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Billet de blog 5 décembre 2019

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Hors sujet

A peine les mesures de "consolidation du système de retraite" sont elles connues que déjà les syndicats sont vent debout et que le peuple est dans la rue. On pourrait leur donner raison sur certains points mais ne sont ils pas totalement hors sujet ?

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Je sais que l'on va encore m'accuser d'être contre les retraites et les retraités mais tel n'a jamais été mon propos ! J'ai toujours milité pour un système de retraite, mais à la condition unique qu'il cesse de reproduire les inégalités sociales d'origine, hors on en est loin ! Pire : plus on est pauvre au travail, plus on est pauvre à la retraite !

Vous me direz que c'est justice et que si les gens veulent avoir une retraite confortable il faut qu'ils la méritent !

Ah oui mais qu'est ce que c'est que le mérite ? Ma mère qui a eu six enfants et qui travaillait a t-elle moins mérité du système que son mari qui percevait une retraite trois fois plus élevée qu'elle ? Mon camarade animateur commerciale qui cherchait tous les jours un travail pour ses fins de semaines était il moins méritant que ceux que je côtoie aujourd'hui et qui sont assurés quoi qu'il arrive de récupérer leur pécule un jour ou l'autre ? Le travailleur pauvre qui a choisi ce que j'appelle le travail à tous prix plutôt que ce que les imbéciles appellent "l'assistanat" est il moins méritant qu'une secrétaire administrative ou un cadre ? 

 Et puis, et puis ces gens épuisés par ces années de chômage, désespérés par une situation qui n'évolue plus pour eux, doivent ils être désignés comme la victime expiatoire et naturelle du système : pauvre un jour, pauvre toujours ? 

La colère de ceux qui manifestent aujourd'hui est sans doute un peu justifiée, mais elle ne pose pas, à mon sens, les bonnes questions, à savoir que s'il faut tenir compte des évolutions de la société et de l'allongement de l'espérance de vie : il faut que ces prises en compte concerne tout le monde ! S'arrêter sur le sort de ces "pauvres salariés permanents" qui devront travailler trois ans de plus pour avoir les mêmes droits, c'est passer sous silence le fait que nombre de travailleurs doivent dors et déjà travailler jusqu'à 67 ans pour avoir droit à quelque chose (c'est vrai que le plus souvent ce sont des femmes et que les femmes, bon...)! C'est faire l'impasse sur le chômage des jeunes, qui sans situation avant l'âge de 26 ou 27 ans travailleront encore à ...69 ans ! Pire, c'est continuer d'entériner un système qui traite aussi durement les gens qui "n'ont pas assez cotisé", sans voir que ces cotisations sociales sont souvent pointées du doigt par ceux qui s'inquiètent de la montée du chômage et de l'automatisation du travail humain !

Je sais : les conducteurs de métro sont en colère !

Mais nom de ... n'ont ils pas vu que leur métier est en train de disparaître ? 

Je sais les bibliothécaires sont furieux : mais...

Tout se passe ici comme si les positions étaient figées et que les droits (à qui ?) devaient être maintenus alors qu'ils sont niés, déniés déjà à une bonne partie de la population et que le simple accès au monde du travail est littéralement interdit aux plus fragiles  qui seront bientot condamnés à se vendre au "moins offrants".

Ma colère n'est pas neuve : elle date du "bon vieux temps" où certains retraités percevaient un revenu confortable tout en me traitant de parasite de chômeur et en me réservant leurs déficit pour les années à venir ! Elle date de ce "bon vieux temps" où une jeune retraité s'extasiait devant la productivité de ce travailleur péruvien qu ne "comptait ni ses heures, ni ses espoirs de promotion sociale" !

Et c'est mon frère (qui n'était pourtant pas un grand socialiste) qui lui a répondu sèchement (et à mon grand étonnement) : Bien sûr mais ce n'est pas lui qui paie ta retraite !"

Aujourd'hui, à mon sens : il faut réduire, disperser, atomiser notre système de retraite et il faut le faire avant qu'il ne se crash en plein vole ! Avant que les cotisants d'aujourd'hui ne se sentent floués demain, floués comme ces petits porteurs d'emprunt russe ou d'Eurotunnel auxquels on promettaient des lendemains qui chantent ! Avant qu'on ne parle le tchèque et le Roumain, non seulement sur nos chantiers, mais aussi dans nos cuisines, nos boulangeries, et à nos caisses de supermarché (ou tout au moins à celles qui restent )  Si l'on en croit les projectionnistes les plus pessimistes les salariés d'aujourd'hui cotisent à fonds perdus !

Faut il parler de vol ? 

Nous avons changé de société, nous savons que l'emploi à vie n'est plus une valeur cardinale, nous savons qu'il faudra nous former, nous reformer, changer de métier et d'orientations professionnelles, mais nous imaginons que notre système de retraite (pardon je devrais dire Votre Système de Retraite) va traverser ces mutations sans changement ? Peut on imaginer de continuer à martyriser les chômeurs (la moitié d'entre eux émargent aux minimas sociaux) sans qu'on finisse par trouver normal d'en faire autant avec nos vieux (surtout quand ils sont de vieux chômeurs ) ? 

Le tiers de notre PIB est absorbé par notre système de protection sociale et pourtant nous ne sommes pas parvenus à éradiquer la pauvreté, surtout chez les anciens d'ailleurs mais aussi chez les jeunes ! N'est ce pas là d'abord que devrait se situer notre combat, notre lutte acharnée ! "A chacun selon ses besoins" promettaient les socialistes des origines .

S'il faut pour cela fournir les allumettes qui vont permettre de dynamiter le système : ne bougez pas je crois que j'en ai encore quelques unes dans ma poche !

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