Il n'y a rien de plus dangereux qu'une idée qui grandit
Et qui peu a peu fait sa place dans nos pauvres esprits
On nous parle maintenant tous les jours de cette guerre
Qui sans coup férir déchainera ici même la misère
Et pour préparer les esprits on nous décrit du pays ami.
Guerre, guerre, guerre, les misères, les offenses infinies
Puis sans une hésitation on nous prédit nos sacrifices
En instillant l'idée surfaite qu'il faudra y perdre nos fils
La guerre comme unique horizon, paravent bien pratique
Fait taire, du moins le croit on, illusion, le débat politique
Si bien que personne ne nous dit vraiment pourquoi nous battre
Ni même ne nous indique la nature de l'ennemi à. abattre
Nous restons donc assis bien au chaud devant tous nos écrans
Sans craindre un seul instant la moindre éclaboussure de sang
Même si ce sont nos fils que l'on prépare à l'irréparable
Même si ce flot d'images endort nos esprits irresponsables
Qu'importe que d'autres ailleurs espèrent en l'Europe, crainte
Il ne faut pas que de leur sang nos fils laissent au sol leur empreinte
Qui donc pour faire la guerre dans un pays qui l'a par trop connue
Qui donc pour mourir soldat dans un pays qui de la guerre est revenu ?
Il n'est pas une maison où l'on n'a pas gardé ces images surannées
De ces villes ravagées de ces personnes massacrées !
Et il est des villages où les pierres se souviennent encore
De ces noms qui, un à un, frères parfois, tombés au combat
Ne sont jamais revenus et qu'on ne retrouve pas
Elles savent, elles, ce que la guerre fait aux corps
Elles savent, elles, ce que la guerre fait aux corps !
Et même quand ces derniers sont revenus en vie
Elles savent combien l'horreur a marque leur esprit
Elles ne prennent donc jamais, elles la guerre à la légère
Elles ont tant de fois servi d'armes, de barricades, ou de frontière
Qu'elles peuvent nous rappeler, à bon droit, le sang de nos fils
Et nous interdire à jamais de faire d'autres sacrifices
La guerre, la guerre, la guerre est peut être une bonne affaire
Mais on ne nous la vendra pas si on ne veut pas se taire...