Dans le précédent numéro des Utopiques nous abordions la question des conditions de travail. « Travail : changer tout ! », affichions-nous en couverture. D’une certaine manière ce numéro poursuit le chantier ouvert. En remettant en cause les dominations et les aliénations au travail, nous n’avons pas d’autres choix que de chercher à s’en émanciper.
Sur les chemins de l’émancipation, nous ne pouvions que rencontrer l’autogestion. Ce n’est pas un hasard. Nombre des syndicats SUD qui, avec d’autres, composent l’Union syndicale Solidaires, puisent leurs sources dans la CFDT autogestionnaire, héritage sur lequel se penche l’un des articles de ce numéro. Plus globalement, l’Union syndicale Solidaires discute de l’objectif autogestionnaire, notamment parce que souhaiter dépasser le capitalisme impose de réfléchir et imaginer d’autres rapports de production, d’autres rapports sociaux dans et hors l’entreprise.
Ce numéro donne la parole aux témoins d’expériences récentes : qu’il s’agisse des entreprises récupérées argentines, des coopératives Viome en Grèce, Fralib à Marseille, ou Coopcycle chez les livreurs à vélo, mais aussi le camp d’exilé.es de Lavrio. La gestion directe des entreprises par celles et ceux qui les font fonctionner, et plus largement de la Cité par celles et ceux qui y vivent, sont des thèmes qui intéressent directement le syndicalisme. Autogérer demain les chemins de fer ? L’éducation ? Le secteur automobile ? Des pistes sont évoquées.
Deux articles traitent de l’articulation entre luttes des femmes et autogestion : à travers le mouvement féministe d’une part, quelques luttes des années 70 d’autre part. Nous présentons aussi des outils collectifs ayant eu et ayant encore l’ambition de faire vivre l’utopie autogestionnaire : de la revue Autogestion dans les années 1960 à l’actuelle Association pour l’autogestion, en passant par le Réseau international pour l’économie des travailleurs et des travailleuses.
Ce dossier ne pouvait pas oublier l’histoire : Soviets et Conseils en Russie, collectivisations durant la Révolution espagnole, nationalisations et contrôle ouvrier en Grande-Bretagne, autogestion en Algérie, en Yougoslavie, dans les pays de l’ex-bloc soviétique ou lors de la révolution des œillets portugaise…
D’autres articles interrogent : sur la liberté du travail, l’indépendance ou l’auto-exploitation du micro-entrepreneuriat, un salariat sans subordination, la doctrine juridique qui fonde le pouvoir patronal, ou encore le sens et le rôle de la hiérarchie.
L’horizontalité qui traverse le mouvement des Gilets jaunes a toute sa place dans ce numéro. Nous y reviendrons de manière plus approfondie dans notre prochaine livraison, mais quelques textes et témoignages sont déjà livrés ici.
Enfin, hors dossier, Alain Bihr présente le tome 2 de son œuvre sur la naissance du capitalisme, tandis que Ludivine Bantigny revient sur la pensée décoloniale.

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Au sommaire du n°10, printemps 2019 (236 pages, 8 euros en librairie, parution le 21 mars) :
- « Gilets jaunes : un mouvement social », par Christian Mahieux et Théo Roumier
- « Quand la CFDT voulait le socialisme et l’autogestion », par Théo Roumier
- « Autogestion et hiérarchie », par Cornelius Castoriadis et Daniel Mothé
- « “L’économie des travailleurs-ses”, un réseau et un concept en construction », par Richard Neuville
- « Las empresas recuperadas por los trabajadores », par Andrés Ruggeri
- « Du Thé Eléphant à SCOP-Ti », par les SCOP-Ti
- « Un salariat sans subordination », par Noémie de Grenier et Isabelle Nony
- « Viome à Thessalonique », par Kostis Roussos, Vaggelis Vragoteris et Haris Malamidis
- « Coopcycle : une plateforme coopérative », par Benoît Borrits
- « Lavrio : un camp d’exilé-es autogéré », par des camaradEs de SUD Éducation 93 et 31
- « Industrie automobile : qui conduit ? », par Marc Tzwangue
- « La revue Autogestion : observatoire des mouvements d’émancipation », par Claudie Weil
- « Autogestion, féminisme : deux utopies à conjuguer ensemble », par Élisabeth Claude
- « L’autogestion au féminin : LIP, PIL, CIP », par Annick Coupé
- « Sur la voie (ferrée) de l'autogestion », par Francis Dianoux et Christian Mahieux
- « Grande-Bretagne : nationalisation et/ou contrôle ouvrier », par Patrick Le Trehondat
- « 1936, utopie en action dans l’Espagne révolutionnaire », par Jérémie Berthuin
- « Micro-entrepreneur : exploitation ou indépendance », par Julien Gonthier
- « Douze questions sur la liberté du travail », par Thomas Coutrot
- « Europe du Centre et de l’Est : mouvements pour l’autogestion », par Vladimir Claude Fisera
- « Autogestion dans le service public d’éducation », par la Fédération SUD éducation
- « Autogestion au Portugal », par Combate
- « Apparition, usage et abus du terme “Autogestion” », par Frank Mintz
- « L’Association pour l’Autogestion », par Christian Mahieux et Richard Neuville
- « Propriété, pouvoir patronal, participation des travailleurs », par Josépha Dirringer
Hors dossier :
- « Les révolutions bourgeoises modernes : du projet au trajet », par Alain Bihr
- « Où est l’indignité ? », par Ludivine Bantigny
Une soirée-débat autour de ce numéro aura lieu le Jeudi 11 avril 2019, à partir de 18h, dans les locaux de l'Union syndicale Solidaires, 31 rue de la Grange-aux-Belles, Paris 10 (M° Colonel Fabien).
À commander en librairie ou directement sur le site des éditions Syllepse.
Le contenu des anciens numéros des Utopiques est progressivement mis en ligne sur le site www.lesutopiques.org. Les Utopiques sont aussi sur Facebook. Pour tout contact, lesutopiques@solidaires.org.

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