Les « annonces » présidentielles du 10 décembre dernier n’ont été que poudre aux yeux.
Elles n’ont en aucun cas berné celles et ceux qui se relaient sur les barrages depuis des semaines et ont battu le pavé plusieurs samedis d’affilé.
Elles n’ont apporté aucune réponse aux revendications des salarié·es, du public comme du privé, qui, atelier par atelier, service par service, mesurent chaque jour à quel point la politique de Macron est avant tout celle des patrons et des riches.
Elles n’ont pas même évoqué les revendications des lycéennes et lycéens mobilisé·es, de plus en plus nombreuses et nombreux, et qui se heurtent à une violente et inacceptable répression policière. Pourtant, ni les lacrymos, les matraques et les tirs de flashball, ni les humiliations comme à Mantes-la-Jolie, ne réussissent à entamer la légitime colère lycéenne contre le tri social que veulent imposer les diverses réformes Blanquer.
Par contre, une chose que Macron n’a pas oublié, c’est de verser une rasade de poison raciste en intégrant l’immigration au prétendu « débat national ». La tentative de division est odieuse.
Mais le mouvement des Gilets jaunes, quoi qu’en dise le pouvoir, ne faiblit pas. L’extrême droite, qui pensait pouvoir y faire son nid, est dépassée par un mouvement qui est avant tout social. Le patronat n’y a aucun intérêt. Signe de la convergence des colères, les hommages aux lycéen·nes de Mantes de la part des Gilets jaunes se sont multipliés.
La journée de grève du vendredi 14 décembre, initialement appelée par la CGT, qu’a rejoint Solidaires mais aussi la FSU, la CNT-SO et des structures FO, précédera un nouveau samedi de mobilisation, le 15 décembre.
Contre la vie chère, pour nos salaires, pour le service public, avec les lycéen·nes, et « pour que ce soient l’égalité et la solidarité qui gagnent », il est clair que c’est maintenant qu’il faut développer, amplifier le rapport de force.
Nous n’avons pas forcément besoin d’un appel national pour cela. En réalité, Philippe Martinez a plutôt raison quand il dit que la grève générale ne se décrète pas. Elle s’impose. Dans tous les sens du terme : lorsqu’elle devient une évidence et parce qu’elle est une nécessité pour l’emporter Et les deux termes de l’équation ne vont évidement pas l’un sans l’autre. La grève générale c’est notre ordre du jour. Toujours.
Bien sûr qu’avoir aujourd’hui des appels à la grève reconductible (et des préavis) comme celui de l’Union syndicale Solidaires, de fédérations ou d’Unions départementales et locales CGT, sont des atouts supplémentaires.
Mais c’est toute la tâche des équipes syndicales dévouées à cet objectif que de convaincre de sa nécessité, entreprise par entreprise, secteur par secteur. En s’appuyant sur toutes les revendications des salarié·es, de la plus modeste à la plus ambitieuse. Parce qu’elles viennent des travailleurs et des travailleuses elles et eux-mêmes, elles sont toutes légitimes.
D’autant que la période que nous traversons offre l’opportunité de poser enfin, et directement, la question du pouvoir populaire. La spontanéité et l’horizontalité du mouvement a permis des expressions comme celles des Gilets jaunes de la Zone portuaire de Saint-Nazaire ou de celles et ceux de Commercy.
Leurs points communs ? C’est de refuser toute verticalité autoritaire et arbitraire, d’en appeler à des assemblées populaires et à la démocratie directe. Les sections syndicales, les unions locales interprofessionnelles peuvent en ce sens être des interlocutrices de premier plan en mettant leurs moyens matériels au service de l’auto-organisation.
Sur les barrages, dans la grève, en mettant le pays et l’économie à l’arrêt, quelque chose peut naître. Parce que, oui, il n’y a que les classes populaires qui peuvent changer la société.