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Billet de blog 16 mai 2022

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Danse pour un combat

Je rejoins Yang au Théâtre la Cité. Tout le monde s’affaire au 1er étage, il y a du taf, ça ne s’arrête jamais pendant cette période furieuse de la Biennale des écritures du réel. Je demande à Yang comment elle en est venue à jouer dans Une danse pour un combat, je lui pose des questions et elle veut bien se prêter au jeu de l’interview.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une animatrice de mon foyer a organisé un week-end de danse avec le Théâtre la Cité en juin 2021. Deux jours de danse avec Bouziane à l’AAJT St Charles. Je n’avais rien de prévu, et Lisa l’animatrice (tu ne peux pas dire non à Lisa) m’avait convaincue de participer. Ce week-end du mois de juin s’est très bien passé. Une partie du groupe se connaissait, il y avait un travail entamé. J’ai rejoint ce groupe pour le week-end. J’ai découvert Bouziane, le Théâtre la Cité, des gens sympas. Ça m’a permis de rencontrer une femme de mon foyer que je croisais mais que je ne connaissais pas ! C’était ma voisine et on s’est rencontrées grâce au stage de danse. On est devenues amies. Dans le foyer, on fait un peu attention à qui on fréquente.

Après, Bouziane a proposé de faire ça tous les mois. Il y a eu une séance en juillet. Deux à trois jours.

En septembre, on a parlé de la Biennale. Est-ce que vous êtes d’accord pour participer ? Il y avait des gens motivés, des gens qui ne savaient pas s’ils seraient disponibles un we/mois.

Le spectacle ne raconte pas la même chose pour tout le monde. Il y avait les mots : discriminations, migration. Un exercice était proposé : trouver trois mots liés au mot COMBAT ! Puis trouver trois gestes pour les trois mots. Jouer avec les trois gestes, dans un mouvement. Chercher une petite chorégraphie, enchaîner les trois gestes. 

Ces week-end étaient nourrissants, enrichissants.

Nous faisions des exercices de déplacements, trouver des mouvements.

Ce n’est pas un spectacle figé, c’est fluide, ça change. Ce n’est pas exactement précis, parce qu’on n’a pas la capacité de faire ça. On est des amateurs(trices). Il y avait aussi la barrière de la langue. Il fallait beaucoup répéter les consignes. Il y avait des gens qui avaient des difficultés de communication.

Le costume devait être : pantalon noir, gris foncé ou bleu foncé et un tee-shirt coloré. Les danseurs et danseuses avaient 17, 18, 19 ans. 

Nous avons rencontré un autre groupe de danseur(euses) au centre social Baussenque.

Pour moi, la danse, cette opportunité là, ça m’a fait réfléchir sur ce que j’aimerais faire dans la vie. J’ai déjà des doutes sur ce que je veux faire.

J’ai fait une formation de Développeur WEB pendant 10 mois. Qu’est-ce que je vais faire dans la vie ? Je suis ingénieur informatique. De 8h à 17h tous les jours, devant les ordis et la télé le soir quand je rentre !

La danse ça me plaît. C’est une découverte. Je découvre ce que je suis capable de faire. Ça m’a ajouté des questions.

En août 2021, j’avais trouvé un boulot dans un restaurant (serveuse, plongeuse, prise de commandes, un peu de tout !). J’ai raté les répétitions deux ou trois fois. J’ai arrêté le job, parce que c’était le soir et les week-end.

J’ai aussi fait du codage pendant toute cette période de l’automne.

Un ami m’a fait découvrir la pêche. J’allais pêcher à Niolon, le calamar. Je randonnais. J’ai rencontré un homme.

Au sortir de l’hiver, tu te dis : je veux bouger, je veux faire ce que j’aime, j’aime la danse, je vais danser.

En janvier 2022, j’ai recommencé la danse.

Bouziane m’a accueilli les bras ouverts. À ce moment-là. On a beaucoup répété les deux dernières semaines avant les représentations.

Ça me plaît, ça me stresse, est-ce que l’on va réussir ? Est-ce que l’on va être un groupe homogène ? 

Le solo m’a demandé beaucoup d’énergie. La première fois je mets l’énergie comme un exercice. J’étais énervée, il y avait de la colère. Difficile de garder cette énergie à chaque fois (frustration). Je me transforme. 

Les mains dans le dos parce que, par exemple, avec mon père je ne peux rien faire, parce que personne ne va m’aider, parce qu’il n’y a pas de solutions, parce que je suis maltraitée.

Il faut apprendre les bases en danse. Les outils. Les pas. Les gestes. Les mouvements. Être à l’aise dans mon corps. Contrôler mon corps. Être libre avec mon corps. Utiliser ça pour raconter des histoires.

J’ai envie d’apprendre la danse, chaque type de danse (jazz, hip hop, afro, …). Je danse dans ma tête et je refais les mouvements chez moi. Il ne faut pas réfléchir, il faut être spontanée. Je suis née pour bouger mon corps. Je suis née pour raconter des histoires avec des mouvements. Si je ne bouge pas, ce n’est pas bien.

Je vais rester avec le groupe de Bouziane. Je ne sais pas comment je vais aller là où je veux aller.

J’aime rencontrer des artistes, m’occuper de la logistique de la Biennale, faire un peu de production. Je suis en service civique d’avril à novembre 2022.

20.04.2022

Questions : Valérie Secco - Réponses : Yang

Illustration 1
© Laura Blanvillain

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