C’est bien à une offensive similaire à celle que mène le gouvernement Valls-Gattaz que les travailleuses et travailleurs de Belgique ont affaire. Comme le projet de Loi El Khomri, celui de Kris Peeters repose sur le dogme d’une flexibilité débridée comme seule réponse au chômage (en Belgique, le taux de chômage « officiel » est de 8,5%). Comme dans le projet de Loi El Khomri, on y retrouve la même atteinte au contre-pouvoir syndical : inversion de la hiérarchie des normes ici, individualisation des négociations avec l’employeur et contournement du contrôle syndical outre-Quiévrain.
Détaillons un peu : au cœur de la loi Peeters il y a l’annualisation généralisée du temps de travail et l’imposition de 100 heures supplémentaires non-récupérables et sans négociations préalables. Ces mesures feraient bondir la semaine travaillée de 38 heures aujourd’hui, à 45 heures demain. Autour de cette matrice on trouve une succession de régressions sociales. Distinguons en deux : une version belge du « zero-hour contract » britannique avec l’instauration de contrats à temps partiel sans indications d’horaires de travail, pour des salarié.e.s « à la demande » ; un contrat intérimaire à durée indéterminé, pour une précarité à vie. De quoi se mobiliser...
En Belgique, le syndicalisme, s'il est plus implanté (avec un taux de syndicalisation de 52%) est aussi plus intégré, une partie des fonctions étatiques lui étant déléguées (comme le versement des allocations chômage). Trois grandes centrales cohabitent. La plus puissante, la FGTB, est traditionnellement liée au Parti socialiste. La CSC aux partis centristes-chrétiens et la CGSLB à ceux de centre-droit. Il n’empêche. Dans la FGTB comme dans la CSC des bases syndicales remuantes existent bel et bien. En début d’année, la grève combative des cheminot.e.s belges l’a rappelé. FGTB, CSC et CGSLB (réunies en un « front commun syndical ») ont mis sur pied un plan d’action contre le projet de loi, sachant que le ministre veut légiférer dans l’été. Le 24 mai, une manifestation nationale est organisée à Bruxelles et le 24 juin, la FGTB appelle à la grève interprofessionnelle. Le front commun ayant programmé une reprise des mobilisations en septembre et octobre.
Mais à côté de la mobilisation syndicale, un mouvement social prend corps autour de l’action des « Unions de bloqueurs et bloqueuses ». À la croisée du « community organizing » et de l’action syndicale interprofessionnelle, ces Unions rassemblent « jeunes, précaires, travailleur.se.s dans ou hors emploi, étudiant.e.s, allocataires, syndicalistes ». Leur but étant de faire émerger « une coordination d’assemblées locales démocratique où se réunissent celles et ceux qui veulent bloquer cette loi et son monde par tous les moyens nécessaires ». Le 13 mai au matin par exemple, les locaux de l’organisation patronale Unizo - dont l’ancien président est Kris Peeters et qui a récemment assimilé le plan d’action syndical à du « terrorisme » - étaient ainsi bariolés de peinture jaune. À Bruxelles, Charleroi, Ixelles, Liège, Mons, Namur… des Unions ont vu le jour et appellent à s’organiser horizontalement et à toutes les échelles : lieux d’études, de travail et de vie ; proposant une « motion contre la loi des 45h » comme base d’appel. Répondant à l’appel de Nuit Debout, elles ont organisé le 15 mai, journée #GlobalDebout, une manifestation contre la Loi Peeters au départ de la Gare de Bruxelles. Et comme le fait l’appel de syndicalistes « On bloque tout ! », les Unions mettent en avant le nécessaire blocage de l’économie... Alors bloquons partout leurs lois « travail » !
La page Facebook Bloquons la semaine de 45h - Blokkeer de 45-urenweek
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