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Billet de blog 16 mai 2022

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Le loup, le chien et l’éléphant

J’ai passé un après-midi à l’usine SCOP-TI.l y avait deux moments de spectacle, une visite guidée, des échanges avec les coopérateurs et coopératrices, un concert, un buffet et des boissons chaudes. Mon texte est un patchwork. Des petits moments de résonances, des phrases enregistrées que j’ai déposées dans le texte, des jeux avec la calligraphie.

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Visiter une usine vide de ses ouvriers et ouvrières. On regarde l’ensacheuse. La machine à conditionner. Un ancien guide la visite. Il est venu du Havre, quand ils ont fermé le Havre. Des commentaires techniques et l’irruption de son présent. « Je suis à la retraite depuis 4 ans, j’ai un peu oublié tout ça ». Une odeur de vrac dans l’air. Il pourrait tomber des feuilles de thé odorantes et des poussières médicinales. Tout est propre et silencieux. C’est troublant. Le robot est à sa place de robot. Un vrai robot. Pas un truc qui essaye de ressembler à un humain. Une machine. Elle a sa place de machine, ni plus, ni moins. Le robot chôme samedi et dimanche. Il attend. 

L’enceinte qui pulse du son et des mots a l’apparence d’un visage. Deux gros yeux et une bouche, des arcs de sourcils. Du son des machines. On ne sait pas ce que traitent ces machines, quel est le matériau. Des paroles d’émancipation. Le son fait tourner l’imagination. Comment écrire du son avec des lettres. Comment le son peut-il faire ressentir le mot liberté, le mot émancipation, le mot lutte. Comment un son donne du sens à l’espace, au lieu ? Quelles vibrations ? Quelles distorsions ? Les enceintes font presque cercle. Les sons contiennent. Les mots externalisent la pensée. Les mots sont portés de pensées. Les mots sons. 

EN COLERE EN COLERE EN COLERE EN COLERE EN COLERE EN COLERE

Avoir des connaissances. S’ouvrir au monde. Cette lutte a changé ma vie. Se sentir libre.

#ChangéMaVie

#Emancipation

#Liberté

La fable du loup et du chien. Le loup, le chien et l’éléphant qui regarde et en prend de la graine. La liberté est efflanquée, éthique. Refuser un chèque, un gros chèque, gros comme un dogue. Être libre de refuser un chèque parce que tu as une éthique, grosse comme un dogue. De l’argent sali de la sueur des autres avec lesquels tu ne sues plus. « On s’est toujours battu contre les actionnaires qui n’ont jamais mis un pied dans l’usine, on va pas se prendre de sous sur le dos des copains. » Tu peux aller boire un verre avec de l’argent que tu n’as pas sué. Tu pourrais. Tu ne veux pas aller boire un verre et payer avec de l’argent que tu n’as pas sué. Suer l’argent avec lequel tu vas payer. Tu ne peux pas être de droite ici. Tu ne peux pas être de droite. Il faut refuser le capitalisme. Il faut. « On est des petits ».

Dividendes@suer.fr

L’usine est ouverte aux vents de la zone d’activité. 26032022. Les voitures arrivent comme pour une fête perdue. Des lignes et des formes d’usines cubiques face à la montagne et sa couleur naturelle. La montagne sera encore là quand les lego auront disparu. « On fait des produits naturels, aucun arôme chimique. « Les dames, c’est beaucoup les dames, i disent : j’ai goûté votre thé à la menthe, il est pas bon, il a pas de goût. Évidemment, ils sont habitués, ils mettent 30 secondes le Lipton, y’a du chimique qui sent la chlorophylle que ça te prend à la tête et tout. Nous il faut le mettre trois minutes. »  Un gobelet d’eau chaude dans les deux mains, avec le thé ou l’infusion. Les feuilles s’ouvrent dans la vapeur, livrent leur plénitude aux parfums qui mutent. Sur les parterres d’herbes, la mauve s’est installée.

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Les femmes servent et les hommes font les guides. Les femmes servent l’eau chaude et les hommes parlent et font de la musique. Les femmes servent le thé, l’infusion et les petits gâteaux et les hommes expliquent. Les femmes servent les petits fours et les hommes répondent. Dans l’histoire qui raconte l’histoire, des voix d’hommes. Des prénoms d’hommes. Jean-Michel, Olivier, Gérard. Dans les histoires, n’oublions pas les femmes. N’oublions pas les prénoms des femmes. L’histoire leur appartient pour moitié. Toujours.

Stamattina mi sono alzata

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

Des ronds. C’est avec des ronds qu’on embobine. Des procédures épuisantes. Longues comme un jour sans pain. Des mots inhabituels. Saisie. Justice. Licenciement. Reclassement. « Tous les gens qui voulaient rester dans la SCOP ont mis 3 000, mais bon, moi, j’y pense même plus à mes 3 000 ». Des avocats et des conseillers. Des golgoths pour surveiller, filmer, tracer. 1er appel. 2ème appel. 3ème appel. 4ème appel. Hollande s’était engagé. Naissance en mai 2014, après une lutte de 1336 jours, de SCOP-TI. Une personne égale une voix. « Éveille les consciences, réveille les papilles. »

Valérie Secco - 28.03.2022

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