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Billet de blog 23 avril 2022

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Macron: le risque d’un vote contre la démocratie

Le vote pour Macron a une face jumelle : le barrage contre Le Pen, dont les défauts démocratiques interrogent en vue des législatives.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On observe, dans la production médiatique, une inconstance nocive sur la candidature Le Pen.


L’intransigeance de son traitement actuel est légitime, salutaire pour nombre d’entre nous.
Mais on est frappé par son surgissement d’entre-deux tour. La douceur conciliante du premier tour lui donne a posteriori un relent dominateur et cynique. Un air de “C’était mignon. Maintenant, vote bien”.


Telle quelle, cette attitude pourrait légitimement être tenue responsable de démotiver des électrices et électeurs à faire barrage à Le Pen.


Cet affaissement journalistique coïncide avec un autre. L’affaissement du gouvernement face à l’extrême droite au cours du quinquennat, largement commenté.
Tel quel,  ce fait médiatique établirait donc le caractère systémique d’une complaisance opportune envers Le Pen.


Heureusement, les médias, dans leur grande part, ont admis ce manquement. Ils l’ont admis car face à l’accusation de favoriser le vote Le Pen au premier tour, ou même spontanément, ils mentionnent l’attraction de la candidature Zemmour. Elle aurait concentré sur elle une part de la lutte contre l’extrême droite, qu’on a ensuite redirigée là où elle aurait, bien sûr, porté d’ordinaire.


Cet argument est, bien sûr, valable.
Et l'on s’en réjouit, car il engage ceux qui l’emploient, et qu’il a la conséquence suivante.


Si, aux législatives, la victoire de l’Union Populaire de Jean-Luc Mélenchon s’esquisse, alors toute montée (pas issue d’évènements marquant) de la virulence médiatique contre l’Union Populaire, s’expliquera par sa possible victoire sur le pouvoir en place et par l'assujettissement des médias à ce pouvoir.


Car cette virulence ne pourra pas s’expliquer par la présence passée d’un concurrent à la Zemmour. Et si ce paramètre explique le journalisme changeant sur Le Pen, son absence empêche, sans se trahir, d’opérer cette inconstance envers Mélenchon.
La sphère médiatique réagirait alors, clairement, à l’imminence d’une victoire des insoumis, après un traitement plus clément lorsque les sondages les donnaient, à la présidentielle, loin du second tour.


Plus encore, cette ingérence médiatique invaliderait l’“argument Zemmour”. Cette ingérence prouverait la complaisance stratégique des médias envers Le Pen. Cette ingérence tuerait la légitimité du quatrième pouvoir à appeler à faire barrage au Rassemblement National.
Cette négation du principe de débat public dénaturerait la valeur démocratique de la tenue et des résultats des élections françaises.


Pour résumer, sur le plan médiatique:


La légitimité de faire, si tard, barrage à Le Pen coïncide avec l’illégitimité de faire, plus tard, barrage à Mélenchon.


Chacune et chacun observera et tirera ses conclusions. Chaque commentatrice et commentateur professionnel portera la responsabilité de sa déontologie et de ses conséquences.
Car c’est une chose de faire barrage à l’extrême droite, mais s’en est une autre de faire barrage à un régime de manipulation du vote par les médias.


Une ligne rouge existe entre deux méfaits.
Le premier est l’inaction démocratique, par le rejet de toute mesure de participation citoyenne à la vie publique, dont est coupable le gouvernement Macron.
Le second est la trahison de la démocratie, dont il est, sous condition, complice.


Le vote pour Macron peut donc être, selon le traitement médiatique qu’on verra, un vote contre la démocratie.


Bon 3e tour à tous.

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