A 5'54 "Chanson pour Margot" - Renée Lebas disait que si ses chansons devaient disparaître et sombrer dans l’oubli, s’il ne devait en rester qu’une, ce serait Chanson pour Margot. Ecrite par un certain Jean Dréjac.
Une chanson sur la chanson, une chanson sur la poésie.
Vous ne m’en voudrez pas si je dédie cette à mon grand père, Simon Zalamansky. Comme dans la chanson “on est venu le chercher”, un matin de décembre 1943 dans le petit village de la Drôme où il se cachait. La Shoah - que Renée Lebas fut la première à aborder en chanson.
Ma grand-mère attendra en vain mon grand père à l’Hôtel Lutétia.
Le Lutétia, réquisitionné au lendemain de la guerre par l’armée allemande ses services secrets, lesquels travaillèrent mains dans la main, pour plus d’efficacité avec la gestapo, situé dans un autre quartier chic rue Lauriston.
Le Lutétia. Au lendemain de la guerre, sans transition, le Lutétia, s’achète une conscience, il devient le point-rencontre des déportés, ceux qui les attendent et ceux qui en reviennent.
Ma grand-mère attendra en vain mon grand-père. On lui remettra une carte. Avec la mention, « Simon Zalamansky mort à Dachau ». Rien n’est moins sur. Quel crédit apporter à cette mention administrative. Le vrai, c’est qu’il a disparu quelque part dans leur nuit et dans leur brouillard.
Le Lutétia, sa porcelaine de Sèvres, son thé aux larmes …
Pour moi, et cela n’engage que moi, Renée Lebas c’est le chaînon manquant ! moi, qui ne suis jamais arrivée à prononcer le moindre mot en yiddish. Alors le chanter, encore moins ! ça ne sort pas ça n’entre pas…. Une sorte d’indigestion mémorielle !
Renée, tu me tiens par l’enfance, tu me tiens par je ne sais quels fils… Je déroulerai tes chansons une par une dans le grand labyrinthe, comme autant de fils d’Ariane.
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Claire Zalamansky est une nomade de la chanson, lancée sur les traces de toutes sortes de chants d’exils et de migrations. On avait découvert ses chants sépharades ; avec Tire l’aiguille, elle explore la tradition ashkénaze et sa fécondité. Le spectacle ressuscite Renée Lebas, chanteuse légendaire qui, avec Aznavour, fit découvrir à la France le son klezmer. Juive d’origine roumaine,
Renée Lebas régna sur la scène française des années cinquante, et distilla la musique yiddish dans la goualante. Célèbre pour sa diction perlée, elle brassait les influences de l’Est avec le musette, mêlait les cymbales à l’accordéon. Interprète d’aujourd’hui, Claire Zalamansky s’empare de ce répertoire qui fleure bon le cabaret enfumé et le Paris populaire, gouailleur et cosmopolite. Et « tirant l’aiguille », elle entremêle les fils de la légende Renée Lebas avec ceux de sa propre histoire familiale, tissée d’exils.
Découvrez Tire l'aiguille au Théâtre d'Ivry Antoine Vitez les 4, 5, 17, 18 et 19 mai à 20h!
Autour du spectacle : Éclairages à 18h au bar
Samedi 5 mai : Bertrand Dicale (journaliste chanson à Radio France) viendra nous parler des apports des musiques juives d’Europe de l’Est dans la chanson française et nous en dire un peu plus sur Renée Lebas.
Jeudi 18 mai : Paulette Greiner, de l’Association pour la mémoire des enfants juifs déportés d’Ivry, viendra nous parler du travail que fait l'association sur la transmission de l’Histoire de la déportation à Ivry.
Le Théâtre Antoine Vitez fait hospitalité à toutes formes d’expressions sensibles, savantes et populaires, qui témoignent de la diversité culturelle à l’œuvre dans une société joyeusement cosmopolite. Cette diversité s’exprime notamment par l’ouverture à l’international dans tous les domaines de la programmation mais, avant tout, par l’accueil d’artistes aux racines rhizomes, insoumis à toute assignation à identité.