
Realisé par Abbas Kiarostami
1979 - 48 minutes
Le résumé :
Dans une classe, un élève chahute. Personne ne dénonce le coupable. Le professeur expulse sept garçons, dont le coupable, pendant une semaine. Cas numéro 1 : l’un d’entre eux finit par dénoncer son camarade. Cas numéro 2 : personne ne dénonce le fautif. Le cinéaste projette ces deux cas à des adultes et recueille leurs avis.
Notre avis :
Le chef-d'œuvre inconnu de Kiarostami. Censuré immédiatement après sa première projection en septembre 1979 et jusqu'en 2009, c'est une œuvre extraordinaire dans laquelle toutes les obsessions du grand cinéaste iranien sont condensées au maximum de leur puissance philosophique et esthétique : le cinéma en tant que lieu de la pensée et de la recherche de la vérité (qui est toujours plurielle, dialogique, processuelle), le film en tant que mise en abyme et dispositif auto-réflexif, la fiction en tant qu'agent révélateur du documentaire et du réel, l'art en tant qu'arène polyphonique et démocratique de la res publica, l'école et la classe en tant que lieux clés permettant de tester la résilience éthique, civique et politique de la société, de l'État et de la justice. Filmé juste avant et juste après les premiers mois de la révolution iranienne, il capture une période d'extraordinaire ouverture et de liberté d'expression qui ne durera que quelques mois, avant que l'islamisme chi'ite radical ne s'impose sous la forme d'une dictature sanglante qui dure depuis 43 ans.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant
L'auteur :
Abbas Kiarostami (1940-2016) fait partie de la Nouvelle Vague du cinéma iranien à la fin des années 60. Il y développe l’utilisation de dialogues poétiques et d'une narration allégorique pour traiter de questions politiques et philosophiques. Lors de la révolution de 1979, il fait le choix de rester en Iran et réalise ses films au sein du Katun, un institut d'éducation à l'image. Son goût pour filmer l'enfance est présent dans toute son œuvre et notamment dans Où est la maison de mon ami ?, premier film de sa trilogie réalisée dans le village du Koker et qui avec Et la vie continue et Au travers des oliviers lui apportera à partir des années 1990 une reconnaissance internationale. En 1997, il obtient la Palme d'or au Festival de Cannes pour Le Goût de la cerise. Il se tourne ensuite vers des œuvres plus expérimentales. Figure majeure de l'art contemporain, il est également reconnu pour ses installations, poèmes et photographies.
