C’est quoi les gilets jaunes
Ça a commencé quand, en octobre 2018, c’est bien ça
Des mains arrachées, des visages éborgnés
Voilà les premières réminiscences, des faits marquants
Défigurations
Va sur Wikipédia
Tu te souviens des gens qui disaient que c’étaient des fachos, des FN
Fake
Allez zou, en route pour les extrêmes
Il y a eu tellement d’articles et de points de vue
De contre points de vue, de photos, de manifs
Difficile d’entrer dans la complexité
Ça freine sec pour entrer dans la complexité
Il faudrait que le peuple se présente en gros tas indistincts
Des grandes mêlées où tout le monde penserait pareil
Mais ça n’existe pas le pareil, le same, le même, l’idem
Il y a toujours un petit détail qui nous distingue de l’autre
Infime détail qui constitue la singularité, l’identité traversée, l’identité mixée et mélangée
« Je suis d’accord avec toi, mais là, faudrait pas plutôt faire comme ça ! »
Le collectif c’est difficile
La division arrive plus vite que la multiplication, que le un pour tous
C’est difficile à tenir l’union qui fait la force
Faire corps et longtemps
Le pouvoir connaît rubis sur l’ongle le diviser pour mieux régner
Dans le quartier, dans les voitures, tu voyais les gilets jaunes, sur les sièges avant, sur le tableau de bord
Oui, les sièges avant habillés en jaune fluo
Un jaune vindicatif
Un jaune urgent
Signe distinctif d’un état de colère
« Eh les mecs, va pas falloir pousser le bouchon trop loin »
La violence socio-économico-politique du pouvoir en place contre le ras-le-bol et la colère légitimes du peuple en place aussi, une partie du peuple en tous cas, celui qui paie l’addition et engrange les soustractions
Le serrage de ceinture a ses limites
Le foutage de gueule aussi
On croyait
Valérie Secco. 24.03.2022
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