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Mémoires des sans-voix : les hommes debout
Alors que la bataille des chiffres fait rage, que l'on enchaine les additions de milliard qu'il manquerait d'un côté et qu'il faudrait absolument trouver de l'autre, le cinéma documentaire a une vertu, celui de replacer l'humain au centre de l'équation. Prendre le temps de filmer les articulations qui craquent, les humiliations tues, c'est remettre du sens dans nos discussions.
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Les hommes debout
Réalisé par Jérémy Gravayat
2010 · 75 minutes
Le résumé
Autour des ruines de l’usine Penarroya, un jeune homme cherche du travail, là où il y a des années avait eu lieu la première grande grève de travailleurs immigrés en France. Histoires fragmentaires, réelles ou imaginées, de personnages ayant vécu et travaillé à Gerland, ancien quartier industriel de Lyon, voué à la démolition.
Notre avis
Les Hommes debout arpente la mémoire, celle des immigrés, des ouvriers, du travail, des luttes et des lieux. Discontinuités, ruptures, incertitudes, la mémoire est ici recomposée en un magnifique écheveau pour saisir ses méandres et l'ensemble des strates qui cohabitent dans une vie, celle des hommes, celle des territoires, qu'ils soient ruines industrielles, interstices en déshérence, rattrapés et effacés bientôt ou déjà par les projets d'aménagements. À ces mots du film, "Pourquoi veilles-tu ? - Il le faut bien. Quelqu'un doit rester.", cette phrase de Jean-Luc Godard semble faire écho : "Le cinéma n'est pas à l'abri du temps, il est l'abri du temps". Jérémy Gravayat fait figure de filmeur-veilleur et nous conte dans ce film en forme de contre-feu les luttes d'hier et d'aujourd'hui, comment elles puisent l'une dans l'autre, se ramifient pour ne composer qu'un seul élan de colère et d'espoir mêlés dont il importe de raviver les braises.
Julia Pinget Réalisatrice
L'auteur
Depuis le début des années 2000, Jérémy Gravayat réalise des films documentant les conditions d’existence de travailleurs précaires et d’exilés, reliées à l’histoire et aux mutations de territoires périphériques. Son travail mêle études de terrain et mise en scène, activités militantes, collectes de récits et d’archives. Ses films ont été diffusés et primés dans de nombreux festivals internationaux. Son dernier long métrage, A Lua Platz, réalisé avec des familles roumaines en lutte en Seine-Saint-Denis, a été diffusé sur Arte en 2020. Actuellement, il prépare un long métrage à Marseille. Il est également monteur (pour Joris Lachaise, David Yon, Soufiane Adel, Vincent Pouplard…). Et également membre actif de plusieurs collectifs dédiés aux pratiques du cinéma qu’il défend (L’Abominable, Labo Largent, Le Polygone Étoilé, Derives.tv)