Vous avez entendu ?
Je crois avoir enfin perçu des mots dans la mobilisation des GJ qui valaient la peine que l'on s'y arrête. Les mots Logement / salaire / violences !
Tiens donc, on aurait enfin compris, ou tout au moins on aurait enfin vu qu'il fallait sortir du débat sur l'essence pour comprendre pourquoi celle ci était devenue aussi essentielle à tout ceux qui travaillent, ou pas d'ailleurs.
Voilà une nouvelle qui me remplit de joie et qui, malgré tout ce que j'ai pu en dire de mal, me fait presque envie de revêtir ce fameux gilet ! Même si je n'aime pas la violence qu'il représente désormais, même si je condamne certains aspects de son radicalisme, le fait qu'il dresse un autre portrait des "petites gens" chassés des centres urbains, mis au ban de la société, et de ce fait... Obligés de posséder une voiture pour pouvoir continuer à vivre ou survivre, me semble bien plus refléter les problématiques auxquelles sont confrontées les petites gens dont je parlais tout à l'heure que la simple problématique de l'essence !
Disons le enfin : il n'y a peut être pas de problème de pouvoir d'achat global en France, mais il y certainement une difficulté de pouvoir d'achat des classes populaires, et des petites classes moyennes (celles là mêmes qui défilent dans la rue aujourd'hui ! La vie est trop chère, la vie est trop dure à ceux, qui au fond de l'ornière essaie coûte que coûte, de sortir la tête de l'eau ! Pire : la vie devient trop chère, alors même qu'elle n'est pas forcément meilleure !
Une illustration de mes propos ?
Bordeaux est, parait il, la ville où il y a eu le plus de violence aujourd'hui.
Or c'est aussi la ville, parait il, où le prix du logement a le plus augmenté ces dernières années !
Cherchez l'erreur...
Voilà qu'enfin on introduit la relativité et une donnée majeure, dans notre débat public : ON A TOUS BESOIN D'AVOIR UN TOIT SUR LA TÊTE !
Ce n'est pas moi qui le dit, ce sont les économistes qui m'ont appris que : le logement était un "besoin primaire", et ce sont les Gilets jaunes qui en échos commencent à dire : "je ne vis pas de mon travail"...Tiens tiens !
Comment dés lors donner tort à ce mouvement ?
Violent ?
Il l'est ou tout au moins il l'a été au regard de ce que dit le "monstre" qui s'est opposé aux forces de l'ordre. Mais si on met en rapport violences policières et violences publiques, force est de s'interroger sur le drame qui se joue sous nos yeux ! Le nombre hallucinant de blessés, durant ces quelques mois de conflit social, est totalement inadmissible et sans doute que l'armement utilisé pour faire face aux manifestants est complétement démesuré ! Il ne manque plus que les unités de polices motocyclistes d'un souvenir si tristement célèbre pour souder, radicaliser, durcir un mouvement !
Je sais vous allez me dire : Mais...
Non, non ce n'est pas le déferlement de violences des premiers jours qui justifie que l'on traite une partie de notre population en ennemi ! Cette population crie famine, écoutons là au moins ! Ce sera sans doute une attitude plus intelligente que celle qui consiste à livrer quelques monologues bien sentis à une population triée sur le volet, et permettra peut être d'éviter qu'au final le mouvement se fédère autour d'un drame commun !
Y a t-il pire risque pour le gouvernement et celui qui pourrait le suivre que de voir se constituer une "identité" Gilets Jaunes autour du culte voué à des victimes aussi nombreuses que (souvent) pacifiques ? Attention, là encore, dans un premier temps les forces de l'ordre ont pu passer pour des victimes et des héros de la situation, mais si on continue à voir enfler les polémiques sur ces blessés (et tués ?) et les manières de maintenir l'ordre, la police elle même ne risque t-elle pas d'être définitivement discréditée, dans la mesure où elle est d'abord et avant tout destinée à protéger nos concitoyens ?