Lettre ouverte au préfet du Loiret
Orléans, le 28 septembre 2017
Monsieur le préfet,
Nous sommes parrains et marraines de jeunes étrangers et nous souhaitons vous poser la question suivante: « JUSQU’À QUAND ? »
Nos filleuls sont venus de très loin. Ils ont fui la guerre ou la misère. Ils sont arrivés en France à l’issue d'un long périple auquel d’autres n'ont pas survécu, pour faire ce que leur pays ne leur offre pas : aller à l’école, être soigné, apprendre un métier, gagner sa vie. Souvent, ils n’ont plus d’attaches dans leur pays, ou bien plus aucun contact avec les personnes qui y sont restées. Parvenus seuls ici, sans famille, adolescents encore, ils ont été mis à l’abri. Ils ont suivi une scolarité qui leur a permis de maîtriser le français, d’avoir des amis et d’obtenir des diplômes. Puis, de « mineurs isolés », ils sont devenus « jeunes adultes sans papiers ».
Pourtant, des papiers, ils en ont : leurs dossiers de demande de séjour maintes fois complétés, maintes fois remaniés, maintes fois déposés en préfecture et qui n’ont abouti qu’à des refus ou des réponses insatisfaisantes !
Alors ils attendent avec angoisse. Ils attendent, sans avoir le droit de travailler, malgré leurs compétences, leur courage et leur bonne volonté, malgré les promesses d’embauche des employeurs qui reconnaissent leurs qualités.
Ils attendent en vain ce qu’ils croyaient trouver dans le pays des droits humains... Ils sont notre avenir et ils attendent... Mais JUSQU’À QUAND FAUT-IL QU’ILS ATTENDENT ??? Nous vous le demandons : JUSQU’À QUAND ???
Nous souhaitons que l’indifférence, l’intolérance et l’égoïsme laissent place à un peu d’égalité, de liberté et de fraternité.
Signataires : Sophie Jallerat, Christian Bourdel, Sabine Gautier, Monique de Belmont, Michèle Fillon, Christine Maggiani, Martine Montanier, Dominique Montant, Pierre Bruas, Mathilde Piote, Nicolas Desré, Jean-François Roche, Anita Coulon, Agnès Eyraud, Gérard Salin, Dominique de Joux, Anaëlle Vandermeersch, Franck Courtois, Marie-Aimé Dassonval, Yves Bodard, Stéphane Jaubert
Pour la FCPE : Vincent Bouchot, Ghislaine Cosson et Christelle Rouer
Pour SUD Éducation : Théo Roumier et Valérie Martin
Pour SUD Santé Sociaux : Marie-Thérèse Moreno, Nelly Wedajo et Chantal Thabourin
La page Facebook du COJIE (Collectif de soutien aux jeunes isolés étrangers du Loiret).
Joignable à l’adresse de l’ASTI, 14 rue Sainte Anne , 45000 Orléans.
À la rentrée scolaire, des syndicats engagés dans le COJIE et la FCPE ont également envoyé le communiqué de presse reproduit ci-dessous :
Orléans, le 5 septembre 2017
La FCPE du Loiret, la FSU, SUD Santé Sociaux, SUD Éducation, SUD Culture et la CGT Éduc’action, parrainent depuis le 06 mai 2017 des jeunes majeurs isolés parce qu’ils sont sans papiers et donc menacés d'expulsion vers leurs pays qu’ils ont quitté depuis plusieurs années.
Ces jeunes qui fournissent des efforts conséquents pour s'intégrer, se mettre à niveau scolaire, obtenir des diplômes ne sont « récompensés » de leur pugnacité que par le mépris et la violence institutionnelle.
Au prétexte qu’ils n'étaient pas dans la bonne classe ou trop âgés au moment de leur demande de titre de séjour, celui-ci leur a été refusé. À la place, ils ont reçu une Obligation à Quitter de Territoire Français – OQTF – et se voient contraints de poursuivre leurs études sans moyen de subsistance au quotidien… alors que nombre d’entre eux ont déjà obtenu un diplôme et pourraient travailler.
Nous condamnons cette attitude de la préfecture qui consiste à maintenir les étrangers dans la précarité, la souffrance et le désespoir.
Nous demandons la régularisation de tous les jeunes isolés et des familles dont les enfants sont scolarisés.
Nous demandons qu'il soit donné une suite favorable aux demandes exprimées par la délégation du COJIE (Collectif de soutien aux Jeunes Isolés Etrangers du Loiret dont nos organisations font partie), et des représentants des différents lycées de l’agglomération orléanaise et de Montargis qui a été reçue les 29 juin et 05 juillet 2017 en préfecture.

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