Honnêtement donc je ferais mieux de ne rien dire et discrètement de me réjouir d'avoir rempli "mon objectif" : voir à quoi çà pouvait ressembler !
Au fond aller aux JO, c'était chouette, non ?
Peut être mais comme je suis français et qu'il faut bien que je trouve quelque chose à redire : voilà j'vais râler !
Bon j'aurais dû m'en douter mais quand je me suis assis sur les gradins du stade de France, les athlètes que je m'étais promis de voir étaient devenus lilliputiens ! Ces bestiaux que je me promettais en effet de côtoyer, étaient bien là, devant moi, mais finalement si loin, si terriblement distants qu'il m'était bien difficile de ressentir une quelconque émotion en leur compagnie !
Moi qui croyais voir Eddye Merkx ou mieux encore Maryse Evangépé, voir toper dans la main d'un Platini je ne percevais là que des points vaguement jaunes bleus ou verts selon l'occasion...
Et d'ailleurs je crois avoir perçu Owen Jones, mais...
Oh certes ils semblaient aller vite, lancer loin, et j'étais prêts à croire qu'ils courraient mais comment en être réellement sûr, d'aussi loin ?
Que vaut le sport en direct, sur le stade quand il est vécu à une telle distance ?
Gradins dégradés ?
Bien sûr il y avait les écrans, ces écrans géants où l'on pouvait voir, ou entrevoir ce qui se passait, mais finalement est ce que je m'étais déplacé d'aussi loin pour regarder la télé ? Mon rétroprojecteur aurait du me suffire !
Avais je réellement besoin pour ce faire de me faire encadrer par une orde de policiers sur-armés et sans doute sur les dents ?
Sécurité...
Allez, ne soyons pas injuste, il y avait l'ambiance !
Ah l'ambiance !
Je suppose que vous voulez parler là de ces "archiméggaphones" qui débitaient de la musique de manière quasi perpétuelle entrecoupée parfois cependant d'informations capitales sur des athlètes en pointillés (quand même).
En matière d’ambiance, donc, c’est sûr j’ai été servi : quel vacarme !
Et puis il y avait ces cris ou ces applaudissements qui surgissaient au passage des petits points rouges ou roses dont je parlais tout à l'heure ! Quelle chaleur, quel enthousiasme communicatif, j'ai assisté là, je le reconnais, à de "véritables performances historiques" !
… celles de ces quelques milliers de spectateurs tentant désespérément d’humaniser ce monstre froid qu’est le stade de France :
« - Ouais vas y !
-Oh , oui, oui, oui, il l’a fait !
-C’est qui qu’a fait quoi ?
- … »
En fait, et j'espère qu'on ne me fera pas grief de cette remarque : j'aurais pu être atteint de cécité, mes jeux olympiques n'auraient pas été plus émouvants !
AINSI DONC, AU COURS DU SPECTACLE, J'AI PRIS L'HABITUDE D'APPLAUDIR À CHAQUE FOIS QUE MON VOISIN LE FAISAIT, HISTOIRE DE FAIRE CROIRE QUE JE SUIVAIS, MAIS BON... ET IL FAUT DIRE QUE C'ÉTAIT UNE BONNE IDÉE PARCE QUE LES ATHLÈTES DU 100 m, PAR EXEMPLE, JE NE LES AI VUES QUE DE DOS !..
J’ai déjà eu l’occasion de dire ce que je pensais de ces sports déshumanisés où le chronomètre est le seul évènement de la compétition, mais est ce que c’est vraiment çà : le sport, et est ce que çà répond aux objectifs de l’olympisme ?
Plus vite, plus haut, plus loin…
Et puis ?
En fait dans tout çà je pourrais me contenter d’avoir rencontré, côtoyé des modèles, ne serait ce que quelques minutes…
Mais honnêtement est ce que ces athlètes surtestostéronnés ont encore quelque chose de commun avec nous ?
Sélectionnés, formatés, si durement conditionnés qu’on imagine sans peine le sort des déchets abandonnés en cours de route, qu’est ce que je pourrais bien dire à Teddy Riner si je le rencontrais demain ? Au delà d’une fraternité feinte, peut être acquise sur les tatamis, qu’est ce qu’un petit gros bedonnant pourrait dire à cette montagne de muscle et de technique…
RIEN.
Et c’est peut être çà qui me gène le plus dans ce qu’on appelle le sport : ces gens qui ne ressemblent à personne et qui sont si distants. S’ils ont certainement battu un record, c’est sans doute hélas dans le fait d’avoir tracé un fossé infranchissable entre eux et le reste de la population !
Ainsi les grecs qui avaient créés des dieux qui leur ressemblaient et vivaient leurs passions, ont ils été oubliés dans leur démarche. Etrange destin que celui du sport et de l'olympisme qui prétendent tous deux dans leur démarche rapprocher les hommes et atténuer les passions
Sans y prendre garde les athlètes des jeux, mais aussi des stades, sont devenus presqu'aussi lointains que nos hommes politiques. Certains sont sans doute riches, très riches mème, d'autres sont encore populaires, mais qu'est ce qui nous relie encore à eux ?
Ce sont des champions, certes, mais est ce que ce sont encore NOS champions ?
Allez savoir...