La méthode utilisée pour recenser les députés "non-blancs" est celle que le CRAN utilise depuis toujours et qui peut néanmoins comporter de minimes erreurs. Elle est principalement basée sur des trombinoscopes, les patronymes et consiste à identifier les élus dont un parent au moins est issu de l’immigration extra-européenne ou originaire des DOM-TOM. Pour cette enquête à proprement parler, seuls les députés ultramarins élus dans l’hexagone ont été retenus.

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Les bons élèves
Grâce au parti LFI, la représentation de la « diversité » a évité l’hécatombe. En passant d’un seul député en 2017 (5,8%) à 7 en 2022 (9,5%) ; il a permis de compenser en partie les pertes subies par le parti présidentiel qui détenait 23 élus non-blancs lors de la précédente législature pour finir à 7 en 2022. Renaissance est ainsi passé de 7,71% de ses députés issus des minorités visibles à 3,95%.
Les élèves en progrès ou qui se maintiennent
Le Parti Communiste, quant à lui, partait de loin avec un score de 0% en 2017. Il enregistre maintenant le chiffre de 4,5 % de députés issus de la « diversité » pour cette nouvelle législature.
S’agissant de Parti socialiste et EELV, ils ne comptent respectivement dans leur rang qu’un seul élu non-européen et enregistrent péniblement les scores de 3,2% pour le premier et de 4,34% pour l’autre ; le député de la 9ème circonscription des Français de l’étranger étant à inscrire à l’actif de Génération.S.
Ces chiffres sont très décevants au regard des discours récurrents de ces partis politiques qui prônent une meilleure représentation de la « diversité ». Espérons qu’aux prochaines élections, ces 2 partis s’efforceront de mieux respecter les grands principes qu’ils défendent. Il existe des réalités que la rhétorique ne permet pas de masquer. A la longue, les électeurs risquent de se lasser de cet « enfumage » permanent.
Les cancres
A droite, comme en 2017, c’est le vide sidéral. Les 2 lanternes rouges conservent leur bonnet d’âne puisque le Rassemblement National et Les Républicains se partagent le pompon avec un score de 0%.
Il est regrettable de constater que les Français d’origine asiatique sont toujours les grands oubliés de la République avec un seul député élu qui n’est autre qu’Olivier Faure le Premier secrétaire du Parti socialiste, l’unique représentant de la diversité du PS.

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Le recul du nombre des députés non-européens est principalement dû à Renaissance qui a perdu 16 des siens. Pourtant parti en pole position en 2017, LREM avait suscité beaucoup d’espoir en termes de représentation réelle de la diversité qui s’élève à environ 11% de la population française. Elle avait démarré sur les chapeaux de roues mais n’a pas su tenir la distance sur le long terme puisqu’elle a perdu 45% de ses députés issus des minorités ethniques à l’élection suivante.
Le grand vainqueur de ces législatives en termes de « diversité » est le parti LFI qui a pratiquement doublé son score en investissant des candidats proches du peuple dans lesquels les électeurs pouvaient s’identifier avec l’espoir qu’ils porteront haut et fort leurs voix et défendront leurs combats.
Les Grandes Manœuvres organisées par le parti présidentiel que je qualifierai d’opération « sauve qui peut » n’a pas réussi à convaincre les électeurs.
En donnant l’investiture à nombre de ses ministres et leurs conseillers pour les mettre hypothétiquement à l’abri de lendemains qui déchantent, les électeurs ont bien saisi que ces candidats seraient principalement missionnés pour défendre les intérêts du parti présidentiel plutôt que les leurs.
Voici la démonstration faite de tout le paradoxe de l’esprit français. Il est demandé aux minorités ethniques de s’intégrer à la société française et de se comporter comme des Français à part entière tout en leur réservant un traitement différencié. L’Assemblée Nationale est censée représenter tous les Français mais, malheureusement, le compte n’y est pas. Tant que la République ne s’appliquera pas à envoyer les bons signaux à la population en termes d’égalité citoyenne, elle ne doit pas s’étonner de voir certains de ses enfants bafouer les principes qu’elle a érigé en représailles au mépris dont ils sont victimes.
En France, le communautarisme des minorités visibles est décrié en permanence alors que le communautarisme le plus prégnant est celui du groupe ethnique majoritaire à savoir les Blancs. Il devient urgent de combattre « le communautarisme Blanc » pour venir à bout de toutes les autres formes de communautarismes ; l’un ne va pas s’en l’autre. A quand une loi sur la représentation équitable des minorités ethniques en politique à l’instar de la loi sur la parité de 2007 ?
Thiaba BRUNI
Vice-présidente et porte-parole du CRAN