Oui donc, ce vélo serait un monstre. On ne pourrait plus marcher dans nos rues, on ne pourrait plus traverser au feu rouge, et les trottoirs seraient les nouveaux coupe gorge de nos grandes villes, à cause du vélo...
Allons, allons, peut-être faut-il un peu modérer ce point de vue et s'arrêter un peu sur les conditions qui ont présidé au retour du vélo dans les villes avant de rétro pédaler et de vouer le vélo aux gémonies !
Premièrement nous avons un "problème ville" : c'est à dire un lieu où les gens sont en densité plus élevée, et dans lequel la place manque, manque forcément. Il n'est qu'à voir les scènes désastreuses de bouchons automobiles qui se reproduisent chaque jour pour s'en convaincre. Nous avons déjà peu de place, on peut presque dire que nous n''en avons déjà pas assez. Aussi chercher à ajouter un nouveau venu dans un espace restreint suppose un peu de préparation, de recherche et de concertation. Mieux il suppose, à mon sens un minimum de concertation entre les acteurs du terrain.
Avons-nous pris le temps d'anticiper l'arrivée et le succès indéniable de ces millions de vélos ?
Pas sûr.
Des vélos, mais pas d'espace dédié et surtout des vélos assortis d'un cadre réglementaire allégé et peut être (je le regrette) trop libéral !
La règle s'applique donc à tous mais pas aux vélos, pas d'immatriculation, pas de sanction, pas de limite...
Je sais, on va, et à mon grand regret me traiter de réactionnaire, mais est ce qu'on peut compter sur les gens pour se fixer des limites eux-mêmes ?
En France, pas sûr...
Tiens je prends un exemple, toujours ayant trait au vélo :
Qu'est-ce que c'est qu'un vélo ? Sommes-nous encore dans le domaine du vélo quand certaines machines qui hantent maintenant les pistes cyclables frôlent les trente à cinquante kilos et dépassent sans peine les quarante km/h ? Quel rapport y a t-il encore entre un vélo et ces vélos moteurs qui, eux, ressemblent plus au bon vieux solex ou à la belle mob débridée des années 70 ?
A l'évidence il y a là un trou réglementaire qu'il serait bon d'éclaircir ! Peut-on encore appeler vélo une chose qui continue de rouler en côte sans le moindre coup de pédale ? Peut-on encore appeler vélo quelque chose qui n'a plus aucun rapport avec la mobilité douce qu'il prétend symboliser ?
Absurde ma question ?
Mais alors s'il suffit de poser deux roues sur un cadre et un guidon, pour appeler çà un vélo, pourquoi n'admet-on pas les motos GP sur les pistes cyclables ?
Non, non, ce n'est pas une question en l'air, ni même (je vous vois venir) un racisme anti vélo électrique, non c'est une question de santé publique et de sécurité ! Quand on connait à Paris, pour le moins, l'implantation des pistes cyclables, leur étroitesse, leur relative rareté (au regard d'une multiplication des vélos sur route) on est en droit de se poser cette question, parce qu'un vélo qui au va au final déplacer une masse de plus de 100KG à plus de trente KM/h a toutes les chances d'occasionner des dégâts considérables à l'endroit d'un piéton, surtout si c'est un enfant ou une personne âgée !
Tiens et si on exigeait un permis pour être au guidon d'un vélo électrique ?
Je sais, encore une fois, on va penser que je suis fermement et durement anti vélo !
Mais non, pas du tout, bien au contraire, je ne rêve que de çà : des rues envahies de vélos, mais de vélos, pas de vélos moteurs, nuance !
Mais pourquoi tant de haine me direz-vous encore ?
Parce qu'on est en plein contresens ! Ces vélos électriques ne sont pas la marque d'une société écolo, ils sont au contraire l'exacte expression d'une continuité "bagnoliste" ! Aux excès de la bagnole, va bientôt (bientôt) succéder l'arrogance des "véloculistes" ces faux cyclistes qui vont vite, trop vite, ne respectent pas plus le code de la route que les simples pédaleurs et se croient tout permis (au point de vous heurter (je l'ai vécu) parce que vous vous êtes arrêté à un feu rouge !) : "Eh pourquoi tu t'arrêtes, eh, connard ?" (je vous laisse apprécier le tutoiement.)
Bon allez, je ne veux pas qu'on m'accuse de faire un procès à charge, mais honnêtement c'est un vrai problème surtout que j'ai encore oublié un nouvel acteur de l'espace public : le "Hallo, hallo". Pour ma part, j'ai déjà deux cents "Hallo, hallo" sur mon tableau de chasse, et pourtant je ne fais que pédaler !
Vous savez les "hallo hallo" c'est comme la blague des "Panou panou" sauf que, eux, personne ne les oblige à téléphoner pendant qu'ils traversent (si souvent en dehors des clous et au feu vert).
Que dire ?
Bien sûr qu'au niveau du code de la route on donnera tort au cycliste, mais est ce que çà ne vaut pas un peu la peine de rappeler des règles de sécurité simples, parce qu'une fois qu'on est plâtré (dans le meilleur des cas) il est de toute manière trop tard ? S'il faut interdire le téléphone au volant (ou au guidon ?) n'est-il pas temps là aussi d'exiger des piétons une prudence élémentaire ? Cà n'a l'air de rien, mais quand un cycliste (je ne parle pas là des "véloculistes") heurte un piéton, il a toutes les chances d'éprouver lui aussi des difficultés à se relever !
Alors : faut-il sanctionner aussi les piétons ou interdire le vélo en ville ? Faut-il, comme le rêvent sans doute certains, revenir au tout bagnole ?
Sans doute que non, gageons même que les autorités n'ont pas imaginé à quel point le succès serait au rendez-vous ! Il est frappant en effet de constater la massification des guidons au moindre feu rouge ! Le vélo est désormais une réalité dans nos villes et on ne peut que s'en féliciter
Cependant on ne peut, peut-être pas, se contenter de l'invasion des vélos pour espérer chasser les voitures de l'espace urbain. Si les vélos prennent une place aussi importante et si leur présence s'accroit d'année en année, on ne pourra pas faire l'économie d'une réglementation de la circulation, surtout, surtout, si on en vient à exiger des "Hallo-hallo" qu'ils lâchent enfin leur téléphone !
Tiens une petite idée comme çà : et si nos vélos faisaient du bruit ?
Peut-être que çà permettrait à ceux qui regardent ailleurs de les entendre arriver avant...avant...
En fait comprendre que l'espace public ne peut être monopolisé par un seul mode de déplacement et au seul profit de la vitesse, et (mon dieu qu'est ce qui m'arrive ?) aux doux mots de la poésie, est un pari d'autant plus important que bizarrement : faire du vélo, ça s'apprend ! Le vélo c'est bien, mais s'il faut que ça devienne le mode majeur de déplacement dans nos villes, il faudra, sans jeu de mot redéfinir : le cadre de son utilisation et même sa définition...Et hélas encore une fois : changer l'humain, trop humain...