tour pour empêcher Mme Grandes Dents de conquérir Paris . Si les forces du Front de Gauche veulent jouer les gros bras dans cette situation , les parisiennes et les parisiens les raméneraient à une vision plus juste de ce qu'elles représentent et , à tort ou à raison voteraient pour des équipes proposées par le PS DES LE PREMIER TOUR . A cela s'ajouterait une abstention massive à gauche qui cumulerait les mécontentements légitimes , les  désespoirs d'une campagne nécessairement acrimonieuse à gauche ne créant aucune condition pour un second tour uni . Tout mis ensemble , le PS ne gagnerait pas , la Droite pourrait l'emporter par défaut et le Front de Gauche, donc le PCF ,  serait le grand accusé de ce désastre . Qu'on veuille bien m'expliquer d'où aurait pu sortir un autre scénario.

Mais cela n'est que l'un des éléments de cette situation.

J'ai dit plus haut  que toute velléité des forces constituant le Front de Gauche à Paris de jouer aux gros bras se heurterait à une réponse non équivoque  de la part des électrices et des électeurs . C'est indiscutable. Mais dans le même temps le PS n'est pas  en mesure de gagner seul ; c'est l'autre aspect essentiel . Le PS veut à tout prix gagner ; il n 'est pas en mesure de le faire en comptant sur ses seules forces. Rue de Solférino , on ne se raconte pas des  salades , quoi qu'on en pense . Après   18 mois de Hollandie , il ya du dégât et a fortiori à Paris . Où courir ? Ou ne pas courir ? Telle est la question posée au PS . Hidalgo est-elle venue chercher le PCF ? Evidemment non , elle a même d'abord songé à convoquer le Modem parisien qui a décliné ; on a sa vertu ..

Se présentait donc à Paris une fenêtre de tir complètement nouvelle pour les forces du Front de Gauche . La négociation sur le programme était cardinale mais ce n'était pas la seule dimension et politiquement pas la plus importante . Le plus important consistait à POUVOIR MENER à livre ouvert une CAMPAGNE pleinement à gauche, en continuité totale avec les choix nationaux du Front de gauche , donc pleinement critique des orientations gouvernementales et EN MEME TEMPS EN ACCORD avec les exigences du mouvement populaire parisien et pas à contre-courant de celui-ci .

Paris a besoin d'un élan POPULAIRE CULTUREL INTELLECTUEL NOUVEAU ,ce n'est pas le PS qui va le lui insuffler . Comme on le voit , le cas de Marseille est identique . Il n'y  a pas besoin de contorsion.

A Marseille le Front de Gauche est en position de reconquête , mais à Paris il est dans une position qui va encore  au delà . Une victoire de gauche à Paris dans CES CONDITIONS change pour une part la donne: le PS n 'est plus l'arbitre des élégances . Le Front de gauche est au centre de l'élan de gauche parisien . Il fait la preuve de son utilité . Le résultat prévisible est un séisme. Mais pas celui dont les médias nous bercent continuellement avec Marine le Pen à tous les étages.

Tout ceci malheureusement n'est pas conforme au scénario réel . L'analyse ci dessus est malheureusement partagée au PCF seul dans le Front de Gauche ; cela rendra la bataille plus complexe mais pas l'issue moins certaine car il n'y a pas besoin de grands discours pour faire le démonstration que dans des cas très différents , le PCF sait prendre ses responsabilités  et que dans tous les cas il applique des principes stratégiques qui ne sont pas à géométrie variable quoi qu'en pensent les "observateurs bien intentionnés " .

Dans tous les cas , il s'agit d'une bataille pour la conquête d'un nouvel état d'esprit à gauche ; dans tous les cas d'une bataille visant à fermer la porte aux renoncements qui sément le désespoir ,le fatalisme , dans tous les cas il s'agit de rallumer les étoiles .          

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