thierry caron

Abonné·e de Mediapart

415 Billets

1 Éditions

Billet de blog 9 juin 2019

thierry caron

Abonné·e de Mediapart

Fragile

voilà que le désespoir revient au galop et que celui d'E M prétend impacter les conditions de vie des plus précaires. Est ce que c'est la bonne solution ?

thierry caron

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Eh oui voilà qu'Emmanuel Macron, en plein désarroi, cède aux vieilles lunes de la droite et prétend que le durcissement de l'attribution des allocations chômage sera source d'une baisse de celui ci. La prétendue recette selon laquelle il suffirait d'affamer les demandeurs d'emploi pour qu'ils trouvent du travail semblerait ainsi avoir de nouveaux charmes.

On doit reconnaitre que chez les "gens honnêtes" ce thème des allocations chômage et de leur prétendue surévaluation est en vogue. Rares sont ceux, en effet, qui s'accordent à considérer que les chômeurs sont mal traités, et plus rares encore sont ceux qui estiment qu'il faudrait leur venir en aide de manière bien plus massive. Vous savez l'expression :"ce pognon de dingue" leur était d'ailleurs destinée, elle avait pour but de remobiliser ses "biens pensants" qui auraient pu admettre qu'il fallait bien faire quelque chose !

Reste donc que peu à peu, grâce à la mise en oeuvre du plan Macron, on va retrouver des chômeurs de plus en plus précarisés. En effet : en augmentant la durée nécessaire de cotisations pour obtenir une allocation, en contrôlant de manière de plus en plus systématique les sans emplois, on a peut être une chance de faire baisser les déficits, voir de faire baisser les effectifs de demandeurs d'empois, mais on en a aussi bel et bien une autre : celle qui risque de marginaliser, un peu plus ,ceux qui le sont déjà !

Cà  vous surprend comme idée ?

Bah pas moi voyez vous. Selon l'OFCE elle même (un organisme pas particulièrement socialiste) 30% des ayant droits au RSA n'y aurait pas recours  et 10 milliards d'Euros ne seraient ainsi même pas réclamés par ceux qui pourraient y prétendre ! 

Une paille non ?

 Une paille qui vient démentir en tout cas  l'idée selon laquelle le recours aux aides sociales est bien plus simple que la recherche d'un emploi ! Une paille qui met en évidence le fait, que, quelque part, recevoir l'aide de la société n'est pas aussi "évident" que cela pourrait paraître ! Peur du jugement ? Honte ? Sentiment de déchéance ? Culpabilité ? Complexité infernale ?

Sans doute un peu de tout çà à la fois. Croyez moi, quand on est issus d'une bonne famille, bonne famille qui continue à vous soutenir, çà n'est pas si simple d'aller demander de l'aide aux services sociaux, et très vite on devient cet espèce de pestiféré que l'on ne reçoit qu'avec des pincettes, parce que la question du pourquoi est sur toutes les lèvres !

Alors, à quoi çà sert encore de durcir un peu plus le système : "à faire en sorte que les chômeurs se bougent le cul ?" comme on peut l'entendre dans certains milieux ? A entasser les 5 à 6 millions de demandeurs d'emplois dans les deux à trois cent mille offres d'emploi non pourvues en France ?

Cà fait longtemps que je le dis, mais je le dis et le redirai encore et encore : trouver un emploi (et surtout le garder) quand on est marginalisé depuis longtemps, est un parcours du combattant : un véritable engagement de "warrior" ! Il ne suffit pas pour y parvenir de "vouloir" il faut aussi y mettre les moyens, s'entourer, créer des réseaux, et...appeler à l'aide si besoin ! Bref, il faut, si possible y consacrer le plus clair de son temps, sans avoir à perdre celui ci à "crier famine !"  La guerre économique est ainsi faite que seul le soldat le mieux préparé, le mieux entrainé, et le plus soigné peut la gagner !

Affamer les chômeurs, ou tout au moins leur donner le sentiment qu'on va le faire, ce n'est rien d'autre qu'un moyen de les déstabiliser un peu plus ! L'idée plait peut être aux riches, aux bien pensants, et puis de toute manière c'est bien peu couteux en terme électoral s'entend.

Mais en terme social, en terme de coût social l'idée est elle si judicieuse ?

Posons les comptes sur la table  ! Interrogeons nous sur la destination final de cet "argent  des chômeurs"! Demandons nous si par hasard, celui ci ne retourne pas dans l'économie réelle et s'il ne profite pas autant au boulanger du coin qu'au chômeur lui même ! Cessons cette hypocrisie et rappelons le quand même, la moitié des chômeurs ne perçoit que les minima sociaux pour vivre !

Croyez vous qu'avec cela on puisse faire la fête tous les jours, ou mieux encore constituer des économies, "pour voir venir ?"

Vous croyez, vous, réellement que c'est en s'attaquant aussi lâchement aux plus fragiles de notre pays qu'on va vraiment réussir à le redresser ? Il ne faut pas se tromper : historiquement le chômage a, et de loin, précédé la création d'assurance en tout genre pour palier aux manques de ressources des ouvriers ! C'est le chômage qui a précédé l'assurance sociale et pas le contraire, histoire de rappeler que les chômeurs ont d'abord vécu dans un dénuement quasi totale (voir les histoires de Charlot sur le sujet) , avant que les ouvriers eux mêmes ne s'organisent pour préserver un peu leurs droits. 

On comprend certes que le patronat vive cette apparition et son maintien comme une entrave à une concurence juste libre et non faussée en matière d'emploi, reste que l'on peut se demander ce qui se passera si l'on continue de taper sur le soldat "chômeur". Est ce que le fait de le viser lui, et lui seul, comme responsable de la crise économique, n'est pas une erreur fondamentale, une faute en matière politique économique et sociale ?

Que gagnera t-on à affamer les plus fragiles ?

Quand les chômeurs retourneront en masse dormir sur les trottoirs, il sera trop tard pour se reposer cette question et faire marche arrière !

Attention, oui attention : fragile !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.