L’extrême droite ne doit pas arriver au pouvoir. Ça, toutes les organisations syndicales – celles qui ont mené la bataille des retraites – le disent.
Mais il faut dire plus : seule l’unité de la gauche politique, tout de suite, est en mesure de l’entraver dans les semaines qui viennent. Pratiquement, concrètement.
Le péril fasciste est là, immédiat. Et il est malheureusement bien plus concret à cette heure que l’unité de la gauche.
Parce qu’il est encore le plus solidement implanté dans les classes populaires, le syndicalisme a un rôle à jouer, qui peut être décisif.
Soyons clair : le camp syndical ne doit plus se limiter à un mot d’ordre de second tour.
Nous nous y sommes restreints lors des derniers scrutins. Réduits même à voter pour le candidat du capital. Mais « Pas une voix pour Le Pen », ça ne suffit plus.
Malgré des faiblesses, celles qui ont conduit à de trop nombreuses défaites lors des derniers mouvements sociaux, les organisations syndicales restent des points de repère pour une grande partie de la population. Ce sont elles qui permettent encore de se défendre, de lutter, de résister au quotidien sur les lieux de travail, dans les communes et les quartiers.
Nous devons en avoir conscience : c’est ce qui doit nous engager à prendre nos responsabilités en appelant la gauche à s’unir pour que l’extrême droite soit éjectée du second tour dans un maximum de circonscriptions.
C’est aussi ce qui doit nous donner confiance : les organisations syndicales ont les moyens de garantir leur indépendance. D’agir pour l’unité de la gauche tout en conservant leur autonomie et leur capacité politique propre.
Elles peuvent appeler à voter pour les candidatures de gauche uniques, dès le premier tour des législatives ; tout en défendant les revendications qui sont les leurs – les nôtres ; tout en prenant le chemin de la rupture anticapitaliste tel qu’elles souhaitent le tracer.
Nous savons que ce qui sort des urnes n’est pas toujours bon. Loin de là et même à gauche. Nous savons que ce sont des luttes sociales fortes qui sont nécessaires. Et elles vont être vitales. Mais les urnes existent. Et aujourd’hui il peut surtout en sortir le pire.
Des premiers rassemblements de rue ont déjà eu lieu, dès l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Des syndicats ont déjà appelé à se réunir sur les lieux de travail, dès le lendemain des résultats. Des député·es invitent à des « assemblées de circonscriptions », comme Hendrik Davi à Marseille.
Dans un communiqué important, la CGT a appelé à l'unité de la gauche. La FSU 93 également.
Tout cela doit converger dans un élan unitaire porté par le peuple de gauche, par les militant·es des syndicats, des associations, des partis.
Par-delà les désaccords, en balayant les sectarismes. Il nous faut bousculer nos habitudes, nos totems comme nos tabous, pour agir vraiment sur le réel et construire un front commun, antiraciste, antifasciste, de gauche et de progrès. Pour l’égalité et l’émancipation. Et peu importe son nom ou son label.
Les organisations syndicales peuvent et doivent s’engager dans la bataille électorale qui vient en ce sens, comme elles sont, là où elles sont. Sans blanc-seing, avec toute la vigilance dont elles sont capables, presque seules encore aujourd’hui.
Mais résolument pour l’unité.