Les questions que posent, en effet, les mesures gouvernementales sont nombreuses :
Comment quelqu'un qui perçoit la somme EXTRAORDINAIRE de 600€ par mois pourra t-il seulement effectuer 10Km par jour pour se rendre à son travail...en voiture ?
Absurde, infaisable...
Eh puis quelle mission donnera t-on à ces gens là une fois sur place : les mettra t-on sur une chaise pour qu'ils aient l'occasion de regarder les efforts fournis chaque jours par les "vrais travailleurs" ?
J'imagine à peine le ressenti que cela provoquera des deux cotés de la barrière ! On n'est pas au cirque tout de même !
On n'est pas au bout de nos peine et surtout, surtout, on est sans doute là à l'aube de nouvelles tensions sociales entre ceux qui agissent et ceux "qui regardent" ...
Parce que disons le, s'il y a ré-introduction des Rmistes dans les entreprises (un peu comme on réintroduit dans la nature des espèces en voie de disparition ? ) et qu'ils s'y adaptent de manière remarquable, ne seront ils pas alors ressentis (excusez l'expression) comme des "espèces invasives", c'est à dire des espèces destinées à prendre la place de celles qui sont déjà dans le milieu (tiens une idée : et si on les habillait en jaune ?) . En d'autres termes les entrepreneurs ne seront ils pas tentés de faire travailler ces gens là, plutôt que leurs ouvriers réguliers, au risque de "fabriquer" deux fois plus de RMISTES qu'il y en avait au départ (quelle aubaine ! )?
Au secours les ateliers nationaux reviennent !
Attention on entre là dans un cercle vicieux, cercle dans lequel les entreprises qui croient en la bonne affaire risquent de se retrouver engluées dans des tensions sociales sans précédent.
Les stagiaires, c'était déjà une dérive douteuse, les rmistes au travail c'est un danger sans précédent pour notre démocratie sociale !
Et puis, et puis, dernier point (enfin jusqu'au prochain billet sur ce thème) comment les milieux économiques, qui ne cessent de nous rappeler les vertus du libéralisme , pourront elles justifier la présence en leurs seins de travailleurs rémunérés par l'Etat ? Sous payés au regard des règles en vigueur sur le marché du travail ?
Comment pourront elles même seulement s'assurer que derrière leur introduction, l'Etat ne cherchera pas à s'immiscer plus avant dans leurs affaires (organisation du travail, conditions de production, retour sur cette forme de subvention déguisée...)?
Pire : exigence renforcée en matière de baisse du chômage et donc accentuation des tensions sur les salaires ?
Comme je le disais déjà la dernière fois, l'idée est bonne, sauf qu'elle est particulièrement mauvaise !
A la finale elle ne satisfera personne, ni les sous-salariés concernés, ni les entreprises confrontées à des risques majeurs en terme de conflits sociaux, ni même l'Etat qui n'a toujours pas su nous expliquer pourquoi un emploi aidé, déjà si largement répandu jusqu'à récemment, coutait à la collectivité quelque 10 000 € par unité et par an et ce en pure perte, vue qu'ils n'ont jamais réussi à faire baisser durablement le chômage !
Bien sûr la bien pensence morale sera sans doute satisfaite, la "valeur travail" retrouvera ainsi ses lettres de noblesse, croit-on !
Mais en est on si sûr ?
Pas vraiment en fait : en introduisant des "non travailleurs" dans le monde du travail, nous risquons d'osciller dangereusement vers des formes de travail contraintes qui finiront de dévaluer un grand nombre d'emplois. Or cette dévaluation qui touchera notamment les métiers que l'on a si souvent désignés comme les emplois de" deuxième ligne" accentuera cruellement le manque de "vrais professionnels" dans le domaine et à l'heure où ils apparaissent à nouveau indispensables, il n'est peut être pas nécessaire de faire de ces jobs de véritables repoussoirs...
Comme si vivre avec 600€ par mois n'était pas déjà un véritable tour de force, était il donc vraiment nécessaire d'humilier les Rmistes en sous entendant qu'ils forment une population de feignants et ce au risque d'accentuer un peu plus la colère sourde qui les anime déjà ?
Personnellement j'en doute...
A moins bien sûr que cette mesure ait d'autres objectifs que ceux affichés si humainement par le gouvernement....
https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/06/03/rsa-vivre-avec-600-euros-n-etant-pas-une-contrainte-suffisante-il-faudra-desormais-etre-stagiaire-d-etat-pour-les-percevoir_6175998_3232.html