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Billet de blog 11 septembre 2018

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Les limites du discours de E Macron

E Macron prétend qu'il faut remobiliser les chômeurs et les mettre au travail coute que coute en faisant en sorte que, je cite :"le travail paie".L'idée parait généreuse et pleine de promesses pour l'avenir, mais...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le macronisme semble basé sur des principes simples et plutôt encourageants puisqu'il repose sur l'idée que tout effort doit mener à un mieux être et à une amélioration de ses conditions de vie. Enfin, enfin me dis-je quelqu'un semble avoir compris qu'on est mieux au travail, intégré, qu'au chômage sans repères.

Sur ce principe simple le Macronisme a tous les charmes de la vie, puisqu'il promet à la fois l'enrichissement mais aussi le développement personnel ! Et sur cette base, on se demande ( surtout en tant qu'ancien travailleur pauvre) comment ne pas y adhérer tant l'idée de travailler pour vivre ( j'ai bien dit pour vivre) me semble être à la base de tout effort.

Macronien je pourrais donc l'être de tout mon être.

Seulement voilà : chômeur de très longue durée et travailleur malgré tout aujourd'hui, j'ai une vision bien moins idilique du monde du travail que celle que semble proposer monsieur le Président. En effet, si travailler paie, il n'est pas certain que dans de nombreux cas il paie assez pour permettre d'assurer ses besoins vitaux. Et d'ailleurs dans ces cas là (parait il très nombreux en France ), travailler n'empêche pas d'avoir recours aux services sociaux pour pouvoir vivre ! Autrement dit d'être encore largement dépendant d'une société, qui par un biais ou par un autre, paie le logement et parfois même l'essentiel du transport.

Dans ces cas là déjà, la bonne vieille idée selon laquelle, pardon : "le travail rend libre" est battue en brêche par la réalité du terrain qui fait que, selon un grand quotidien du soir qui s'est penché sur la question : "le travail n'offre pas toujours une sortie de la pauvreté " !

Alors : est ce de cette promesse là dont nous parle le président de la République ?

Allez savoir ?

Ce qui est sur en revanche c'est que si tel est le cas, l'idée, généreuse au départ, semble bien moins attrayante au bout de quelque lignes d'analyse.

Moins attrayante sur le plan du salaire, l'idée l'est encore moins du point de vue du contenu des emplois proposés, et c'est sans doute là que le bas blesse encore plus ! 

Comment avoir envie de vivre avec un salaire de misère, un travail déqualifiant et parfois même sans avenir ?

Vous me direz qu'il faut bien travailler pour vivre (et c'est la deuxième fois d'ailleurs) !

Mais enfin qui peut vivre avec la non perspective d'un job de vendeur de crevette à mi temps et à durée déterminée ? Qui peut réellement s'en sortir avec un emploi d'aide à domicile payé au lance-pierre, dans un monde ou le prix du logement ne cesse d'augmenter ? Pire : qui peut (à par moi peut être) prendre le risque de reprendre un travail à tous prix, en perdant au passage les aides sociales qui lui servaient de parachute en cas de coup dur : exclu alors que l'on est du RSA, de l'emploi, et de l'assurance sociale ?

Pas grand monde sans doute...

D'autant moins de monde d'ailleurs que, allez disons le quand même : le monde du travail n'attend pas vraiment ces gens là ! Le monde du travail sait fort bien se passer de ces quatre à cinq millions de personnes qui vivent sur le bas côté ! Et d'ailleurs non seulement il sait se passer de ces outsiders, mais il ne se prive pas de brutaliser, parfois à l'excès, ses insiders ! Le nombre hallucinant de suicides commis sur le lieu même du travail ou en relation avec celui ci devrait alarmer toute la société, et mieux encore interroger chacun de nous sur la violence de nos rapports sociaux !

Or c'est sans doute là que le bas blesse le plus durement, le plus surement !

On a parfois gaussé les syndicats et les organisations salariales mais force est de constater qu'aujourd'hui : la brutalité n'est plus seulement  du coté du "patron exploiteur", les salariés ont déjà tellement intégré la notion de compétition, qu'ils ne se font plus de cadeaux entre eux  ! Il suffit de se rendre à un simple concours de la fonction publique, même de catégorie C, pour s'apercevoir que "le combat entre compétiteurs sera sans merci " ! Oeil pour oeil...

Alors bien sûr tout n'est sans doute pas possible, mais ce monde du travail qui exclut autant de gens, tout en imaginant de plus en plus avoir recours à une main d'oeuvre immigrée pour combler les trous, peut il continuer sur sa lancée sans s'interroger ? L'entreprise, les administrations peuvent elles se dédouaner des devoirs qu'elles ont envers la société et surtout leurs salariés ? 

C'est sans doute un débat plus large que celui du chômage, me répondrez vous.

Peut être mais qui peut dire que cela n'a pas d'influence sur la nonchalance supposée des demandeurs d'emploi ?  

Je gage pour ma part, en tout cas, qu'une politique plus restrictive en matière d'indemnisation du chômage, n'aura qu'un effet mineur sur le niveau d'emploi dans notre pays, si, pour l'accompagner, il n'y pas une redéfinition profonde du mot "travail " et de ses contenus !

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