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Billet de blog 29 septembre 2022

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Le scrutin à venir peut-il sauver la démocratie bresilienne ?

Dans quelques jours, le Brésil votera. Le pays, qui se ressent comme bord du gouffre se tord sous le poids de sa violence et de ses inégalités. Les crises s'enchainent au rythme des vociférations Bolsonaro, tandis que l'agro-business déforeste à un rythme effréné. Plus que l'alternance, il s'agira, peut-être d'un sursaut. Nous vous proposons 3 docus en attendant les résultats.

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Illustration 1
Illustration 2

En attendant le carnaval 

Réalisé par Marcelo Gomes

86 minutes - 2019

Le résumé : Dans la région reculée du Nordeste au Brésil, le petit village de Toritama est un microcosme du capitalisme impitoyable. Chaque année, plus de 20 millions de paires de jeans sont produites dans des usines de fortune. Les gens du pays travaillent sans arrêt, fiers d’être maîtres de leur temps. Pendant le Carnaval, seul moment de loisir de l’année, ils transgressent la logique de l’accumulation des biens, vendent leurs affaires sans regret et fuient vers les plages à la recherche du bonheur éphémère.

Notre avis : Le film débute par le récit en voix-off de Marcelo Gomes, racontant comment il parcourait enfant les lieux en compagnie de son père, tandis que la caméra dévisage d'immenses pancartes à l'orée de la ville à l'effigie d'une jeune femme et d'un jeune homme – aux traits plus caucasiens que latino-américains. Puis, l'on découvre la cité, ses rues, les ateliers de confection de jeans. Renvoyant à la phrase du philosophe Walter Benjamin ("l'enfance est le sourcier du chagrin, et pour connaître la mélancolie de villes si glorieusement rayonnantes il faut y avoir été un enfant"), le film capte le présent en s'appuyant sur le passé. Dans cet écart subtilement creusé se déploie autant la sensibilité et la justesse d'un réalisateur recueillant avec respect la parole de l'autre, que sa capacité à donner à voir les paradoxes du néolibéralisme. Si la ville – comme la société brésilienne – s'est transformée, ce n'est pas pour le meilleur. Les ouvrier·es sont devenu·es leur propre patron·ne, mais exit les protections sociales et le droit du travail ; les congés payés et les horaires fixes. Ne reste, alors, que la fête dans laquelle s'oublier, un Carnaval omniprésent quoique en hors-champ.

Caroline Châtelet

Bande annonce

Romances de terre et d'eau

Réalisé par Jean-Pierre Duret et Andrea Santana

78 minutes - 2001

Le résumé : Au Brésil, les petits paysans du Nordeste se battent avec une grande noblesse et beaucoup d’humour pour résister aux conditions terribles de cette région où les troupeaux des grands propriétaires occupent l’espace, neuf mois sur douze, ne laissant que trois mois pour travailler la terre. Sur cette terre aride qui ne leur appartient pas mais où sont nés leurs mythes, où s’est forgée leur culture, ils s’efforcent de survivre et de transmettre avec dignité ce “métier de vivre” à leurs enfants.

Notre avis : Premier d’une série sur les "sans-terre", le film de Jean Pierre Duret et Andréa Santana se penche sur ceux pour qui "la vie est douloureuse" dont les enfants sont souvent forcés de rejoindre la mendicité des favelas. "Ça ressemble à quoi la sécheresse ? C’est une situation de chagrin, de tristesse, où l’on perd notre enfance : c’est comme lorsque meurt un père de famille." Pourtant, le poète, la sculptrice et l’oiseleur savent nous dire combien l’amour et la joie les font tenir. On danse au son de deux flutes et deux tambours et l’on rejoue le rituel des figures masquées "qui nous aident à perdre la honte, à affronter les choses, sinon les gens penseraient que l’on mendie pour manger." Le jour de la fête on achètera une poignée de bonbons en regardant la nouvelle génération parvenir à gravir fièrement le mât de cocagne.

Daniel Deshays

Bande-Annonce : Romance de terre et d'eau de Jean-Pierre Duret et Andréa Santana © Tënk

Battle

Réalisé par Ricardo Mollan Saito, Caio Castor, Guilherme Cerqueira César et Clara Lazarim

15 minutes - 2019

Le résumé : Le jour de l’élection présidentielle de 2018 au Brésil, une journaliste est interviewée dans la rue. Elle exprime son inquiétude face à la polarisation extrême du discours politique. Elle est alors très rapidement prise à partie par les partisans de Bolsonaro qui passent aux alentours.

Notre avis : 28 octobre 2018, deuxième tour des élections présidentielles au Brésil, jour de l'élection de Jair Bolsonaro. En plein tournage d’un film sur la montée en puissance de l’extrême droite dans le pays, l‘équipe de Rica Saito, Caio Castor, Clara Lazarim et Guilherme Cerqueira César filme, tant bien que mal, un entretien avec une journaliste dans une rue très fréquentée. L'atmosphère tendue déborde et une véritable bataille verbale éclate, d'une violence en crescendo. La caméra tourne et la scène est captée dans un plan séquence d'une authenticité magistrale.
Se révèle alors un déchirement brutal dans la société brésilienne, qui ne fera que s'empirer sous la tutelle de l'ancien militaire.

Benjamin Hollis

Bande-Annonce : Battle de Ricardo Mollan Saito, Caio Castor, Guilherme Cerqueira César, Clara Lazarim © Tënk

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